Paule, Paul /15


Paul : Paule.

Paule : Paul ?

Paul : Je voulais te dire…

Paule : Oui, je t’écoute…

Paul : Je voulais te demander…

Paule : Oui ?

Paul : Qu’entends-tu ?

Paule : …

Paul : Qu’entends-tu ?

Paule : …

Paul : …

Paule : Pardon ?

Paul : Qu’entends-tu ?

Paule : Je ne vois pas où tu veux en venir.

Paul : J’entends bien, mais qu’entends-tu ?

Paule : La même chose que toi je suppose.

Paul : En es-tu sûre ?

Paule : Et toi, qu’entends-tu ?

Paul : Toi, qu’entends-tu ?

Paule : Mais j’entends ce que tu, entends ce que tout le monde entend !

Paul : Bon…

Paule : Bon !…

Paul : Tu n’entends rien de spécial ?

Paule : Toi ?

Paul : Tu n’entends rien de spécial ?

Paule : Je n’entends rien à ta question, cher ami de mon cœur qui palpite.

Paul : Bon… Ecoute…

Paule : …

Paul : Ecoute Paule…

Paule : Je t’écoute…

Paul : Ecoute, non pas moi seul, mais, écoute, prête l’oreille mon amour, écoute alentour.

Paule : Je tends l’oreille.

Paul : Les deux ! Les deux !

Paule : J’écoute…

Paul : …

Paule : …

Paul : Qu’entends-tu ?

Paule : Des bruits, le vent…

Paul : Voilà ! Tu vois !

Paule : J’entends j’entends !

Paul : Ah ah ah !…

Paule : Ah ah ah !…

Paul : Tu vois tu vois !

Paule : Oui oui !…

Paul : Ah !

Paule : Ah !

Paul : Joie joie !

Paule : Oui oui !

Paul : Chère chère Paule…

Paule : Cher cher Paul…

Paul : Nous nous entendons !

Paule : Nous nous entendons !

Paul : Nous entendons ! Du bruit, du vent !

Paule : Du vent ! Du bruit ! Entendons nous !

Paul : Bruit !

Paule : Vent !

Paul : Nous…

Paule : Entendons !

Paul : Nous

Paule : Nous

Paul : Entendons

Paule : Entendons.

Paul : Nous entendons !

Paule : Ah !

Paul : Hé !

Paule : Je vois je vois !…

Paul : Tu crois tu crois ?

Paule : Mais oui mais oui !

Paul : Ah bon ah bon…

Paule : Pourquoi pourquoi ?

Paul : Quoi quoi ?

Paule : Non non…

Paul : Tu vois tu vois…

Paule : Mais oui mais oui !

Paul : Tu crois tu crois…

Paule : Oui oui oui.

Paul : Bon bon bon…

Paule : Voilà…

Paul : Pas tout vu…

Paule : Quoi quoi quoi ?

Paul : Tu vois tu vois…

Paule : Mais quoi mais quoi ?

Paul : Qu’en sais-je que sais-je ?

Paule : Je ne sais pas moi c’est toi…

Paul : Moi qui quoi ?!…

Paule : Toi qui vois.

Paul : Toi aussi toi aussi.

Paule : Oui oui.

Paul : T’entends t’entends ? …

Paule : J’entends j’entends.

Paul : Voilà tout voilà tout.

Paule : Je vois là je vois.

Paul : Tu vois ce que tu entends tu vois.

Paule : Oui oui !

Paul : Ah ah !

Paule : Hé hé !…

Paul : Oh oh !

Paule : Uh uh !

Paul : Hé bien dit donc…

Paule : Comme tu dis…

Paul : Hé bien dit donc…

Paule : Tu dis bien, oui…

Paul : C’est toi qui le dis, non ?

Paule : Tu l’as dit, oui.

Paul : Mais toi aussi aussi toi aussi.

Paule : Si tu le dis…

Paul : Je dis ce que j’entends.

Paule : Si tu le dis…

Paul : J’entends bien.

Paule : C’est ce que tu penses…

Paul : Je dis ce que je pense.

