Le temps de paroles.

Le temps de paroles.

 

 

 

Paul : Salut Paule.

Paule : Salut Paul.

Paul : Dis-moi, que fais-tu à tes moments perdus ?

Paule : Rien de spécial. Et toi ?

Paul : Je ne sais pas.

Paule : Tu ne fais rien de spécial non plus.

Paul : Je ne me souviens pas.

Paule : Mais pourquoi me poses-tu cette question ?...

Paul : C'est une question que je me pose.

Paule : Pourquoi ?

Paul : Je n'ai pas de réponses.

Paule : Mais...

Paul : Mais ?...

Paule : Moments perdus.

Paul : Sont-ils vraiment perdus ?

Paule : Voilà la question.

Paul : Hum...

Paule : Hume Paul !

Paul : Je sens je sens.

Paule : La.

Paul : Question.

Paule : Se.

Paul : Pose.

Paule : Oui.

Paul : Paule.

Paule : Il faut du temps...

Paul : Il reste comme un goût...

Paule : Qui persiste.

Paul : Tu le sens.

Paule : Comme toi Paul.

Paul : Le temps dure.

Paule : Dans.

Paule : Le sens.

Paule : Du temps.

Paul : Oui Paule.

Paule : Le goût prend le temps.

Paul : Le temps prend le goût.

Paule : En suis imprégnée Paul.

Paul : Tout le temps ?

Paule : Tout le temps.

Paul : Tout le goût ?

Paule : Non pas.

Paul : Mais alors ?...

Paule : Des goûts passent à la trappe.

Paul : Plus rien ?

Paule : Plus rien.

Paul : Oubliettes ?

Paule : Oubliés.

Paul : Mais...

Paule : Mais ?...

Paul : Tes moments...

Paule : Perdus.

Paul : Perdus ?...

Paule : Je suis, Paul, un moment perdu.

Paul : Tu t'es perdue un moment ?

Paule : Non, je suis un moment perdu.

Paul : Mazette ! Que dis-tu ?...

Paule : Nous nous retrouvons en ce moment.

Paul : En ce moment ?

Paule : Ce moment là.

Paul : Nous ne perdons rien.

Paule : Pour attendre.

Paul : Attends un peu Paule.

Paule : Attends voir Paul.

Paul : J'attends.

Paule : Attends.

Paul : J'attends.

Paule : Attends.

Paul : Qu'attendre de plus Paule ?

Paule : Un moment.

Paul : M'emporte.

Paule : N'es-tu plus là ?

Paul : Là c'est quand ?

Paule : Quand tu es là.

Paul : En ce moment.

Paule : M'emporte.

Paul : Oh temps, le vent...

Paule : Nous vivons bien à perte.

Paul : À corps perdu.

Paule : À tombeau ouvert.

Paul : À vau l'eau.

Paule : À tire larigot.

Paul : À la tienne Étienne.

Paule : À la tienne mon vieux.

Paul : À bientôt Paule.

Paule : À bientôt Paul.

 

 

Antoine Moreau, « Le temps de paroles », un dialogue entre Paule et Paul, septembre 2009.

Photographie : « bruhomont25.jpg », Bruno Homont, mai 2005,

http://pedagogie.ac-amiens.fr/arts_plastiques/pages/aacap1348.htm

Copyleft : ce texte et cette photographie sont libres, vous pouvez les copier, les diffuser et les modifier

selon les termes de la Licence Art Libre.

 

lien permanent

pdf version

Paule et Paul quadrillent.

Paule et Paul quadrillent.

 

 

 

Paule : Ah Paul...

Paul : Oui Paule ?

Paule : Je m'étais perdue.

Paul : Tu t'es retrouvée.

Paule : Il s'en est fallu de peu.

Paul : Peu s'en faut souvent.

Paule : Je ne savais plus où j'étais.

Paul : Où étais-tu ?

Paule : Je ne sais pas.

Paul : Loin d'ici ?

Paule : Je ne saurais te dire.

Paul : Enfin tu es là.

Paule : Oui avec toi.

Paul : Où allais-tu ?

Paule : Nulle part.

Paul : Tu te promenais.

Paule : Oui.

Paul : Tu t'es égarée.

Paule : Oui.

Paul : Tu as eu peur ?

Paule : Un peu.

