Catalogue de l'Exposition mode d'emploi n°1

mercredi 8 mars 2006 [16:57:43]


Eriko Momotani, Exposition Mode d’Emploi n°1, le 14 Mai 1997.

[Note] : Cinq dessins sur trois feuilles : la rosace Nord de N-D, la facade de N-D (avec trois corps et une tête), le plan, vu de dessus de N-D, les armoiries de la Place de l’Hôtel de Ville et un bâteau stylisé.

J’ai vu l’exposition deux fois, la première fois avec Antoine et la deuxième fois toute seule. La deuxième visite a duré longtemps, un peu plus que deux heures, parce que je suis tombée sur une messe à Notre-Dame qui a duré à peu près une heure.

C’est la première fois que j’ai vu les armoiries et le point zéro des routes de France, alors que ça fait deux ans et quatre mois que j’habite dans le quartier. En fait, les deux devaient être toujours dans le champ de ma vision chaque fois que je suis passée devant l’Hôtel de Ville et Notre-Dame jusqu’à maintenant, mais je les ignorais, (peut-être que parce que je ne suis pas française) et c’est drôle d’apprendre que je marchais sur les symboles du pouvoir sans savoir et «voir». Ils sont inscrits sur les pierres tellement discrètement (surtout par rapport à l’aspect décoratif des architectures de l’Hôtel de Ville et de Notre-Dame), ce qui pourrait être cohérent aux modalités du pouvoir.

Dans un lieu d’exposition, on voit normalement les murs et espace vides entre deux travaux (ou on ne voit pas). Dans l’expo de Antoine, le ciel est le plafond de la «salle» d’exposition et ce qui constitue les murs et espace sont les immeubles, les rues, les voitures, les passants, les arbres et la Seine et tout et tout. La visite peut-être «interrompue», si le feu est rouge. Je m’arrêtais des fois, surtout pendant la deuxième visite, chaque fois que certains de ces «murs et plafonds» infinis de l’exposition ont attiré mon attention. Etre attirée par les murs de l’espace d’exposition... Peut-on dire que j’étais dispersée? En m’arrêtant devant un magasin de souvenirs plein de gadgets un peu nuls, j’ai demandé à Antoine : «Mais, qui achète tout ça!?». La rue est débordée de ce type de magasins, et «tout ça» Hagen Datz pourraient être considérés, dans un sens, avoir un même poids que les deux symboles (aux caractères politiques) que j’ai cité tout à l’heure et qui sont éléments de l’exposition.

Alors, en terme de «murs» et de «plafond», c’est autre chose quand on entre dans la Cathédrale de Notre-Dame. Evidemment, il y en a dans le café «Le Carrefour» et le BHV, ces deux ne peuvent pas exister sans ceux-ci, (tiens, je saute un peu, mais le fameux porte bouteilles n’est pas appelé ainsi par les vendeurs, la nommination de l’objet (d’«art») avait une certaine signification?) (d’ailleurs, je trouve que tous les éléments indiqués dans le Mode d’Emploi ont vraiment des caractéristiques françaises). Mais, ce n’est pas pareil, Notre-Dame et ces deux endroits. Dans cette cathédrale, les murs et plafond ont pour but d’évoquer un espace infini, alors qu’ils sont vraiment finis par rapport à ceux de l’extérieur qui sont infinis à l’«intérieur» de l’«espace» d’exposition. J’ai trouvé l’aspect «infini» de l’espace «fini» de la cathédrale tellement fort que je me suis posée une question un peu débile tout en pensant que cet espace fait parti de l’exposition «chez moi» : combien d’appartements de 20 mètres carrés comme le mien on peut faire entrer et installer dans cette cathédrale?

Pendant la messe sur laquelle je suis tombée par hasard, les petits bruits des pas de touristes ont disparu peu à peu. Je songeais à la combinaison et le choix des couleurs magnifiques des rosaces et des vitraux et les observais en écoutant les chants. Que symbolisent ces couleurs? J’étais assise sur une chaise calmement. Aussitôt, j’ai remarqué une chose. L’homme qui était assis devant moi à sorti de la poche intérieur de sa veste, une brochure rouge de ... Revues Parlées de Beaubourg (si j’étais française, je me serais dit : «Mon Dieu!»). Ca m’a semblé étrange de voir cela en plein milieu de la messe. En plus, il faisait des notes, je ne sais pas quoi ou Dieu le sait, sur des pages de cette brochure.

La messe a duré pendant une heure, c’était silencieux après. Quand je suis sortie de la cathédrale, les carillons ont commencé à sonner. Je me suis mise les deux pieds sur le point zéro. C’était le moment le plus enchantant pendant la première visite avec Antoine, je fermais les yeux aussi longtemps que j’ai voulu, parce que sa présence à coté de moi était rassurante. Curieusement, j’ai senti que les bruits de voitures ont perdu de leur agressivité et se sont transformés en une musique symphonique. C’était vraiment merveilleux. Y-a-t-il une espèce d’ondes bénéfiques ici, c’est grâce à Notre-Dame ou quoi? J’ai dit à Antoine qu’on le dirait. Il m’a fait remarqué qu’il y a du vent frais et agréable aussi.




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Ghislain Mollet Viéville, Exposition Mode d’Emploi n°1, le 14 Mai 1997.

Sans littérature je commente mon parcours. Au café le Carrefour : plein de copains mais le barman annoncé est une barmaid (grosse et plutôt moche) je ne me suis donc pas attardé et me suis rendu directement au BHV.
Cela faisait longtemps que je désirais m’enquérir du prix des porte-bouteilles d’aujourd’hui. Ma déception fût grande lorsque je me vis présenter un objet de plastique n’ayant plus rien à voir avec le «hérisson» attendu et dont le prix raisonnable autour de 100 F ne m’incitais toutefois nullement à vouloir m’y intéresser. Je m’informais alors auprès de la vendeuse (très aimable) de l’existence d’un autre ustensile. Au fond, dans un coin sombre m’apparût alors l’objet des rêves de tout caviste distingué. Assez proche du célèbre ready-made mais en plus élègant encore attendait là l’objet tel que je me l’étais imaginé. Son prix autour de 400 F me conforta dans le plaisir que j’ai d’avoir dans mes réserves un vieux et rouillé engin de cette espèce.
Place de l’Hôtel de Ville je me rendis ensuite vers les armoiries au centre de la place. Y jeter un oeil ne m’a pas laissé le temps de trouver maintenant un commentaire à en faire.

Il fait beau je suis heureux de me balader jusqu’à Notre-Dame. Là il y a trop de touristes pour le recueillement. Dans le groupe de jeunes qui me précèdent un garçon s’adresse à son copain en lui disant : «Mais Simon qu’est-ce que tu fais là? C’est la première fois que tu rentres dans une église!» A ces mots le copain se mît à pâlir et comme touché par une foi que ses parents ne sauraient/pourraient approuver se dirigea vers la sortie. Moi aussi je sortis pour repérer le «point zéro des routes de France» et installé en son centre m’imaginais à une place privilégiée où convergeaient toutes les attentions des automobilistes pressés d’arriver à bon port!
Flémard je n’ai pas voulu rallonger ma route en prenant un chemin différent de celui de l’aller. Tout s’est très bien passé; j’ai parcouru une de mes meilleures expositions de l’année... sans penser à l’art!!