Paule : C’est ce que tu dis…

Paul : Je ne dis pas autre chose.

Paule : C’est ce que tu penses…

Paul : Sûrement…

Paule : C’est ce qu’on dit.

Paul : Qu’en penses-tu toi ?

Paule : Comment puis-je le savoir ?

Paul : Tu n’en penses rien ?

Paule : Je n’en pense pas moins.

Paul : Je ne sais pas ce que tu penses.

Paule : Je ne sais pas ce que tu dis.

Paul : Tu ne sais pas ce que tu dis.

Paule : Je sais que ce que je dis est dit.

Paul : Tu ne sais rien de ce qui est dit.

Paule : Ce qui est dit est dit.

Paul : Avec ça on a tout dit…

Paule : Ce n’est pas le tout de dire…

Paul : Encore faut-il que ce soit vrai.

Paule : Comme on dit : dit l’art dit là dada !

Paul : L’art là dit là dada !…

Paule : Y’a des on dit et des Honda !…

Paul : L’art là dit là dada !…

Paule : Y’a des Honda et des on dit !…

Paul : L’art là dit là dada !…

Paule : Mais là l’art est l’arme ah là là…

Paul : L’art là dit là dada…

Paule : Alors l’art est là hors la loi…

Paul : L’art là dit là dada…

Paule : Et on dit vois la belle Honda !…

Paul : L’art là dit là dada…

Paule : Et on voit là tous les on dit !…

Paul : L’art là dit là dada !…

Paule : C’est là qu’on dit ah là là là…

Paul : L’art là dit là dada…

Paule : On dit là là dans la Honda…

Paul : L’art là dit là dada…

Paule : Car la Honda c’est pas c’qu’on dit !…

Paul : L’art là dit là dada !…

Paule : C’est la Honda qui sait c’qu’on dit !…

Paul : L’art là dit là dada !…

Paule : Car la Honda c’est pas c’qu’on dit !…

Paul : L’art là dit là dada !…

Paule : C’est la Honda qui sait c’qu’on dit !…

Paul : L’art là dit là dada !…

Paule : Là là là là là là là là…

Paul : L’art là dit là dada…

Paule : Là là là là là là là là…

Paul : L’art là dit là dada…

Paule : Là là là là là là là là…

Paul : Là là là là là là là là…

Paule : Là là là là là là là là…

Paul : Là là là là là là là là…

Paule : … Ah là là !…

Paul : Ah là là…

Paule : Aaaah…

Paul : Aaaah…

Paule : …

Paul : …



Paule, Paul.
© Antoine Moreau, septembre 2003/2004
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Paule, Paul /14


Paul : Bonjour Paule.

Paule : Bonjour Paul.

Paul : Où allons-nous ?

Paule : Par là.

Paul : Par là ?

Paule : Oui.

Paul : Allons-y.

Paule : On y va.

Paul : Quoi de neuf ?

Paule : Tout.

Paul : Il n’y a que ça.

Paule : Du neuf toujours.

Paul : Rien ne change.

Paule : C’est neuf.

Paul : Toujours du nouveau encore et encore toujours.

Paule : C’est toujours pareil.

Paul : Neuf fois sur dix on peut dire.

Paule : Dix sur dix, la totale.

Paul : Chère Paule tu exagères.

Paule : Si peu.

Paul : Du neuf il y a sur du neuf il y avait…

Paule : Il n’y avait que ça : que du neuf tout le temps.

Paul : Depuis toujours, tout est neuf.

Paule : Matin, midi et soir.

Paul : Et si les poules…

Paule : Avaient des dents…

Paul : Est-ce que…

Paule : Ce serait neuf ?

Paul : Non.

Paule : Non…

Paul : Allons par là.

Paule : Allons-y.

Paul : Nous pourrions aller autre part.

Paule : Oui bien sûr.

Paul : Ce serait…

Paule : Ce serait.

Paul : Allons-y.

Paule : D’accord.

Paul : Ce n’est pas…

Paule : C’est autre chose.

