Paule, Paul /4


Paul : Non ?

Paule : Si !

Paul : Non !

Paule : Mais si !

Paul : Mais oui ! C'est bien toi !

Paule : Mais oui !...

Paul : Ah !...

Paule : Ah !...

Paul : Ah ah ah !...

Paule : Ah ah ah !...

Paul : Mais qu'est-ce que tu fais là ?

Paule : Et toi ?

Paul : Moi ?

Paule : Oui !

Paul : Pourquoi moi ?

Paule : Mais n'est-ce pas toi ?

Paul : Mais si mais si mais quand même...

Paule : Bon bon bon. Alors ?... Que fais-tu là ?

Paul : Là ?

Paule : Oui qu'est-ce que tu fais oui ?

Paul : Et bien ne le vois-tu pas ? Je me promène.

Paule : Oui mon cher et doux ami, je le vois...

Paul : Et toi, que fais-tu ?

Paule : Ne le vois-tu pas ? Je me promène.

Paul : Ah ! Toi aussi ! Tu vois...

Paule : Que vois-je ?...

Paul : Nous nous promenons.

Paule : Oui oui ! Nous nous ! Et… Où allais-tu ?

Paul : Nulle part, je me promenais. Et toi, chère et superbe amie, où allais-tu ?

Paule : Mais j'y allais ! Nulle autre part justement. Ah !… Nos yeux se croisent, nos pas…

Paul : Je t'accompagne ?

Paule : Nos pas s’emboîtent, avec plaisir ! Nous irons ensemble dans la direction même.

Paul : Allons-y ! Faire un bout de chemin avec toi, parfumée compagne, est un bonheur que j'aime.

Paule : Me balader en ta compagnie, doux ami, est un bonheur que j'aime.

Paul : Nos pas nous mènent.

Paule : L'air est doux et tes paroles tintent.

Paul : Ta voix, chère Paule, me caresse le fin fond des oreilles.

Paule : Huuum… Et là ? Où allons nous ? A droite ? A gauche ? Tout droit ?

Paul : Ma foi... Je n'en sais rien. De quel côté penchent les pieds ?

Paule : A droite.

Paul : Allons à gauche !

Paule : Ah ah ah !...

Paul : Ah ah ah !...

Paule : Comme tu fais bien...

Paul : Mais rien du tout, je t'accompagne.

Paule : Ah par exemple ! Nous voilà en haut des...

Paul : Marches ! N'es-tu pas essoufflée un petit peu ?

Paule : Mais oui... Laisse-moi m'asseoir.

Paul : A ta guise chère amie. Je pose mon derrière près de toi, j'ai aussi besoin de souffler.

Paule : Reprenons souffle !

Paul : Oui ! J'ai le coeur qui bat.

Paule : Oooh Paul, moi aussi mon coeur bat.

Paul : Nos coeurs battent.

Paule : Je prends, toute la mesure, là, en haut, de cet escalier, de ton amour.

Paul : Je respire à tes côtés Paule. Mes poumons se libèrent.

Paule : Mon foie est transparent, il me procure une joie limpide qui coule dans mes veines.

Paul : Mes reins rigolent.

Paule : Mes seins sigolent.

Paul : Mes mains...

Paule : Mes mains...

Paul : Donnons nous la main et continuons notre chemin.

Paule : Avec joie, Paul d'amour.

Paul : Paule d'amour, ta joie est la mienne.

Paule : Paul.

Paul : Paule.

Paule : Ma joie se mêle.

Paul : Ma joie se mêle.

Paule : A la tienne !

Paul : A la tienne !

Paule : A la nôtre !

Paul : Santé !

Paule : Nos joies mêlées débordent.

Paul : Suons, suons !

Paule : Dégoulinons de la peau.

Paul : Je suis en nage.

Paule : Apnée moi !

Paul : Je plonge chère trempée !

Paule : Rejoins-moi là.

Paul : L’eau est tiède, c’est le vomissement de Dieu.

Paule : L’air est frais et la terre brûlante.

Paul : Nous sommes sur un volcan, la boule de feu au centre.

Paule : Tout va brûler. Dansons dansons !

Paul : C’est le feu, c’est le feu !

Paule : J’embrase !

Paul : Embrase moi !

Paule : Embrasons nous, ami cher brûlant.

Paul : Feu !

Paule : Aaaah… Je ne sais plus si je suis encore vivante. Feu toi-même !

Paul : Aaaah… Je feu.

Paule : Feu Paul.

Paul : Feu Paule.

Paule : Où sommes nous ?

Paul : Mais toujours là, dans quel état…

Paule : Paul ?…

Paul : Oui ?…

Paule : Que vois-tu à la surface ?

Paul : Je vois des braises, des cendres, des feux follets et des animaux qui se chauffent.

Paule : Marcel !…

Paul : Marcelle !…

Paule : Ne veux-tu pas continuer à marcher ?

Paul : Oui. Où tes pieds te portent-ils ?

Paule : Hum… A gauche.

Paul : Allons à droite.

Paule : Bien vu ! Ainsi nous ne tournerons pas en rond.

Paul : Sans doute allons nous découvrir quelque chose d’inconnu.

Paule : Sûrement. J’allais me découvrir. Mon couvre-chef me pèse un peu là.

Paul : Mais il te va très bien, au vent le voile t’emporte.

Paule : Je me découvre cher et tendre ami de toujours. Comment me trouves-tu ?

Paul : Je ne t’ai jamais perdu de vue, tu le sais Paule. Et ton crâne où poussent ces cheveux rasés me fait chavirer. Je peux toucher ?

Paule : Caresse caresse !…

Paul : Ooooh… Comme c’est doux et dru à la fois.

Paule : Puis-je caresser tes cheveux longs et denses à mon tour ?

Paul : Avec plaisir Paule.

Paule : Comme c’est doux et fin.

Paul : Le soleil est à son zénith.

Paule : J’ai vu passer des nuages blancs dans le ciel bleu.

Paul : Je vois des passants et des voitures.

Paule : Il y a un endroit aéré là-bas.

Paul : Allons-y, nous nous allongerons dans l’herbe.

Paule : Oui, ce sera bien.

Paul : Oui.



Paule, Paul.
© Antoine Moreau, septembre 2003/2004
Copyleft : cette oeuvre est libre, vous pouvez la redistribuer et/ou la modifier selon les termes de la Licence Art Libre. Vous trouverez un exemplaire de cette Licence sur le site Copyleft Attitude http://artlibre.org ainsi que sur d'autres sites.