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Mami Yoshikawa, Exposition Mode d’Emploi n°1, le 14 Mai 1997.

[Note] : Un graphique, cercle avec lettres et flêches.

M Chez Momotani au 5ème étage. Elle était là. C’est chez elle.

C Au café quelques personnes.

B Au BHV il y avait du monde et des choses au sous-sol.

H A l’Hôtel de Ville le signe de Paris au sol pour les parisiens.

N A Notre-Dame de Paris le point zéro pour la France.


p.s. Cela dit, on n’était pas très fidèles à ce que l’artiste demande.




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Ryuta Amae, Exposition Mode d’Emploi n°1, le 14 Mai 1997.

Une chose que je pense de plus en plus, en ce moment, c’est que l’Art c’est finalement l’apparence : c’est l’apparence qui définit sa qualité. J’ai vu le porte-bouteilles de Marcel Duchamp. Les lumières de Boltanski, ... et tas d’autres choses très belles. Bien sûr, les bougies de N.D. n’ont pas été faites par Boltanski, et N.D. n’a guère l’intention d’imiter Boltanski. Simplement cela porte la même esthétique que le travail de Boltanski. Voilà c’est l’esthétique, c’est l’esthétique de l’apparence qui défini le contenu. Le porte-bouteilles du BHV portait la même esthétique que celui de Marcel Duchamp (bien sûr, c’est le même) et c’était aussi beau. Encore une fois, c’est son apparence qui me touchait au coeur, non pas le contenu. Ce ne sont pas des idées, des pensées qui me touchaient. L’esthétique : il me semble que c’est le but (contenu) même du Ready-made. Le Ready-made révéle la propriété latente des Objets, c’est à dire l’esthétique. L’esthétique, la propriété latente, est le fondement de ce monde et sans cela la justesse n’existe pas. Cela n’en tire que la fausse justesse et le faux monde, Oui! Maintenant j’en suis sûr, c’est ce qui va sauver ce monde, ce monde de faux, le monde de faux porte-bouteilles qui ne sait que porter les bouteilles, fausse bougie qui ne sait qu’éclairer, fausse voiture qui ne sait que déplacer les gens et ces faux gens qui ne savent que manger leurs carottes pour leurs vitamines.

Parfois une simple promenade me fait monter la tête de telle sorte que je ne peux m’empêcher d’écrire tout cela.
May the force be with you!





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Heid Sill, Exposition Mode d’Emploi n°1, le 14 Mai 1997.

J’ai déjà commencé dans un autre Bar. J’étais très contente d’avoir une raison de pouvoir parler avec le barman. Je lui ai demandé quelque chose et tous les BARMEN se sont occupés de moi. J’étais contente... Mais finalement c’était le mauvais BAR. Le BARMAN était un peu triste, parce que ERIKO et Antoine n’ont pas choisi son BAR. Et puis, j’ai fait l’impasse sur le BHV, je me suis dit que le mot «PORTE BOUTEILLES» c’est quelque chose qui n’existe pas. Il existe beaucoup de mots «cons» et les gens essaient de faire des blagues avec les mots. De chercher quelque chose qui n’existe pas. Et en plus c’était juste 10 min avant la fermeture de l’expo au BHV. Je n’avais pas envie... Mais je me suis dit que ce n’était pas bien de rater un point... donc je me suis forcé à demander à quelqu’un qui me plaisait vraiment (un homme), qu’est-ce que c’est qu’un «PORTE BOUTEILLES». Juste avant le «point zéro» j’ai trouvé quelqu’un. Il était super gentil... et il m’a dit qu’il était déjà marié (je n’ai pas demandé).
Le point zéro est très intéressant. Ca signifie que PARIS est vraiment le centre centre de la France. Ca n’existe pas dans un autre pays. J’ai fermé les yeux et en ouvrant j’ai vu un mec qui est à chaque vernissage. Je connais sa tête. Je me suis demandé s’il était là pour l’expo. Je n’ai pas chanté. Mais j’ai chanté à l’intérieur de moi même.
(Et voilà il est là...)
Je remarque que tous mes points de vue ne concerne que moi. Je n’arrive pas à sortir de moi-même. C’était la totalité de mes rêves depuis que je suis en age de penser -sortir de moi-même- et de me regarder avec un autre point de vue. Je n’arrive pas.

A la fin je suis retourné au BHV, parce que j’ai appris que ce n’était pas une blague. Ils étaient tous moches. Mais j’ai trouvé un très beau sac. Le prix : 1450 F.
J’ai trouvé que tous les points que je devais faire étaient nuls et en même temps très simples et intéressants d’une certaine manière, parce que c’est ça la vie et l’art.




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Eric Camus, Exposition Mode d’Emploi n°1, le 14 Mai 1997.

[Note] : Le texte est ordonné en colonnes et les horaires sont écrits en typo de style électronique.

17h45. 00 Quitte l’appartement d’Eriko MOMOTANI.

17h50. Croise Ryuta AMAE accompagné d’une japonnaise.

18h00. Dans une friterie. Aux allures accueillantes. Pour se substanter. D’une merguez frites mayonnaise. Assis en face d’une porte vitrée. Chèque restaurant. Chèque déjeuner. Ticket restaurant. Chéque de table. Antoine est un farceur. Et se propose de vous inviter à. Parcourir. Découvrir. Repérer. Se promener. Pour la curiosité. De parcourir. Découvrir. Repérer. Se promener. Prendre le temps. Avec plaisir. De parcourir. Découvrir. Repérer. Se promener.

18h11. Le sandwich englouti. Digestion difficile. Se dirige vers le café «Le Carrefour».



18h15. «Le Carrefour». Bière. La voix d’A. VIVIANT à propos d’un Réalisateur Lituanien VISCONI décati complications. SORTIE SECOUR sans S. Le moustachu montre en or. N’invite pas à la conversation. Chaque mois tout l’univers. PLAYSTATION. W.C. Sortie.

18h31. Sous-sol BHV Et tous vos créateurs favoris De la lingerie aux couleurs de l’été.

18h40. 00 : Bonjour, j’aurais aimé savoir si vous aviez un porte-bouteilles.
Elle : Pour faire sécher des bouteilles? Oui, juste là.

18h44. Sortie.

18h46. Au centre de la place. Lys géométrique. 00 pense aux vitagraphies d’Antoine.

18h48. Assis sur le bord de la fontaine. Vrombissement. Camionnette verte - Propreté de PARIS. Passe au ras du muret. A le frôler. 00 se rétracte. Pour s’entendre dire : «Vous êtes sourd, n’entendez pas» camionnette verte - Propreté de Paris s’éloigne. Et décrit des trajectoires elliptiques jusqu’au centre de la place.