Paul : Et…

Paule : Oui.

Paul : Bon…

Paule : C’est une façon de parler.

Paul : On le dit.

Paule : Et ?…

Paul : Mais où allons-nous ?

Paule : Par là par là.

Paul : Là là bas.

Paule : Là là haut.

Paul : Voilà !

Paule : C’est le calme plat.

Paul : Il y a foule.

Paule : Plate.

Paul : C’est un fleuve.

Paule : Ce n’est pas la mer.

Paul : L’océan n’y est pas.

Paule : Le grand large…

Paul : Faudrait mettre les voiles.

Paule : Il ne faut pas se voiler la face.

Paul : Ce n’est pas demain la veille.

Paule : C’est ce qu’on dit comme on dit on dirait.

Paul : On ne dit jamais les mêmes choses.

Paule : C’est toujours autrement dit.

Paul : Je n’y comprends goutte.

Paule : C’est étrange.

Paul : Moi non plus.

Paule : Où sommes nous ?

Paul : Là.

Paule : Là ?

Paul : Là.

Paule : Aaaah…

Paul : Aaaah…

Paule : Aaaaah…

Paul : Aaaah…

Paule : Ah !

Paul : Ah !…

Paule : Ah ?…

Paul : Ah !!!

Paule : Ah.

Paul : Ah.

Paule : Ah ah ah ah ah !…

Paul : Ah ah ah ah ah !…

Paule : Là !

Paul : Là.

Paule : Nous y voilà.

Paul : Y sommes là.

Paule : Y paraît qu’c’est là.

Paul : C’est là c’est sûr.

Paule : Alors là…

Paul : Quoi ?

Paule : Quoi !

Paul : Coin !

Paule : Coin !

Paul : Coin coin !

Paule : Coin coin coin !

Paul : Coin coin !

Paule : Coin !

Paul : Là qu’est-ce qu’on fait ?

Paule : Qu’est-ce qu’on fait là ?

Paul : Ne nous en faisons pas.

Paule : Il n’y a pas de quoi.

Paul : Quoi ?…

Paule : Pas de quoi.

Paul : Mais qu’est-ce qu’il y a ?

Paule : Qu’est-ce qu’il y a ?

Paul : Continuons notre marche.

Paule : Marchons.

Paul : Marchons.

Paule : Chaque pas…

Paul : Est un autre…

Paule : Paysage…

Paul : Autrement vu…

Paule : Autrement dit…

Paul : Chaque pas…

Paule : Est un autre…

Paul : Paysage…

Paule : Autrement dit…

Paul : Chut…

Paule : Ecoutons.

Paul : Les pas neufs.

Paule : Pas à pas.

Paul : Pas.

Paule : Pas.

Paul : Pas.

Paule : Pas.

Paul : Pas par là.

Paule : Par là ?

Paul : Oui.

Paule : Pourquoi pas.

Paul : Et sinon ?…

Paule : Nous allons par là.

Paul : Pourquoi pas, oui.

Paule : Oui ?

Paul : Oui !

Paule : Allons-y.

Paul : Allons allons…

Paule : Ca va ?

Paul : Ca y va.

Paule : Ca va aller.

Paul : Ca va bien.

Paule : Ca va bien comme ça.

Paul : Ca va bien comme ça va.

Paule : Ca va bien comme ça va bien.

Paul : On ne va aller bien loin comme ça…

Paule : Nous y sommes.

Paul : Encore ?

Paule : Toujours.

Paul : Chère Paule, tu n’y es plus.

Paule : Mais si cher ami de mon cœur.

Paul : Regarde moi.

Paule : Je vois…

Paul : Mon œil…

Paule : Mais si.

Paul : Mes cils.

Paule : Je ne vois pas.

Paul : Je vois ça…

Paule : Mais Paul !

Paul : Paule.

Paule : Comment ça va ?

Paul : Ca va.

Paule : Bien.

Paul : On va où comme ça ?

Paule : On y va.

Paul : Bien.

Paule : Ca va.