Paul : Où va-tu maintenant ?

Paule : Je t'accompagne.

Paul : M'accompagne qui m'aime.

Paule : Voilà.

Paul : Marchons.

Paule : Marchons.

Paul : Nous allons par là.

Paule : D'accord Paul.

Paul : Nous avons le temps.

Paule : Je ne suis pas pressée.

Paul : À la bonne heure !...

Paule : Tout à l'heure j'accélérais le pas.

Paul : Tu cherchais ton chemin.

Paule : Oui, je craignais m'être perdue pour toujours.

Paul : Tu te serais trouvée de toutes façons.

Paule : Ce n'est pas sûr Paul.

Paul : Mais si !...

Paule : Je ne sais pas, j'aurais pu me perdre.

Paul : Qu'est-ce que perdre ?

Paule : La boule.

Paul : Tu t'affolais ?

Paule : Mes jambes flageolaient je ne sais plus où donner de la tête.

Paul : Tu devenais insensée ?

Paule : Oui, je ne savais plus dans quel sens aller.

Paul : Tu perdais le nord.

Paule : J'étais désorientée.

Paul : Marchons.

Paule : Tu es mon aimant.

Paul : Je t'aime Paule.

Paule : Tu es mon Orient.

Paul : De toi je suis éperdu.

Paule : De toi je suis étrouvée.

Paul : Nous voilà.

Paule : Allons.

Paul : Allons.

Paule : Où allons-nous ?

Paul : Qu'importe Paule.

Paule : Qu'importe Paul.

Paul : Nous allons.

Paule : Nous marchons

Paul : Nous ne tournons pas en rond.

Paule : Nous déambulons.

Paul : Notre chemin est clair.

Paule : Il est courbe et droit.

Paul : Comme l'horizon.

Paule : La terre est plate visiblement.

Paul : Elle est ronde.

Paule : Notre chemin est droit et courbe.

Paul : Il revient toujours.

Paule : Mais jamais le même.

Paul : Toujours c'est la route.

Paule : Nous marchons Paul.

Paul : Des routes il y en a.

Paule : Mais la nôtre là est un chemin.

Paul : Nous cheminons.

Paule : Sans savoir où nous allons vraiment.

Paul : Vraiment ?

Paule : Oui Paul, même si tu le sais.

Paul : Nous allons par là.

Paule : Sais-tu où nous allons ?

Paul : Nous allons voir.

Paule : Mais n'avais-tu pas quelque part où aller ?

Paul : Quand tu m'as croisé, perdue que tu étais ?

Paule : Oui.

Paul : Non.

Paule : Tu n'étais pas perdu ?

Paul : Je flânais.

Paule : Tu allais ?

Paul : De ci de là.

Paule : Sans destination ?

Paul : Par ci par là.

Paule : Comment ça ?

Paul : Comme ci comme ça.

Paule : Mais Paul !...

Paul : Quoi Paule ?...

Paule : Où allais-tu ?

Paul : Nulle part.

Paule : Tu te promenais ?

Paul : Oui.

Paule : Tu n'étais pas perdu ?

Paul : Non.

Paule : Tu n'as pas eu peur ?

Paul : Mais de quoi Paule ?

Paule : De ce qui pouvais t'arriver.

Paul : Il ne m'arrive rien d'autre que ce qui m'arrive.

Paule : Et que t'arrive-t-il ?

Paul : Toi Paule.

Paule : Accidentel.

Paul : Tel quel sans nul dommage.

Paule : Incidentiel.

Paul : Comme tombé mais sans chute aucune

Paule : Dans mes bras Paul !

Paul : Dans mes bras Paule !

Paule : Dansons !

Paul : Dansons !

Paule : Valsons !

Paul : Tangotons !

Paule : Capoeiraons !

Paul : Cha-cha-chaons !

Paule : Jivons !

Paul : Paso doblons !

Paule : Rumbaons !

Paul : Sambaons !

Paule : Javaons !

Paul : Lambadaons !

Paule : Gavottons !

Paul : Kwasa kwasaons !

Paule : Coupé-décaléons !

Paul : Pantozalions !

Paule : Odissions !

Paul : Zapinons !

Paule : Ceilions !

Paul : Rigaudons !

Paule : Rockons !

Paul : Salsaons !