18h52. Se dirige vers N.D. entrevue en face.

19h00. Pile. La cathédrale N.D. Carillonne. De façon intempestive. Porte fermée. Se retrouve au milieu des touristes. Qui se goinfrent. Prennent des photos. Contemplent le monument. En réfection. Passage obligé. Se sent seul. CANON à PARIS.

19h10. Attente. Nombreux japonnais. Lit un passage de DANTE. La Divine Comédie [L’Enfer] Extrait, chant XVIII.

19h26. Fait la queue pour se placer au point 0 des routes de France. Ne reste pas. 00 est agoraphobe.

19h29. Quitte l’endroit. Et ne pense qu’à la délicieuse Anna.

20h00. Retour chez Eriko.





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Clément Thomas et Laurence Bayrounat, Exposition Mode d’Emploi n°1, le 14 Mai 1997.

Voilà, du bistrot, nous n’avons rien bu. Il y avait beaucoup de chauves, mais ça n’a pas influé sur notre décision.

- La dernière fois que nous avons vu Antoine, il avait moins de cheveux et il pleuvait.

- Dans le BHV - un vrai labyrinthe - devant un minitel, une employée chantait en accompagnant la bande sonore. Nous avons pensé au nombre de talents gachés.

- A coté des porte-bouteilles en tous genres, de petites boîtes à charnières avec lesquelles nous avons beaucoup joué nous ont fait penser au principe d’équivalence de Filiou. Il aurait fallu monter quelques étages pour trouver les chaussettes rouges. Nous ne l’avons pas fait.
Sur le parvis de l’hôtel de ville, j’ai pensé aux élections, devant une séance photo. C’était plutôt des mannequins pour un magazine-ine. Mal fait.

Le reste de la promenade s’est fait à un rythme de plus en plus lent, pas de visite à Notre-Dame, on n’a pas sû choisir qui se mettrait au point zéro, pas de révélation mystique.
On sonne à la porte, une page de plus va s’écrire.
Voilà.




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Monique Moreau, Exposition Mode d’Emploi n°1, le 14 Mai 1997.

[Note] : Deux morceaux de papier sont collés sur la feuille : un dessin de la façade de Notre-Dame et un mot signé Philippe (J’étais sur le point zéro).

Vers 19h30 entre dans l’exposition me trompe de Bistrot. Bu un martini. Le Barman rigole et me dit qu’il a déjà reçu 2 visiteurs de l’exposition.

Je rencontre Stéphane le nez en l’air devant le BHV qui notait derrière sa feuille d’expo, il porte un jean, un blouson style jean couleur canelle, un pull camionneur et des pompes en cuir gras.
Stéphane dit : «C’est une bonne idée de faire une expo au rayon Bricolage du BHV. J’y vais souvent.»

Devant Notre-Dame : «C’est marrant parce que le point 0 n’est pas au milieu de la place, de toute façon Notre-Dame est asymétrique. On se demande pourquoi il est là d’ailleurs.»
Stéphane : «Putain j’me suis appuyé sur le point 0, j’sens la pisse de chat.»

Retour :
Art Déco. 4 rue des Barres. Très belle lampe Balancier de Sarfati : prix trop cher. Rue du roi de Sicile, le Pick-Clop. Bu un kir il est 20h50.
Stéphane a acheté un stylo pour Antoine dans une boutique pour touristes près de Notre-Dame. Un stylo rouge avec une fille qui se déshabille. Fait signer un touriste sur le point 0.
Retour chez Eriko 21h10.




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Stéphane Mestre, Exposition Mode d’Emploi n°1, le 14 Mai 1997.

[Note] : Ecrit au dos de la feuille Mode d’Emploi n° 1, en différents paragraphes.

(Avant : Visite du BHV mais je ne savais pas alors qu’il fallait aller à la cave! Néanmoins, j’ai visité le rayon bricolage!)

19h30 : Sortie et entrée au bar «Le Carrefour», bu un demi.
Entendu : «Mais tu vas m’arracher le bras!»
- «Ouais, je suis un homme, moi!»
Vu : Un mec rattraper au vol une clop avec sa bouche.
Entendu : «Tu s’rais pas un peu PD toi (?)»
Vu : Haussement d’épaules, puis une petite expiration fumeuse.

19h40 : En face du BHV.
Vu : Les gros Lions qui mangent les gros Friskies + «Installations : Un équipe d’artisans à votre service.»

19h45 : Je croise Monique (elle porte un superbe imper jaune).

19h50 : Hôtel de Ville. Il y a de gros câbles qui passent au milieu des armoiries.
Entendu (Monique) : «Oh! y’a des boulangers!»

19h55 : Entendu (Monique) : « Zut, j’ai oublié mon appareil photo.»

20h00 : Point Zéro.
Entendu (Monique) : «J’vais me remettre du rouge.»
Vu : Monique pendant 1 mn autour du Point Zéro.
[Note] : «Te deceo sueste» (traduction : «Je vous souhaite bonne chance.»
Ecrit par une touriste espagnoles (sympa) de Madrid.
[Note] : «J’étais sur le point zéro, le 14.05.97 à 20h15.» Signé.
Ecrit par une autre touriste.
Entendu «Fais pas de fautes d’orthographe surtout...!»
[Note] : «Gribouillage.» Essai d’Empreinte du zéro (raté).

Entre 20h00 et 21h00 : Visite de boutique de touristes, promenade dans le Marais (Monique s’esclaffe : «Quelle superbe crèche! Ils ont de la chance les mômes ici... Pantin, c’est pas ça!...»
Puis on a bu un kir au Pik Clop avec un match de foot en fond sonore.




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Les Plasticiens Guerriers de l’Afrique de l’Ouest, Oumar N’diaye de Padalal, Gérard Esmérian, Exposition Mode d’Emploi n°1, le 14 Mai 1997.

[Note] : Des poils de barbe coupés et collés sur la feuille à l’aide d’un morceau de ruban adhésif.

1 : Début de l’expo vu Expo : Photo : Versailles grand canal et Versailles rue du Hameau + Expo gravure de Jacob (Marie-Antoinette gravé par Jacob - encadré - Bois vermoulu) dans l’escalier.

2 : Au Carrefour commandé un café (+ verre d’eau) et un demi (café pour Esmérian - demi pour Ommar N’diaye) demandé au garçon (mais était-ce le patron, avec favori?) quelle plaisanterie conviendrait? Proposé puis rétracté : «Comment vas tuyau... de poële» pour proposer accepteriez vous comme plaisanterie que nous partions sans régler, ce qui fut accepté comme bonne blague et nous avons laissé le papier exposition mode d’emploi n° 1 en échange de nos consommations. Nous avons bien ri.

