Paule, Paul /27

Paul : Paule ?

Paule : Paul ?

Paul : .--. . -. ... . ... -tu ?

Paule : A quoi je .--. . -. ... . ?

Paul : Non... .--. . -. ... . ... -tu !

Paule : Tu parles...

Paul : Je te pose une question ma chérie.

Paule : Laquelle ?

Paul : .--. . -. ... . ... -tu ?

Paule : Je ne sais pas.

Paul : Tu ne sais pas ?

Paule : Je ne sais pas, je sens.

Paul : Tu sens quoi ?

Paule : Snif snif, ne me fais pas pleurer mon amour...

Paul : Loin de moi l'idée...

Paule : L'idée Paul ?

Paul : N'en ai pas la moindre.

Paule : Je le sens.

Paul : Mais enfin ! Que se passe-t-il ?

Paule : Je suis dans un état...

Paul : Ne m'en parle pas.

Paule : Que te dire d'autre ?

Paul : Je ne sais pas.

Paule : Suis pas en état là de...

Paul : Peut-être as-tu besoin de repos ?

Paule : Plus je dors plus je dors et plus je dors plus je dors, m'en sors pas.

Paul : C'est un cercle, ce devrait être un cycle.

Paule : En ligne à la queue leu leu suis dans le concentrique.

Paul : C'est la connectique !...

Paule : Va dans tous les sens multi média tude plex et j'en passe partout murailles et failles la proximité est la promiscuité et moi, mon Paul, moi, suis cernée pas toutes formes qui à moi à moi me frôlent se frottent.

Paul : Tu n'as plus d'espace tu n'as plus de temps.

Paule : Je suis moi pour mon prochain toute autre.

Paul : A ce point proche ma douce qu'il t'est dans la peau l'autre là.

Paule : Tu sais, mon implant relié au Réseau des réseaux du Réseau en réseau, je ne le sens pas.

Paul : Tu n'y .--. . -. ... . ... pas ?

Paule : Non.

Paul : Tu ne .--. . -. ... . ... pas ?

Paule : Si...

Paul : Tu n'en es pas sûre...

Paule : Comment savoir ?

Paul : Ce que .--. . -. ... . .-. veut dire ?

Paule : Ce que .--. . -. ... . .-. fait dire.

Paul : Comment le savoir ?

Paule : C'est écrit quelque part, un robot : va chercher ! Et rapporte l'os à ronger.

Paul : Operating System !

Paule : Oh oh l'opération au coeur du noyau, la moelle à sucer.

Paul : La moelle fait l'os comme le vide le pot.

Paule : Je le .--. . -. ... . , oui.

Paul: Tu vois. Tu .--. . -. ... . ... .

Paule : Je ventre mon ami, je ventre...

Paul : Souffle dans l'os sucé tu en sortiras un son.

Paule : J'ai les vents qui me traversent me sortent par tous les holes.

Paul : Holà Phole ! Tu musiques !...

Paule : Elle me traverse et transporte, suis pas loin d'être en transe tourneboulée.

Paul : Traverse la porte, chère trouée !...

Paule : J'y suis, hors.

Paul : Alors ? Que .--. . -. ... . ... -tu ?

Paule : Cette question est déplacée, tu le sais, tu devrais le savoir.

Paul : Il n'y a pas de .--. . -. ... . . qui vive, sauf les vivaces aux couleurs vives. La .--. . -. ... . . est chose morte, soulevée par les vers.

Paule : Le cadavre bouge toujours, il n'y a rien qui soit aussi vivace. La décomposition est une méta-fleur. Paul !

Paul : Paule ?

Paule : Tu n'es pas horrifié j'espère.

Paul : Non non. Tout ça est su depuis tous les temps. C'est d'un cru, je te l'accorde.

Paule : Tu sais, au diapason je suis. C'est trop peu de le dire, il faut l'entendre.

Paul : Je te prête mon oreille.

Paule : Garde là pour ta gouverne. Écoute !...

Paul : ...

Paule : Tu entends ?

Paul : ...

Paule : Oui ?...

Paul : J'écoute. Chut...

Paule : ...

Paul : Il me semble entendre de travers.

Paule : Tu entraves à l'envers.

Paul : Je .--. . -. ... . à des travers de porc grillés au barbecue.

Paule : Tu rêves !...

Paul : Avec du riz gluant à souhait et une sauce piquante très forte.

Paule : huuummm... Paul... L'eau me vient à la bouche.

