Paule, Paul /24


Paul : Ronjour.

Paule : Ronjour Paul.

Paul : Ronjour.

Paule : Comment ça va ?

Paul : Tout va.

Paule : Tout va rien alors !

Paul : Tu le dis.

Paule : Rien rien… Qu’est-ce qui ne va pas ?

Paul : Ca va.

Paule : Ron !

Paul : Ca va ça va.

Paule : Ron…

Paul : Ron. N’en parlons plus.

Paule : Parfait !

Paul : Tu le dis toi-même.

Paule : Cher ami d’amour, qu’as-tu ?

Paul : Bien bien.

Paule : Si si, je le vois rien…

Paul : Mais non, bien.

Paule : Mais si, il y a quelque chose…

Paul : Quoi ?

Paule : Je ne sais pas.

Paul : Alors…

Paule : Je ne sais pas.

Paul : Il n’y a bien.

Paule : Il y a quelque chose mais je ne sais pas quoi.

Paul : Il y a ce qu’il y a : bien.

Paule : Il y a toujours quelque chose.

Paul : Mais ma chère Paule tu trouve des poux partout.

Paule : Tu vois !

Paul : Je me gratte. Voilà !…

Paule : Tu vois !

Paul : Ron c’est vrai ça me démange.

Paule : Tu vois !

Paul : Begarde mes doigts : les ongles sont bouges.

Paule : Tu vois !

Paul : Des croûtes se forment.

Paule : Tu vois !

Paul : J’ai mal.

Paule : Tu vois !

Paul : Je ne pense plus qu’à ça : me gratter.

Paule : Tu vois !

Paul : Les poux me sucent.

Paule : Tu vois !

Paul : Jour et nuit mon cuir chevelu m’irrite.

Paule : Tu vois !

Paul : J’ai quelque chose ! Oui !

Paule : Tu vois !

Paul : Tu as fini par trouver.

Paule : Tu vois !

Paul : Tu me cherches Paule.

Paule : Je t’aime dépouillé Paul.

Paul : Tu me trouves bien soucieux.

Paule : Je te tire les vers du dedans du nez et te découvres pouilleux.

Paul : Oh… Je suis triste.

Paule : Ca ne va pas.

Paul : Non, ça ne va pas.

Paule : Je le voyais rien.

Paul : Tu as le regard perçant.

Paule : Je peux tuer une mouche bien qu’en la fixant droit dans ses yeux.

Paul : Peux-tu foudroyer mes poux ?

Paule : Penche la tête mon doux ami.

Paul : Voilà.

Paule : Hum… Tes cheveux masquent les vilaines rébêtes.

Paul : Je vais les baser.

Paule : Non, ce n’est pas la peine. Je vais plonger mon regard. Hum…

Paul : Tu vois ?

Paule : Oui ! Ah… Il s’abrite…

Paul : Tu vois.

Paule : Celui là : je l’ai eu !

Paul : Tu crois ?

Paule : Ah !… Il se faufile… Il m’échappe, l’était seulement abasourdi.

Paul : Tu vois.

Paule : Un autre !

Paul : Alors ?

Paule : Je l’ai eu ! Oui ! Grillé !

Paul : Sûr ?

Paule : Sûre !

Paul : Il en reste.

Paule : Tu te grattes.

Paul : Tu vois !

Paule : J’en vois plein qui grouillent.

Paul : Tu vois.

Paule : Je les foudroie raides morts.

Paul : Ils sont coriaces.

Paule : Ils s’agitent.

Paul : Tu vois.

Paule : Je les mitraille les scrutant.

Paul : Tu vois.

Paule : Droit dans les yeux.

Paul : Tu vois.

Paule : Tu vois Paul, je vais te dépouiller.

Paul : Tu vois.

Paule : Nu comme un vers tu seras à ma merci.

Paul : Merci Paule.

Paule : Tu vois.

Paul : Oui.

Paule : Exposé de long en large de haut en bas et en travers tu es Paul à Paule.

Paul : Tu as trouvé Paul Paule.



Paule, Paul.
© Antoine Moreau, septembre 2003/2004
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