3 : Au BHV, un jeune homme (téléphones portables en démonstration) vétu de vert nous a envoyé au rayon cave trouver le ready-made 1997 : plastique couleur bordeaux, 8 rangées démontables, n° 48 883 3 au prix de 115 FRS.

4 : Place de l’Hôtel de Ville, nous avons jeté un oeil sur les armoiries (un oeil dessiné et signé de nous deux sur un mouchoir jetable). Le maire de Paris du balcon de l’Hôtel de Ville nous a apostrophé : «L’oeil qui tombe regardait Caïn» et nous lui répliquâmes : «En avant, tant pis pour qui tombe, vive la mort, vive la tombe si le pays en sort vivant, en avant.»

5 : En avant vers Notre-Dame (fermée) en passant par le souterrain de l’Hôtel de Ville pour aller vers le pont.

6 : Sur le point zéro, nous avons mis difficilement nos 4 pieds joints et nous avons admiré la lune dans le ciel à droite de Notre-Dame en pensant à Nick Gee.

7 : Nous sommes revenus en passant cette fois sur la chaussée et non par le souterrain, nous avons vérifié que notre oeil était toujours là. On nous a refusé du pain et de la brioche mais nous avons eu une affiche de la fête du pain en compensation offerte par un fils de boulanger que nous avons offert à Antoine avec nos signatures.
Et on est là de retour chez Eriko.




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Marie-Anne Lanavère, Exposition Mode d’Emploi n°1, le 14 Mai 1997.

Si on reste trop longtemps au café on ne peut plus se souvenir du parcours effectué. On se souvient d’un pont sur la Seine et puis - comme si on était touriste - on se souvient d’un plan-mode d’emploi qu’il fallait regarder, de temps en temps pour ne pas se perdre dans une ville qu’on avait encore jamais encore regardé de cette façon. Sauf quand on était gosse. Ce voyage était un nouveau Paris, un Paris d’enfant-touriste.




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Frédéric Maufras, Exposition Mode d’Emploi n°1, le 14 Mai 1997.

[Note] : Des rectangles blancs dessinés pour chaque étape signifiant sans doute la matière sonore.

L’escalier de l’immeuble d’Eriko.
Le son de nos pas dans l’escalier.

«Le Carrefour», les clients, le pastis, la bière.
Un client parle de son expèrience de la peinture.

Le BHV fermé.
Le bruit de la rue.

Les armoiries que je n’avais jamais remarqué auparavant.
Idem.

Notre-Dame, des touristes catalans nous racontent leur vie.
Idem + les touristes catalans.

Le point zéro des routes de France que mon père m’avait montré il y a quelques années.
Idem.

Chez Eriko.
Des gens venant de voir l’expo discutent.




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Carmela Uranga, Exposition Mode d’Emploi n°1, le 15 Mai 1997.

16h30 ---> 17h30
Léger énervement à devoir ressortir dans la chaleur de la rue et suivre le parcours en sachant que le fait qu’on est invité d’écrire une expérience «intéressante» va sûrement empêcher quelque part une visite d’esprit ouvert... (déjà en descendant l’escalier je me demande combien de visiteurs pourront raconter leur expérience, l’inventer pour que cela soit plus «intéressant» - jeux d’égos...)

Enervement soulagé par la bar(woman) souriante du café (hésitation entre les deux cafés au coin des rues des Archives + rue de la Verrerie... est-ce qu’on remarque vraiment le nom des cafés qui est souvent caché hors vue en haut) qui n’était venue travailler qu’aujourd’hui, et était surprise par ce «délire».

Mauvais goût d’un café noisette mélangé au goût du métal présent dans ma bouche après une visite chez le dentiste. Regret d’avoir choisi un café chaud en apercevant le choix d’un café glacé de mon voisin-client du bar.

Enervement revenu en entrant au BHV, début d’un maux de tête qui me vient chaque fois que j’y entre et qui me pousse à me dépêcher vers le sous-sol. Distraction au rayon foulards où je m’en achète un en jaune (je me rend compte que je sors toujours du BHV ayant acheté qqch.) Je me fâche, mais me dirige quand même confuse au sous-sol en me demandant qu’est-ce que c’est un porte-bouteille, pourquoi c’est pas une porte-bouteille, et me souviens que je suis étrangère. J’ai été dirigée au rayon «cave», non-accompagnée, alors j’avoue que je n’ai pas senti qu’on me regardait, alors je ne me suis pas sentie «regardée, intéressée?»

Soulagement en sortant du BHV, où je vois l’armoirie devant l’Hôtel de Ville, et je me rends compte pourquoi je l’avais pas remarqué avant, parce que cela ne m’intéresse pas.

Je traverse le pont vers Notre-Dame. J’ai envie de wave (traduction non-connue) aux touristes dans le bateau-mouche, pour me sentir moins touriste en me rendant compte que je ne sais même pas comment dire wave en français... Faire signe?

Je suis les (autres?) touristes (visiteurs d’expo aussi?) dans Notre-Dame, et je me demande qu’est-ce que cela veut dire, me recueillir. Je suis la visite et cherche une chaise, retrouve un peu de calme-frais. 5 minutes? Je n’ai pas regardé la montre. Est-ce que quelque chose ne peut pas se passer avant 5 minutes?

J’ai du mal à trouver le «point zéro des routes de france», et une fois trouvé je ne reste pas longtemps parce que je suis distraite par un chien qui a du mal à manger un chewing-gum trouvé par terre, que ça me coupe la «respiration à fond.»

En revenant pressée (manque de temps), je prends presque le même parcours, et je me demande si cela veut dire que je n’ai pas bien «vu»/expérimenté l’expo.

Verre d’eau bienvenu de retour chez Eriko. Antoine + Eriko sont très bavards pendant que j’écris mon «devoir». Regret de n’avoir pas trop réfléchi avant d’écrire. Surprise d’avoir tellement écrit. Curiosité par rapport au «catalogue» forcément «intéressant» (?) Envie de voir les «expos» des autres. «Expos» crées plutôt par chaque visiteurs?




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Pierre Mérite, Hisalco Furumaya, Exposition Mode d’Emploi n°1, le 16 Mai 1997.

[Note] : Un dessin, sorte d’itinéraire avec écrit à un endroit (petits points) : “les yeux des gens et des pigeons”. Sur la même feuille Pierre Mérite et Hisalco Furumaya, écrit à l’endroit (Pierre Mérite).

Le mode d’emploi est nécessaire. Le balisage du parcours est très précis mais à la fois très ouvert par les nombreuses annotations des lieux où le visiteur se rend, par les pointes de fuite suggérées. A l’heure où nous avons effectué ce trajet (puisque nous sommes arrivés en même temps chez Eriko), le BHV était fermé et Notre-Dame aussi. Nous avons donc regardé le ciel, et tourné en rond. L’exposition chez Eriko m’a fait passer dans des rues de Paris que je ne soupçonnais pas (rue des chantres!), mais au delà de la ballade, cette «exposition» m’a également, et paradoxalement donné du temps que je n’aurais probablement pas pris seul (les armoiries de l’Hôtel de Ville n’avaient jamais attiré mon attention, et le café du Carrefour n’est pas mon bar préféré). En somme si visiter une exposition c’est accorder du temps à «autre chose», il est dommage qu’un mode d’emploi soit nécessaire mais il l’est quand même parce qu’il est utile.