Paul : J'entends le petit ruisseau. Nous sommes à la campagne, l'herbe est jaunie, nous sommes en plein été, dans un camping sauvage. Nos amis sont là, un verre à la main, c'est l'apéro sous le soleil. Tout le monde papote. Il y a des éclats de rire. La sueur perle sur les peaux.

Paule : Attends la grand'eau !... Elle viendra te soulever raz de marée. Au port, tu feras un tour. Tu n'auras pas le temps, c'est le temps qui t'aura : tu n'en manqueras pas.

Paul : J'entends la pluie tomber. Je goûte, bouche ouverte, l'eau fraîche. L'arc en ciel est bandé. Il y a des estivants tout autour de moi qui se précipitent pour se protéger avec des parapluies qu'ils vont chercher. Nous ne savons pas où nous allons alors.

Paule : Les braises crépitent sous la pluie fine.

Paul : J'entends.

Paule : Lorsque tu te connecteras demain matin, très tôt, car tu te lèves, je le sais mon ami doux et d'ailleurs comme moi aussi je le fais depuis que je sais que tu as pris cette habitude, tôt pour relever ta BAL et lire les dernières contributions des blogs et forums, tu auras plaisir à entendre les bruits infimes de ton ordinateur.

Paul : Ne m'en parle pas ! Il a récemment fait un clac-clac inquiétant. Le disque dur. La sueur m'est coulé dans le dos. Glacée.

Paule : Brrrr...

Paul : J'étais sur la banquise. Cerné par manchots muets. Le sol se dérobait et des vautours tournaient. J'étais seul soudain. Le clac-clac. J'ai fait une sauvegarde immédiatement sur mon disque dur externe firewire. Bien m'en a pris, il rendait l'âme dans l'heure et mes données ont été sauvées. J'ai pu rebooter comme su un sou neuf.

Paule : Ouf.. Tu as eu chaud.

Paul : Tu peux le dire. J'embarquais sur le Brise-glace et me servais à bord un pastis. Je continuais mon chemin à travers.

Paule : Tu m'envoyais un courrier, je m'en souviens.

Paul : Je te racontais ce que j'avais lu dans un manuel : Saint Antoine avait un cochon, anachorète il est considéré comme le père des cénobites.

Paule : N'y a-t-il pas là contradiction ?

Paul : Dans le désert, les vases communiquent.

Paule : Ooh oh... L'entend des voix oui.

Paul : Cochon qui s'en dédit si le silence ne bruit pas !

Paule : Tu ne sais pas ce que tu...

Paul : Dit !...

Paule : Hé !...

Paul : Groin groin...

Paule : La paix !...

Paul : Groin...

Paule : Ooooh...

Paul : Oin...

Paul : Je ne comprends pas.

Paule : ...

Paul : Écoute.

Paule : ...

Paul : Il me semble entendre des travers.

Paule : Ta gorge est-elle sèche ?

Paul : Je .--. . -. ... . à la régalade, à boire jusqu'à plus soif au bord de la cascade.

Paule : Tu n'y .--. . -. ... . ... pas !...

Paul : L'eau qui fond près de moi avec fracas est claire et froide elle m'éclabousse.

Paule : huuummm... Paul... L'eau me vient à la bouche.

Paul : J'entends le grondement de l'eau. Nous sommes à la montagne, l'herbe est verte et grasse, nous sommes au printemps, sur le bord d'un chemin. Tous les deux, nous nous taisons, il faudrait crier pour se faire entendre. Le soleil transparaît à travers les arbres épais. Il fait plutôt frais à l'ombre et le ciel est bleu. Boucan d'enfer. Je resterais des heures pris par le fond sonore de la chute d'eau.

Paule : Attends l'été !... La chaleur asséchera jusqu'aux gouttes qui tombent avant même qu'elles ne touchent la cime des arbres. Viendra le sable qui tombera comme poussière. Tu iras à la plage te baigner. Tu aura soif. Les secours arriveront arroser les foules. Tu en seras. Le désert croit.

Paul : J'entends la pluie tomber sur les feuilles. Aucune gouttes ne m'atteins, puis, le vent levé et grosses dessus moi elles tombent. Tu ris ! Tu éclates ! Tu me gagnes. Nous sommes pris de vertige et nous roulons dans la boue.

Paule : ...

Paul : A quoi .--. . -. ... . ... -tu ?





Antoine Moreau, 03/09/2005
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