Paule, Paul /36




Paul : Bonjour Paule.
Paule : Bonjour Paul.
Paul : Paule, je sais ta vision large et pointue. Que vois-tu, que sens-tu du jourd'hui ?
Paule : Ma vue large est vague, mon nez pointé est encombré. L'air est lourd chargé de plomb tel que le dire est de trop. Ce n'est pas le jour Paul du large et du pointud'hui.
Paul : Je voulais simplement ma chérie te l'entendre dire aujourd'hui. La pesanteur de l'actuel fait la peau lasse du présentd'hui.
Paule : Tu apprends les nouvelles : c'est un bombardement dans l'esprit, la cervelle est le lieu des luttes intestinesd'hui.
Paul : Mon jour est ce monde. Mon actualité est celle de ce monded'hui. Comment veux-tu que je retrouve dans la fouled'hui ce qui me touche de près ?
Paule : Tu t'y perds du nord jusqu'au sud mon cher ami aimant.
Paul : Les nouvelles d'actualitéd'hui sont ma nuit toujours, elles assombrissent mon jour.
Paule : Ferme la radio, la télé, l'internet, le journal et lis Saint Paul !
Paul : Ah ! Tu veux rire !...
Paule : D'hui !...
Paul : Ah ah ah !...
Paule : Ah ah ah ah ah ah !
Paul : Oh oh !...
Paule : Oh oh oh oh !...
Paul : Vlà... Même si tu fermes les robinets à nouvelles le monde coule dans son actualité mondiale l'est actualisé mondialement le monde en flux continus, sur pilotis qu'il est, une pirogue que c'est même, amphibie comme grenouille qu'il est, la surface de la terre est pleine de vagues et tu es bien en peine de nager, la brasse coulée te pend au nez.
Paule : C'est le déluge qui fait l'horizon une mer déchaînée, suis flottante au gré des pluies nouvelles.
Paul : Il ne cesse de pleuvoir Paule. Notre barque (au sec ! ) est une peau qui sue. L'actualité prend le dessus. Notre histoire prend l'eaud'hui. Les flots des infos emportent tout le sec sur le passage. Les flots font l'histoire au monde. Les maîtres-nageurs de l'eaud'hui sont au plongeoir, font figures et se jettent, plouf, dans le bassin, barbotent et sortent fiers d'allure, tu parles, la goutte au nase.
Paule : Tu rames.
Paul : Je ne me marre pas. Le jauned'hui est un canard jeune qui fait coin-coin à la queue leu-leu derrière la cane.
Paule : Quel temps fait-il ?
Paul : Je suis, Paule, embarqué dans une histoire qu'est pas mienne, qui m'embarque mes proches avec, qu'est pas nôtre, Paule, elle est, cette histoire, lointaine et incrustée. Les nouvelles toujours de l'actud'hui tuent tout le temps. Tout le temps, tout le temps possible. Elle arrache l'actud'hui et coupe sans cesse sous les pieds l'herbe du sol. Mon corps défendant sa peau pelée à mon squelette, ton corps aussi sec et notre corps aussi dame ouid'hui ! y reste que les os pour rire. Dansons !
Paule : Le martellement des gouttes d'eau se fait grondant. Il rappelle à l'ordred'hui du déluged'hui des faits qui font l'actud'hui, la tienned'hui, la mienned'hui, la nôtred'hui, la à tout l'monded'hui là.
Paul : Habitons-nous les fonds marins ?
Paule : D'hui.
Paul : La terre c'est d'laboued'hui. Il pleut sans cesser. L'embarcation est trempée nos peaux suent.
Paule : Au fond sous l'eaud'hui, une aire d'air que sais-je ? Peut-être...
Paul : Tu rêves tu n'échappes pas à l'info qui tombe : tu la bois.
Paule : J'ai soif de vin, il ne tombe pas, les vignes pourrissent mon cher d'eaud'hui.
Paul : Je ne suis pas d'eaud'hui, je suis horsd'hui comme tout le monde !
Paule : Tout le monde est pris et épris d'hui c'est réel c'est réellement devenu.
Paul : Ah... Tout le monde est pourtant réellement horsd'hui.
Paule : ...
Paul : Le présent fuit. L'actu des fuites fait la présenced'hui.
Paule : Une nuit.
Paul : Oui, nuit, l'esprit prit à part de ce qui luit, du jour à tout temps des quatre saisons, du caupxkduxyk, de la dimension quatre, du cube au coeur.
Paule : Et de la valse à trois temps, de la jvqkqjy, de la triple ardeur.
Paul : Une mesure à-quatre-à-trois-temps la musique est présent làd'hui.
Paule : Tu ne peux mieux dire ! Ouïsse qui a des oreilles ouvertes.
Paul : L'pavillond'hui est bouché ! Chacun l'ouvre la bouche.
Paule : C'est l'actualité des bouches qui bavent à l'envi d'expressions pressées sous pressions.
Paul : L'orage et les éclairs tombent droit dedans la portugaise, son tympan est atteint.
Paule : Qu'est-ce que tu dis ?
Paul : Je dis quelque chose ?
Paule : Je croyais.
Paul : Il pleut des cordes et nous sommes à flux.
Paule : La tasse Paul ! Attention à la tasse !
Paul : Pfff... Pfff... Je brasse... Pfff... Pfff... Nage en plein cirage. Brasse...
Paule : Embrasse moi Paul. Là, quitte la semoule là. Sur les flots flotte.
Paul : Ah !... J'y suis Paule, Présentement là. Ouid'hui !
Paule : Ouid'hui !
Paul : Ah ah !...
Paule : Ah ah !...
Paul : Je vole !
Paule : Il y en a des poissons qui le font.
Paul : Mais oui, tu vois ?
Paule : Oui oui, je vois tu voles.
Paul : Tu voles aussi !
Paule : Mais oui ! Qu'est-ce que tu crois ?
Paul : Nous volons dans la pluie battante !...
Paule : Allons là-bas.
Paul : Allons qu'importe où tout est eau.
Paule : Mais ! Nous flottons entre eau et eau.
Paul : Entre mer et ciel. Nulle terre à l'horizon.
Paul : Allons !
Paule : Allons-y.

Paule, Paul /36
Copyright : Antoine Moreau, juillet 2006.
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