[Note] : Ecrit à l’envers (Hisalco Furumaya) :

Antoine a fait une exposition, mais ce n’est pas seulement une exposition. Si il y a mille gens qui ont visité son exposition, alors il a fait mille expositions, autant que le nombre des visiteurs. Il offre les points de repère de l’exposition, puis les visiteurs achèvent son exposition. Et elle n’est pas visible mais chacun a vu qqch, elle n’existe que dans nos mémoires.




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Iris Grenier, Exposition Mode d’Emploi n°1, le 18 Mai 1997.

On a vu des pigeons. Et j’ai mangé une glace que maman m’avait donné. Maman m’a expliqué Notre-Dame et on est monté sur la barge de l’Hôtel de Ville. J’ai bu une grenadine dans un café à Paris.




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Isabelle Vodjdani, Exposition Mode d’Emploi n°1, le 18 Mai 1997.

[Note] : Une carte postale reproduisant la forme et la couleur d’une plaque indiquant le nom des rues de Paris, celle-ci “8e Arrt, Avenue des champs Elysées” est collée sur la feuille.

Cher Antoine,
Voici une belle carte postale pour toi, que nous avons trouvé dans une des boutiques à souvenir du côté de Notre-Dame.
Nous sommes arrivés, Iris et moi à 16h05 chez Eriko. Elle a réussi à nous chasser de chez elle au bout de 5 ou 10 minutes. Iris voulait voir Notre-Dame à cause du Bossu et d’Esmeralda. Je comptais pour ma part faire le circuit en plusieurs jours, au gré de mes pérégrinations dans Paris. Mais puisque Iris insistait on a fait toute la promenade.

Café Carrefour : On en a profité pour aller aux toilettes. Le sèche mains était tout déroulé et pendait au sol. Je n’ai pas discuté avec le Barman et encore moins blagué. Une grenadine pour Iris et une noisette pour moi, à table. Je me sens trop Bourge pour me tenir au bar et je manque totalement d’humour. Iris a perdu une dent de devant il y a une semaine. Juste la place nécessaire pour faire passer la paille pour boire la grenadine. On décolle à 16h30. La pluie s’est arrêtée.

BHV : Fermé (ouf! une corvée de moins). J’ai regardé en l’air, rien de remarquable. Au sol, un homme assis sur le bord du trottoir lisait un livre à haute voix. Je ne sais pas ce qu’il lisait.

Rue de Rivoli : Iris admire la Tour St Jacques, elle pense que c’est Notre-Dame.

Place de l’Hôtel de Ville : On monte avec Iris sur la barge peu fluctuante. Si Noé avait été là on aurait sûrement eu droit au jeu des pirates. Pour l’heure, il fait sa compétition de Judo à Gallardon. Est-ce qu’il va nous rapporter une médaille ce soir?

Passage souterrain pour traverser le Quai de l’Hôtel de Ville.

La Seine est belle. Sur le chemin Iris demande une glace. J’ai dit Non ça ne fait pas partie du programme.

Notre-Dame : Nous nous asseyons sur un plot devant la façade. Je m’emmêle dans les explications à Iris. Pas évident de nommer tous les Saints, les apôtres, les rois. Qui est qui? On ne rentre pas. Je n’ai pas le courage de faire la queue avec les touristes. Passage au point zéro des routes de France. Là comme ailleurs je suis le point zéro du monde. Tous les Je sont des points zéro du monde. Que de zéros! C’est la pièce que je préfère dans ton expo.

Retour par le même trottoir. Iris veut toujours une glace : «Non pas une boule, un tortillon c’est plus joli». Cette fois je cède. Je craque aussi pour la belle carte postale. Ca fera plaisir à Antoine.

Re-passage souterrain : Sur la main courante horizontale au mur, des bouteilles vides, des paquets de gâteaux vides, des papiers de sandwich sont alignés en une belle frise. Déploiement des Poubelles Closes pour cause de plan Vigi-pirate.

On repasse par la barge. Il faut absolument remonter dessus. Le cornet de glace commence à couler, ça poisse. Vite un mouchoir avant qu’il n’y en ait sur le manteau!

Au feu de la Rue de Rivoli je me rappelle de la consigne. Changement d’itinéraire. Qu’à cela ne tienne. Puisqu’on est parti pour faire plaisir à Antoine, autant le faire jusqu’au bout. On passe par la rue du Temple, rue de la Verrerie et retour chez Eriko. Iris finit enfin sa glace dans l’escalier. Il faudra qu’elle se lave les mains arrivée chez elle. Je reluque l’échelle en bois qui est dans le couloir. Une belle échelle, vraiment!

Retour chez Eriko. On écrit notre pensum en bonnes écolières. Eriko nous met de la belle musique.

Je te dirai ce que Noé a gagné au Judo si tu m’appelles.

Depuis le fameux «C’est le regardeur qui fait le tableau» de Duchamp, aucune oeuvre mieux que celle-ci n’en souligne la pertinence.

Sans la force de conviction/persuasion et l’engagement d’ Eriko ce travail aurait pu être assimilable à une proposition (genre L. Weiner). Grâce à elle, qui m’a poussé dehors, c’est devenu une expérience.





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Arnaud Bailleul, Exposition Mode d’Emploi n°1, le 19 Mai 1997.

1/ En entrant dans l’exposition donc en sortant de chez Eriko je me cogne à la suspension, ce n’est pas la première fois.

2/ Une phrase du Barman qui m’a servi une Leffe pendant que je fume une Players : «C’est vrai qu’on est petit... c’est vrai qu’on est petit... dans un monde de géants.» (sourire) Il est 17h49. Le BHV est férié mais j’ai vu le porte-bouteilles en métal blanc il y a trois à quatre semaine, exactement le même que celui de Duchamp. Je m’en suis fait la réflexion.

3/ Je joue le jeu et je regarde en l’air trente secondes, le ciel est chargé de strato-cumulus. (Un rayon de soleil).

4/ Je traverse la place de l’Hôtel de Ville, je marche sur les armoiries mais je ne m’arrête pas, (en diagonale) je vais directement au 5.

5/Il y a foule, il y a une messe (lumière, encens, chant texte) je vais directement dans l’axe du transept, je regarde la rosace nord la seule qui n’ai pas été restauré, les autres l’ont été par Viollet Leduc. Superbe vitrail gothique au violet. Son axe est légèrement décalé ce qui lui donne le mouvement elle tourne. Je vais ensuite face à la rosace du transept sud je m’assieds sur une chaise, j’écoute la messe. Il est 18h09. Sur une musique d’orgue une cloche tinte deux fois. Un tableau sur ma droite, je n’arrive pas à lire le titre de la chaise.