Paul : Ca va aller.

Paule : Ca va.

Paul : Allons.

Paule : C’est tellement neuf.

Paul : Sait-on où on met les pas ?

Paule : Je ne pense pas.




Paule, Paul.
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Paule, Paul /13


Paule : Paul ?

Paul : Paule.

Paule : Que veux-tu dire ?

Paul : Il y aurait trop à dire.

Paule : J'entends bien...

Paul : Paule ?

Paule : Paul ?

Paul : Que veux tu dire ?

Paule : Tu le sais bien...

Paul : Hum... Je peux le deviner, sans doute...

Paule : Ce n'est pas difficile.

Paul : Hum...

Paule : Hum...

Paul : Voyons voir...

Paule : Je...

Paul : ...

Paule : ...

Paul : La nuit viendra.

Paule : Mais c'est tout de suite : je tombe de sommeil.

Paul : Tu ne peux pas t'allonger ici pour piquer un somme.

Paule : Non...

Paul : Tu pourrais retourner chez toi.

Paule : Ca m'est difficile, la journée n'est pas finie. J’ai affaire.

Paul : Oui.

Paule : Asseyons-nous.

Paul : Oui, allons dans ce café.

Paule : Il y a une table libre là-bas.

Paul : Allons-y.

Paule : Assise je n'ai qu'une envie : m'allonger pour dormir.

Paul : Le sommeil commence à me gagner chère lasse.

Paule : Las las las, comme tu es...

Paul : Que prends-tu ?

Paule : Un oreiller.

Paul : Garçon ! deux cafés s'il vous plaît.

Paule : Et un lit avec des draps bien secs et propres.

Paul : Ferme les yeux tu seras mieux.

Paule : En effet, je me repose.

Paul : Je les ferme moi aussi. Fermons nos yeux.

Paule : Hum... Je sens l'odeur de ton café chaud.

Paul : Huuum... Oui, le garçon l'a posé sur la table. Je vais le prendre du bout des doigts et le porter à ma bouche.

Paule : Tu ne mets pas de sucre ?

Paul : Mais si !... Juste la moitié d'un.

Paule : Qu'il est bon d'avoir les yeux fermés.

Paul : C’est un bien-être que je découvre avec toi chère et douce amie. Fermons les yeux.

Paule : Je ne sais si on nous regarde...

Paul : As-tu tes lunettes de soleil ?

Paule : Mais oui !

Paul : Mets les ! Je mets les miennes aussi.

Paule : Je ne te vois pas mais je te sais là. Mes yeux fermés derrière des lunettes de soleil reposent.

Paul : Tu m'entends.

Paule : Si je ne t'entendais plus : tu serais silencieux.

Paul : Ou parti.

Paule : Tu ne partirais pas sans me dire au revoir, cher ami de mon coeur.

Paul : C'est vrai, mais je suis là sans te voir, cela s’entend comme un bon jour.

Paule : Mes yeux reposent, je n'ai plus sommeil.

Paul : Tu vois.

Paule : J’imagine.

Paul : C’est vrai. Je t’imagine aussi vraie que tes paupières sont fermées.

Paule : Ta voix…

Paul : Qu’a-t-elle ?

Paule : Elle m’enchante.

Paul : Je ne fais que parler.

Paule : J’entends bien.

Paul : Jamais je n’aurais cru avoir cette conversation avec toi.

Paule : Les yeux fermés derrière des lunettes noires : personne ne nous voit les yeux fermés.

Paul : Oui. C’est reposant.

Paule : Je suis reposée.

Paul : Ah la bonne heure !…

Paule : C’est un vrai bonheur.

Paul : J’en suis heureux.

Paule : Je prendrai bien une bonne bière bien fraîche.

Paul : Ah la bonne soif !…

Paule : Je grignoterais bien quelque chose aussi.

Paul : Ah !… J’en salive moi-même chère et tendre amie.

Paule : Que prends-tu ?

Paul : J’ai faim d’olives noires.

Paule : Je vais prendre alors des vertes pimentées.

