Paule, Paul /16


Paule : Paul...

Paul : Oui Paule...

Paule : Je ne pensais pas te trouver ici à cette heure.

Paul : Mais moi non plus. Je suis là comme par hasard.

Paule : Comme tout le monde.

Paul : Oui, comme tout le monde.

Paule : Ce n’est pas par hasard si tu es là Paul.

Paul : Non, j'y suis là comme par hasard. C'est comme si, c'est tout comme.

Paule : Comme tout le monde.

Paul : Où pourrais-je être autre part qu’ici ? Qui serais-je ailleurs ? Pourquoi es-tu chère et douce ici avec moi aujourd'hui à cet instant là ? Qui es-tu là ?

Paule : Ce n'est pas le fruit du hasard.

Paul : C’est ce qui est. Ce qui est est. Hé!...

Paule : Hé ! C’est juste. Trop juste pour être juste. Un peu juste, non ?

Paul : Ah mais ! Justifié ce qui arrive justement. Inch Allah !…

Paule : Oh là là… Ainsi donc ainsi soit-il ?…

Paul : Mais… Qu’est-ce qui est ?…

Paule : Attend attends... Je prends ma tête entre mes mains. Qu’est-ce qui est qu’est-ce qui est qu’est-ce…

Paul : Justement tout n'est pas justement. Tout ce qui arrive n'est pas. Tout n’est pas juste. Loin de là, l’injuste est là.

Paule : Tout n’est pas juste, soit !... Mais qu’arrive-t-il de juste, justement ? Qu'est-ce qui est ? Qu'est-ce qui peut être est ?

Paul : Juste peut être.

Paule : Peut-être peut-être… Un ajustement (hé !) à ce qui est. Y être en rapport et en mesure d’Y être. Peut-être peut-être… Ma tête ma tête…

Paul : Mais j’y suis ! Il y a du monde, regarde !... Tout ce monde au monde c’est ce qu’il y a c’est ce qui est.

Paule : Juste personne, il n’y a personnes.

Paul : Il y a foule, le peuple y est !

Paule : Mais personne n’y est pour personne.

Paul : Qui y est alors ?

Paule : Pour qu’il y ait personnes il faudrait qu’elles soient au monde ce que le monde est justement.

Paul : …

Paule : Hé !…

Paul : Cela n’existe pas. Ce serait un autre monde…

Paule : Je l'imagine doux ami.

Paul : Ha... Le fruit de l'imagination...

Paule : Fruit de la passion !...

Paul : Salade de fruits, jolis jolis...

Paule : Salade de fruits, jolie jolie...

Paul : Tu plais à mon…

Paule : Tu plais à ma…

Paul : Stoppons là les salades, l'imagination a emprise sur nos personnes. Les images engagent la lutte contre nous-même.

Paule : L'imagination au pouvoir soumet nos corps à l'irréel vraiment.

Paul : C'est un pouvoir passionnant qui domine et les actions et les pensées (hé !).

Paule : Les fruits de l’imagination prennent racines dans le non-être.

Paul : Mais chère amie aimable, tu le sais bien, nous ne sommes pas toujours, nous ne sommes pas. Toujours.

Paule : A dire vrai peut-être nous ne sommes jamais c'est bien pourquoi nous parlons au jour le jour.

Paul : Et créons nom de nom.

Paule : Et dansons ensemble sur le pont d’à côté.

Paul : Comment faire autrement ?

Paule : Allez !… Dégustons les fruits ! Allez allez ! Pas de salades !...

Paul : Les choisir excellents. Multiplier les arbres fruitiers et ainsi partager les pouvoirs !

Paule : Diviser le pouvoir de l'imagination et par là multiplier les imaginations !

Paul : Ah !... L'imagination va pouvoir, être réel est sa réalité.

Paule : Et quel monde alors !...

Paul : Des mondes communicants.

Paule : Des pouvoirs d'imaginer d'autres pouvoirs en puissance.

Paul : Des pouvoirs d'imaginer d'autres pouvoirs d'imaginer d'autres pouvoirs d'imaginer... Quelle puissance !…

Paule : Et ainsi de suite, l'imagination n'est pas au pouvoir, l'imagination n'a pas le pouvoir, l'imagination est pouvoir.

Paul : Ainsi, imaginer un autre monde au pouvoir c'est se le jouer en représentation bien séparée du monde tel qu’il est là puissant.

Paule : L'autre monde possible est un théâtre clos qui manifeste une certaine impuissance.

Paul : Enclos ma douce amie, ce lieu rêvé qui se joue de nous. D’ailleurs ailleurs c’est bien là que nous allons nous faire voir. Allez vous faire voir ailleurs est le lieu réel de ce monde autrement possible.

Paule : Allez !… Comme tu y vas…

Paul : Non non… Je suis là justement. Un autre monde est possible dans la clôture, scène bordée.

Paule : Mais tu n’y es pas mon ami !…

Paul : Non non, je n’y suis pas, suis au monde là dit donc, il n’est pas possible, il est ce qu’il est. Impossible c’est ce qu’il est hein.

Paule : Si je te suis bien : l’autre monde rêvé est l’impossible de l’impossible ?

Paul : Mais oui mais oui !… C’est un gouffre le monde là. Il vide. Il est aspirant. Sommes visés, vidés, virés de tout bords. L’autre monde imaginé c’est du vide sur du vide, le vent souffle.

Paule : Mais n’aspirons-nous pas nous là à un autre monde de toutes les façons possibles. N’est-ce pas ce qui se joue sur les scènes oxygénées?

Paul : Expire chère Paule ! Expire !… Vide toi. Libère tes poumons d’air et respire. Respire et joue.

Paule : Si un autre monde n’est pas possible parce que c’est justement l’impossible de l’impossible, qu’est-ce qui est possible ?

Paul : Le lieu où rien d'autre n'a lieu que notre amour.

Paule : Ah !… Aaaah… Suis touchée au cœur du noyau. Mes joues rosissent… Quel est ce lieu cher ami de mes yeux ?

Paul : Ce qui a lieu en lieu et place de tout territoire.

Paule : Ah !… Tu me transportes ami cher. Je lis dans tes yeux.

Paul : D’ailleurs c’est là.

Paule : C’est… C’est… C’est…

Paul : C’est !

Paule : Ah !…

Paul : C’est…

Paule : Ah… Tu as le dernier mot Paul, celui qui cloue le bec… J’ouvre ma bouche. Ma langue est là muette.

Paul : Embrassons-nous. C’est…

Paule : C’est…

Paul : C’est.

Paule : C’est.

Paul : …

Paule : …

Paul : …

Paule : …



Paule, Paul.
© Antoine Moreau, septembre 2003/2004
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