6/ Je trouve assez vite le point zéro. Il y a une semaine je lisais sur l’autoroute Le Havre-Paris, Notre-Dame 100 km sur un panneau bleu. Je mets les deux pieds sur l’hexagone, deux policiers passent très près de moi, je pense «je suis au coeur de la France» à partir de là je situe de mémoire les villes de France où je suis allé que j’ai vécu. Je ne reste pas très longtemps, un homme vient et lit Point Zéro des routes de France sous mes pieds. Suis-je sur un clou d’un kilomètre? Il est 18h30 à l’horloge mon réveil retarde d’une minute.

7/ Je repasse par la place de l’Hôtel de Ville et je m’arrête cette fois devant les armoiries. Il me semble reconnaître un chandellier à sept branches. Je pense à la synagogue qui était à l’endroit de la Cathédrale.
«Centre commercial, centre politique, centre cultuel, centre géographique.» Je n’ai pas le syndrome de Stendhal mais j’ai éprouvé le parcours qui mène à chaque sommet.
Juste pour finir un petit texte que je lisais ce matin de St Jean de la Croix : «Je me leverai et je ferai le tour de la ville; je parcourrai les faubourgs et les places publiques pour y chercher mon Bien-Aimé; je l’ai cherché et je ne l’ai pas trouvé.»
Arrivée chez Eriko à 19h00.





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Guy Jacqmin, Exposition Mode d’Emploi n°1, le 19 Mai 1997.

[Note] : Un frottage au crayon de bois du point zéro et d’une inscription gravée (La Bosnie libre) accompagne la feuille ainsi qu’un bouchon en plastique d’une boite de film 24x36 et un hippopotame rouge (Hippopotamus) en plastique aussi.

Arrive essouflé à la galerie, pour ne pas faire attendre Marie-Paule, il m’a fallu quitter l’en dedans en moins d’une minute, puisque c’est cette fois-ci l’en dehors qui est l’exposition, une méga exposition parcours jusqu’au point zéro à découvrir.
Je retrouve tout d’abord Marie-Paule, montante, dans l’escalier, et nous partons pour ce rallye artistique muni de mon seul mode d’emploi. Il est sept heures passées, il faut nous dépécher. Au café «Le Carrefour», j’espère que ce sera Antoine Moreau qui va nous accueillir; nous avons bien du mal à nous couler jusqu’à lui, mais il ne s’appelle ni Antoine, ni Moreau; tant pis.
Nous passons au BHV, fermé bien sûr, en ce lundi de Pentecôte, et admirons le bel effet des plastiques reflétant qui couvrent les vitrages, et qui s’écaillent, rappellant les épines des chardons de pierre...
Puis longeons l’Hôtel de Ville jusqu’à la place du même nom. Je lui montre les armoiries où il est un peu difficile de retrouver le navire, avec ses 35 écoutilles, et deux bizarres fleurs de lys bien malhabiles; c’est une grande mosaïque de granites un peu grossière, en fait.
Le soleil est éblouissant; il faudrait que je me décide à acheter des lunettes! Pour l’heure, nous nous dirigeons vers Notre-Dame. Passons dans le passage souterrain, plein d’une fauve odeur d’urine, pour ensuite passer la Seine, longer l’Hôtel-Dieu, et arriver sur le parvis, la cathédrale est fermée, mais la foule est là : un Quasimodo de fantaisie, canadien, nullement bossu, prend des poses pour «immortaliser» son image.
Nous nous mettons en quête du fameux point zéro; plein de dalles sont inscrites : «Eglise de l’ancien Hôtel Dieu», «La Marguerite», «La Croix de fer», «rue de Venise», ... mais pas de point zéro.
Mais Charlemagne accompagné de deux de ses leudes et une foule de moineaux posés sur les buis taillés, et un patineur slalomant sur un pied, l’autre replié sur l’aine, demi lotus à roulettes bien imprévu.
Mais toujours aucun point zéro; de guerre lasse, Marie-Paule s’en enquiert auprès d’un vendeur de cartes postales; pourquoi ne pas en envoyer une à Eriko d’ailleurs? Mais il n’y a pas de carte du point zéro; le vendeur nous l’indique vaguement. Je trouve un cercle gris entre deux dalles, mais il s’en détache; je le ramasse; puis une reproduction en plastique rouge de la carte de la Crête, ce me semble.
Puis enfin le «point zéro» dont j’étais persuadé qu’il serait matérialisé sur une borne. J’en fais un frottis : deux points zéro apparaissent! Cela me renvoie à la notion de soleil noir, second centre de l’éclipse solaire.... Sur un pavé tout proche : LA BOSNIE LIBRE; je l’empreinte aussi. Nous faisons une toute petite pose sur la plaque «octogone labyrinthe». Et nous revenons presque en courant chez Eriko relater cette visite que j’achève ici.





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Personne ayant désiré conserver l’anonymat, Exposition Mode d’Emploi n°1, le 19 Mai 1997.

Après un mal-entendu concernant notre r. v. p. visiter cette exposition, on s’est finalement rencontrés dans les escaliers. C’est ainsi qu’on a pu entamer notre visite mode d’emploi ensemble. Le bar-man du café du coin ne s’avérant pas être Antoine, on a continué notre promenade en contemplant les craquelures des films miroitants du BHV. Je suppose que personne n’a pu nous suivre du regard de par derrière les vitrines; le magasin étant fermé ce jour-ci. On a pu facilement trouver les armoiries sur le sol de l’Hôtel de Ville. On a compté, après vérification, 35 cercles sous le voilier et quatre dans les fleurs de lys. Les incrustations dans le granit étant de 2 couleurs, le gris et le rose, rendent le graphisme très évident. En empruntant le sous-terrain pour traverser sains et saufs, on a pu remarquer les encadrements en carrelages rouges et bleu avec de rares grafitis dans les espaces blancs. Avec une légère nausée causée par des odeurs pestiférantes, on arrive sur le parvis de Notre-Dame, où le bleu du ciel nous écrase presque dans notre quête, le nez par terre dans la recherche du point zéro. On essaie de réfléchir à un lieu stratégique pour cet indice. On tombe d’abord sur un alignement de noms et de mots gravés dans le sol; Marguerite, la Couronne, Ste Catherine, St Victor, ... ; après avoir tourné en rond pendant un certain moment, un vendeur de souvenirs assez sympathique me pointe l’endroit. On s’approche avec curiosité pour tomber sur un couvercle de pellicule photo, qui après comparaison avec le vrai point zéro, en serait presque une miniature. Après une certaine attente pour se positionner sur le fameux point, on se demande quelle est la direction d’orientation naturelle de nous deux. Guy serait plutôt nord-est et moi à l’ouest.





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Louise Moreau, Exposition Mode d’Emploi n°1, le 21 Mai 1997.