Paul : Avec un bol de chips ?

Paule : Oui oui !

Paul : Ouvrons les yeux !

Paule : Gardons nos lunettes !

Paul : Voilà !

Paule : Voilà !



Paule, Paul.
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Paule, Paul /12


Paule : Nous voilà !

Paul : Nous y sommes Paule.

Paul : Nous ne pouvons pas être autre part.

Paule : Nous sommes là à part entière.

Paul : Mais troués comme passoire…

Paule : Alors nous y sommes.

Paul : Hum… Nous n’y sommes pas tout à fait.

Paule : Trou là là itou !… Sommes bordés sommes des bordés nom de nom !…

Paul : Mon foie ne fait qu’un tour et je rends la pareille…

Paule : Voilà ! Nous sommes là ailleurs. Nous n’échappons pas aux points de vue, sommes pris somme toute.

Paul : Voilà où nous en sommes.

Paule : Cher Paul, promenons nous un peu.

Paul : Je te suis.

Paule : Nous en sommes au même point, c’est le point où nous sommes. Ah ah !…

Paul : Ah ah Paule : c’est à mourir de rire !…

Paule : Je suis renversée.

Paul : Et moi donc !… Retourné !…

Paule : Je ne savais pas que la réalité…

Paul : Tu voyais, tu croyais, tu marchais, tu vivais.

Paule : Mais mais mais… Je ne suis pas morte pour autant !…

Paul : Si si !… De rire, ma chère !…

Paule : D’amour mon cher !… J’ai tout perdu.

Paul : Tu as gagné le cocotier, je suis tordu.

Paule : Je t’aime Paul ! Tu me tues.

Paul : Paule ! Tu m’as liquidé, descendu, je suis mort.

Paule : Ah !

Paul : Nos aires s’enlacent.

Paule : Nos temps ne comptent pas.

Paul : C’est la réalité vraie.

Paule : Tu ne peux mieux dire.

Paul : Mais qu’est-ce qui se passe ?

Paule : Pardon ?…

Paul : Non ! Rien ! Non ! Rien ! Non ! Rien !

Paule : Qu’est-ce qui t’arrive ? Qu’est-ce qui t’échappe ?

Paul : Je suis avec toi.

Paule : Je suis avec toi.

Paul : Voilà ! Nous y sommes !

Paule : Poursuivons notre chemin.

Paul : Il nous mène.

Paule : Promenons-nous.

Paul : Nous poursuivons.

Paule : Je te suis.

Paul : Je te suis.

Paule : Poursuivons.

Paul : Qu’à cela ne tienne, cela mène !

Paule : Ensuite nous…

Paul : Tu suis quoi ?

Paule : Mais le fil !

Paul : Ah, quel transport !…

Paule : Aussi ténu que solide le fil.

Paul : Filons filons !…

Paule : Mais quoi ! C’est un tissu !

Paul : C’est une étoffe.

Paule : Au fil des jours tout ne tient qu’à un cheveux je m’envoile suis pas à poil.

Paul : Ooooh !… Ni nue, ni sue, ni crue !

Paule : Ni vue !

Paul : Aaaah… Recouverte !

Paule : Nous y sommes Paul.

Paul : Nous ne pouvons pas être autre part.



Paule, Paul.
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Paule, Paul /11


Paule : Attention Paul !

Paul : Oups !...

Paule : Tu as failli te faire renverser.

Paul : Hum... Je n’ai pas vu cette voiture qui arrivait à toute allure ! Elle allait m’écraser.

Paule : Tu ne l’as pas vu venir.

Paul : Je n’ai regardé ni à gauche, ni à droite.

Paule : Tu n’as pas tourné la tête.

Paul : C’est toi qui me fait tourner la tête, Paule d’amour, mon manège à moi...

Paule : Chantons ! Chantons !

Paul : Dansons ! Dansons !

Paule : Tu aurais pu mourir, là, sur le champ…

Paul : Mais oui ! J’aurais pu ! Quelle étrange destinée, mourir sur le bas-côté.

Paule : Qui sait… Tu aurais pu n’être que blessé, les secours seraient venus, tu serais allé aux urgences.

Paul : J’aurais eu des côtes cassées, peut-être la tête fracassée qui sait….

Paule : Il y aurait eu du sang, me serais fait, moi, du mauvais sang pour toi mon tendre ami que j’aime.

Paul : Mon sang ne saurait mentir ma douce.

Paule : Le mien non plus mon tout doux.

Paul : Quel sang ment ? Aucun…

Paule : Mais que dit-il de vrai ?

Paul : C’est une rivière qui prend sa source, là, où il n’y a plus d’origine.

Paule : Sans mentir, je ne sais pas où tu veux en venir…

Paul : J’y viens j’y viens…

Paule : Où où ?…

Paul : Oh oh…

Paule : Ah !…

Paul : Hé…

Paule : Tu me laisses sans voix vois-tu. Que puis-je dire ? Suis-je certaine de t’avoir bien saisi ?

Paul : Mais mon amour de toujours, ce que tu as compris t’échappe et suit son cours.

Paule : Oui. Ce qui est compris gît, ce qui n’est pas compris fuit.

Paul : Nous parlons, pour ne rien, dire, non ?

Paule : J’entends bien.

Paul : Tu parles…

Paule : Suis tout ouïe.

Paul : C’est ce que tu dis.

Paule : Et qu’est-ce je dis ?

Paul : Ne le sais-tu pas ?

Paule : N’en suis pas si sûre.

Paul : N’empêche tu le dis, non ?

Paule : Oui oui…

Paul : Bon…

Paule : Bon…

Paul : Allons !…

Paule : Allons !…

Paul : Nous parlons dans le vide.

Paule : Comment en serait-il autrement ?

Paul : Je me souviens…

Paule : De quoi te souviens-tu cher et tendre ami ?

Paul : Je me souviens.

Paule : M’en souviens aussi.

Paul : Bon !

Paule : Ah !

Paul : Ah !

Paule : Bon !

Paul : Non. Ce n’est pas ça.

Paule : Bon…

Paul : Que voulais-tu dire ?

Paule : Passons.

Paul : Tour de passe-passe, mais ce n’est pas ce que je voulais dire. Dire que je ne dis pas ce que je…

Paule : Mais que dis-tu ?

Paul : Ce qui comble le vide : un trop plein.

Paule : Mazette ! Où est ta parole ?

Paul : Mes mots sont au large.

Paule : Et toi alors à quai ?

Paul : …

Paule : Tu restes coi ?

Paul : Quoi quoi quoi ?…

Paule : Coin coin coin !

Paul : Mes mots sont rentrés.

Paule : Mes rots sont de sortie.

Paul : Des mots, des rots !

Paule : En toi ne…

Paul : En moi les mots gisent.

Paule : Oh… Viens près de mon souffle que je t’embrasse !…

Paul : J’avance à pas de loup.

Paule : Il fait chaud.

Paul : Le désert avance.

Paule : Au milieu, là, dit, j’y lirai un texte seul.

Paul : Tu n’auras qu’une lecture !

Paule : Inlassablement lue et relue. La lecture ne fait pas d’histoires.

Paul : L’écriture est un fait unique ? Des écrits naissent en suite.

Paule : Prête moi ton oreille que j’y approche ma bouche.

Paul : Ton souffle dessine en mon esprit, mieux que des écritures, des histoires où je figure et prends corps.

Paule : Prends mon oreille et approche ta bouche.

Paul : Tu connais cette histoire. Je te la rappelle.

Paule : Je la connais par cœur, mais ton cœur l’appelle et je l’entends.

Paul : Le vent se lève et soulève du sable en poussière.

Paule : Au centre de l’aire vide, en apparence, je suis embrasée.

Paul : Un chien aboie.

Paule : Tu es un loup.

Paul : Mes pas seulement. Vois les au sol.

Paule : Que le diable m’emporte ! Le vent efface tout ! Je ne vois rien.

Paul : Je viens.



Paule, Paul.
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