On est allé au café et on a bu un Orangina avec Fleur. Après on est allé au BHV et maman a pris une photo avec Fleur qui avait mis des bouchons sur ses doigts après on est allé sur la place de l’Hôtel de Ville. Il fallait trouver les armoiries qui étaient au sol et on a visité Notre-Dame et on a mangé une glace. A Notre-Dame on a fait une prière. Après sur le parvis il fallait trouver le «point zéro des routes de france» et à la fin je suis sortie par le pont de Notre-Dame.





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Jason Karaïndnos, Exposition Mode d’Emploi n°1, le 22 Mai 1997.

L’exposition a commencé par la rencontre, par hasard, avec l’artiste même au café du coin.
Interrogation, gêne, est-ce vraiment un hasard?
La suite s’est faite sans grande surprise apparante. Visite, hommage, recueillement? Quelque part tous les trois. Disons quelque chose comme des clins d’oeil.
Le premier à l’artiste, le second au grand monstre de l’art moderne via son hérisson, le troisième, qui est plutôt un pied de nez à notre affligeant ex-maire de cette ville qui se prend pour un pape, le quatrième au pape même qui se prend pour le chef du rayon «religion» dans le supermarché spirituel et le dernier qui m’a ramené 3000 km plus loin.
Je me demande si j’ai vu ce petit bout de Paris autrement par le biais de cette exposition mais la réponse c’est non.
C’est plutôt une question de temps, de disponibilité, de curiosité et de générosité.
J’espère être toujours le bienvenu à Paris comme nous le sommes chez Eriko.





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Jakob Gautel, Exposition Mode d’Emploi n°1, le 22 Mai 1997.

1 : Je me sens un peu con de suivre comme ça des instructions, mais bon, on y va...

2 : Je connais le café, il était rouge à l’intérieur avant. On prend des cafés, et je lis les annonces de rencontre dans «Paris Boum Boum». L’artiste est à coté de nous au bar et nous dit qu’il est là par hasard et qu’il ne fait pas parti de l’expo.

3 : Sèche-bouteilles à la Duchamp en métal : 495 F, en plastique dans les 120 F, mais il n’y en pas en stock. Téléphoner au BHV au rayon cave, n° =

4 : Les armoiries sont moches, mais l’Hôtel de Ville pas mal avec son côté surfait.

5 : Notre-Dame est plein de monde, et très belle. Les vitraux sont magiques. Des touristes partout. Partout des cierges à vendre, et un portrait du pape bien-aimé.
Ais-je besoin de ce mode d’emploi pour aller visiter Notre-Dame? Et pourtant j’y suis, et j’y reste, parce qu’il pleut des cordes dehors. On va dans l’espace réservé à la prière, et je faillis m’endormir. Puis on se dit d’y aller, malgré le fait qu’il continue de pleuvoir.
Je m’apperçois que j’observe autrement sachant que je devrai écrire ceci sur ma visite. Ca pousse la perception.

6 : Le point zéro est une grande flaque d’eau. Juste à côté une pierre du pavé est gravée avec les mots : «La Bosnie libre.»

7 : On retourne au point de départ, sous la pluie. Et retrouve Eriko et l’artiste.

Résumé : A quoi cela?
Je suis très partagé.
Je n’aurais pas eu besoin du mode d’emploi d’Antoine Moreau pour aller au BHV et à Notre-Dame, mais en même temps à cause de ce mode d’emploi c’est justement ce que je viens de faire.
Toutes les méchancetés que je pourrais écrire ne seraient qu’une faible vengeance de cette manipulation qui plus est a été volontairement acceptée par moi. Bon gré mal gré. Où fini notre liberté d’action, ou commence le pouvoir de l’autre? Sommes nous maîtres de nos actes? De nos Mots? De notre perception?
Antoine Moreau, Deus ex Machina pour une heure dans ma vie? (comme tout artiste?)
Je sens que je me suis défendu contre la manipulation par le mode d’emploi, tout en le suivant.
N’est-ce pas justement aussi si bien, si décontractant, si réconfortant de déléguer, ne serait-ce que pour un moment, tout pouvoir de décision à quelqu’un d’autre?
(Les élections approchent!)
Bon, maintenant je vais pisser, sur ma propre décision.
Vraiment?




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Danièle Rivière, Exposition Mode d’Emploi n°1, le 22 Mai 1997.

[Note] : Un shéma concernant les inscriptions au sol du parvis de N.D.

Jeudi 22 Mai 1997.

Jeu de piste.

Point 1 : Une minute chez Eriko.

Point 2 : Pas envie maintenant on verra plus tard.

Point 3 : BHV fermé. Sur la façade des têtes de lions tiennent suspendu le store dans leur gueule.

Point 4 : Place de l’Hôtel de Ville, les armoiries en forme de triangle.
Rouge -----> 3 lignes de 0 :
15 dans la 1ère rangée,
11 dans la 2ème,
9 dans 3ème.
Noir ----> 2 flèches de chaque côté encadrées par 3x3 bandes devenant triangulaires.
----> La base du triangle formé de fragments de cercle sur 3 rangées
---> 7 dans la 1ère
---> 5 dans la 2ème
---> 3 dans la 3ème.

Point 5 : Notre-Dame fermée.
Porte principale.
• Encadrement de chaque côté par 2 fois x 6 bas reliefs. Au dessus 6 Apôtres, 2 fois la taille du bas relief.
• Composition de la voûte encadrant le bas relief porte en bois :
---> De chaque côté six rangées de figures.
* Les 4 premières rangées en partant de l’extérieur présentent des figures de faces.
* Les 2 dernières rangées au plus près de la porte montrent à la base 2 figures de face, puis une multitude d’angelots de profil regardant vers la porte.
A la recherche du «point zéro.»
Repère de pavé (Notre-Dame derrière.)
A gauche : L’agnus dei, Ste Catherine, St Nicolas, St Yves, St Jean l’Evangeliste, Ste Catherine.
Au centre : Rue Neuve Notre-Dame, Rue Neuve Notre-Dame.
A droite : Le gros tournoy, La pomme de Pin, Eglise Ste Geneviève des Andes.
- Tu es seule? Qu’est-ce que tu fais? Je peux t’aider?
- Heu? Je cherche le point zéro.

Point 6 : Reprise au point 2.
- «Blanc sec». Regarde cet homme, c’est vraiment la caricature du mâle!

Point 1 : Retour à la case départ.
Off : - «Ce sont les bêtes qui vont le manger! Le corps est laissé comme ça jusqu’à ce qu’il soit mangé par les vautours.»
- «Ca peut être ça aussi : quand j’étais plus jeune j’avais imaginé l’amour idéal. J’ai imaginé que je ne voulais pas mettre la fin de mes jours à l’hôpital et que j’étais dans un avion et que je me noyais dans l’océan. C’était ça l’amour idéal : retourner à la nature.»




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Stéphane Argillet, Exposition Mode d’Emploi n°1, le 22 Mai 1997.

Paris, le 22/05/97 Stéphane Argillet accompagné par Danièle.

Etape n° 2 : Nous décidons de garder cette étape pour la fin, après tout rien ne nous oblige à suivre aucun itinéraire.
Le BHV n’est pas loin, étape n° 3 qui sera notre première étape. Il est fermé bien sûr il doit être 19h00. Pas de rayon bricolage mais je sais qu’il est là, sous nos pieds au sous sol. Alors nous leverons le nez. Des lions tiennent fièrement dans leur gueule de beaux sacs à provisions, chargés de fruits et de fleurs et de tout ce qui peut inspirer l’abondance. Ouais.
Nous traversons la rue, on me demande du feu, quelqu’un qui paraît préoccupé par tout autre chose que par l’exposition, qu’il traverse néanmoins sans se douter de rien. 4ème étape l’Hôtel de Ville et son parvis hérissé de lampadaires. Le blason se révèle soudain sous nos pieds, un motif géométrique que je ne saisis pas très bien. Ah oui un bateau, un grément qui rayonne tout autour de moi. Une rose des vents. Je vois Notre-Dame, il faut y aller c’est la prochaine étape... au pas de course sur le pont. Le ciel orange au dessus de la conciergerie fait-il parti de l’exposition? Danièle le pointe du doigt quand je me presse vers la cité.
Nous arrivons sur le parvis, Danièle est à la traîne, pas facile de courrir sur le trotoir mouillé avec des sandalettes. Les hautes portes de Notre-Dame sont fermées à la méditation, comme le BHV. Voyons, je scrute le grand portail du regard, des monstres sortent des marmites, des évêques et des rois poussent la pierre de leur tombe sous le crépitement des flashes. C’est le clou de l’expo. Nous cherchons sur le sol le point zéro des routes de france, nous cherchons, nous cherchons mais nous ne trouvons pas, nous arpentons le Parvis, chacun à un bout de la place, nous nous croisons parfois, nous sommes trompés par de fausses pistes.
J’ai trouvé! Danièle là-bas discute avec un homme. Je veux me poster au point précis d’où l’on calcule toutes les distances sur les cartes routières. Je vois au loin les toits, la tour Eiffel, et tout le réseau étoilé des routes, des autoroutes, l’A6, l’A7, l’autoroute du soleil. Des touristes me regardent de travers et attendent leur tour.
Il faut revenir vers le début de l’exposition, nous repassons le pont, l’Hôtel de Ville, le BHV et voici le café. Le patron, une bière, un verre de vin blanc, sec. Nous parlons de tout autre chose que de l’exposition.
Maintenant nous remontons vers la sortie où nous sommes attendus.




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Davis Xavier, Exposition Mode d’Emploi n°1, le 23 Mai 1997.

Le 23/05/97. Vers 19h00.
La promenade commence dans la rue des archives. On arrive sur l’asphalte et les terrasses «branchées» esposent leurs lots de clients dont la libido transperce leurs yeux. Ensuite, comme je ne connais pas le bar que je dois rejoindre, je m’attends à un bar où toutes les passions sont à leur comble. Mais non! Un petit troquet populaire où le monde sirote sa consommation en parlant de banalités quotidiennes. J’arrive au comptoir et commande une bière. Il faudrait que j’échange quelques mots avec le patron. Son visage est le parfait reflet de son établissement : un tableau où l’on n’aimerait pas passer plus d’une heure. Quoique... En effet, on s’apperçoit vite que ce paysage est peuplé de créatures merveilleuses. A ma droite, face au patron, un homme, aux frontières du «complètement ringard», bien rasé, la cinquantaine d’années, de la tête aux pieds vêtu de blanc (style dandy quinquagenaire début de siècle sur un site touristique en été) avec une note de couleur soulignée par son écharpe violente bougeait son petit derrière sur les rythmes des Koo and the Gang; les Bee Gees. Le patron à la superbe moustache profilée comme les ailes d’un casque gaulois faisait de temps en temps un peu d’humour. . Ce bar possède un excellent angle de vue. On observe les gens observer. Les gays sont à l’affût du moindre torse moulé d’un petit tricot coloré, les hétéros pour la moindre jupette courte en ces débuts de chaleur. Devais-je parler au patron? Non! Je n’avais pas envie de m’ennuyer. J’ai pris une seconde bière, quelques cacahuètes négociées, et observé certaines personnes seules, sans lectures, sans écritures, sans occupations, sauf celles d’observer un point devant elles, sans un geste. Quelle tristesse.
Je pars vers le BHV fermé. Le magasin est fermé et je me positionne à l’angle de deux rues où j’observe les sculptures architecturales kitsch : tête à casque ailé (encore), corbeille de fruits, abondance, etc...
Je me dirige vers le médaillon de l’Hôtel de Ville de Paris. Il est au centre de la place et je commence à réaliser que le soleil qui rejoint l’horizon s’aligne pratiquement dans le sens de la rue face à l’Hôtel. Il en est de même pour la Cathédrale et c’est normal; excepté pour le point zéro des routes de France, légèrement décallé de l’entrée. J’y ai joins mes pieds, je n’ai pas fermé les yeux (trop de touristes qui auraient vite soupçonné mon attitude comme ésotérique?) Quelle impression d’être au centre de la France dont les rayonnements sont jusqu’à Brest, Strasbourg, Dunkerque, Nice, Bayonne, etc... Le Roi Soleil. Ah! Ah!
Les touristes me forcent à partir.
Je change de trajet pour retourner chez Eriko, rue des Archives. Il est dommage que la cathédrale soit fermée dès 20h00. J’aurais aimé me fondre avec mes congénères pieux. En repartant je passe devant le bâtiment face à la cathédrale où figure sur l’entrée une «sculpture» d’Arman très pompier où sous des drapeaux déployés deux têtes de Marianne en vis-à-vis découpées en lamelles, comme le cerveau de Lénine aujourd’hui pour y découvrir les sources du génie. Je passe devant le marché fleuriste en face du pont Notre-Dame et là je regarde avec délectation la «Maison de l’orchidée»; mes fleurs préférées. Peut-être parce qu’en grec, orchideion, cela veut dire «petits testicules.»




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Kaoru Tanikawa et E.T., Exposition Mode d’Emploi n°1, le 24 Mai 1997.

[Note] : Un dessin représentant un escalier en zig-zag avec des traces de pas en bas.

Ecrit en caractères japonais (avec petit dessin d’un chat).

(traduction en caractères occidental) :

Tenki ga yottadesu. Syoka kazé ga tsuyokuté mabushikatta kotodéshita. Porte de bouteille mo point zéro mo kirakira shitéita kotodéshita.

(traduction en français) :

Il faisait beau. Le vent du début de l’été était fort, éblouissant. Le porte-bouteilles ainsi que le point zéro étaient étincelants.

[Note] : Ecrit par E.T. :

Merci beaucoup de m’avoir donné une meilleure promenade avec une belle fille. Ca m’a fait du bien!