Paule : Sardanons !

Paul : Calypsotons !

Paule : Balletons !

Paul : Boogyons !

Paule : Bourréons !

Paul : Raggadaons !

Paule : Mazurkaons !

Paul : Menuetons !

Paule : Musettons !

Paul : Slowons !

Paule : Marineraons !

Paul : Horaons !

Paule : Tamouréons !

Paul : Chacareraons !

Paule : Bacchanalons !

Paul : Carmagnalons !

Paule : Farandolons ! !

Paul : Gavottons !

Paule : Hip-hopons !

Paul : Jerkons !

Paule : Swinguons !

Paul : Tarentellons !

Paule : Twistons !

Paul : Zoukons !

Paule : Foxtrottons !

Paul : Discotons !

Paule : Electrotons !

Paul : Butons !

Paule : Break dançons !

Paul : Bambaons !

Paule : Cancanons !

Paul : Giguons !

Paule : Bolérons !

Paul : Biguinons !

Paule : Pavanons !

Paul : Pogotons !

Paule : Mambotons !

Paul : Quadrillons !

Paule : Ah !... Où sommes-nous ?

Paul : En tous lieux à corps perdus.

Paule : Ah... Paul... J'ai la tête qui tourne...

Paul : Tournons !

Paule : Où allons-nous (je tombe...) ?

Paul : Dans mes bras Paule.

Paule : Dans mes bras Paul.

Paul : Respirons.

Paule : Reprenons souffle.

Paul : Nous allons aller par là.

Paule : D'accord Paul.

Paul : Nous avons le temps.

Paule : Je ne suis pas pressée.

Paul : À la bonne heure !...

Paule : Poursuivons notre marche.

Paul : Allons.

 

 


Antoine Moreau, « Paule et Paul quadrillent », un dialogue entre Paule et Paul, le 06 octobre 2009.
Photographie : « paimpont-foret-broceliande-01.jpg », Fabrice Penhoet, 09 septembre 2009,
Copyleft : ce texte et cette photographie sont libres, vous pouvez les copier, les diffuser et les modifier

selon les termes de la Licence Art Libre.

lien permanent

pdf version

Un penchant historique.

Un penchant historique.

 

 

 

Paul : Dis-moi Paule.

Paule : Je t'écoute Paul.

Paul : Que penses-tu ?

Paule : De quoi ?

Paul : Que penses-tu ?

Paule : À quoi je pense ?

Paul : Que penses-tu ?

Paule : Je ne sais pas ce que tu veux dire.

Paul : Dis-moi Paule.

Paule : Mais Paul !...

Paul : Que penses-tu ?

Paule : Je ne pense pas.

Paul : Tu ne penses pas quoi ?

Paule : Je ne pense pas.

Paul : N'y pensons plus Paule.

Paule : N'y pensons plus Paul.

Paul : Et à part ça ?

Paule : Ça va.

Paul : Qu'est-ce qui va ?

Paule : Ça.

Paul : Qu'est-ce que ça ?

Paule : Tout ça.

Paul : Ça quoi ?

Paule : Ça n'a pas de nom.

Paul : Ça m'en bouche un coin...

Paule : C'est déjà ça.

Paul : C'est le cas de le dire.

Paule : Si on peut le dire : c'est le ça.

Paul : Ça alors !

Paule : Ça coule de source, non Paul ?...

Paul : Ça suffit comme ça.

Paule : Ça va Paul.

Paul : Ça va.

Paule : Ça va sans dire.

Paul : Alors Paule n'en parlons plus.

Paule : Motus !

Paul : Motus !

Paule : De quoi parlions-nous Paul ?

Paul : De ça.

Paule : Ah oui !... Ça n'a pas d'importance.

Paul : Ça ne fait que passer.

Paule : Ça passera, c'est comme tout.

Paul : Passe.

Paule : Tout passera à la trappe.

Paul : De l'histoire nous ne retenons rien.

Paule : Rien que des noms

Paul : Ah nom mais !...

Paule :Les noms des grands !

Paul : Les grands noms !

Paule : Les gros noms.

Paul : Gros noms comme...

Paule : Gros mots !

Paul : Des personnages.

Paule : Plus des personnes.

Paul : Y'a plus.

Paule : Personne !

Paul : Y'a personnages

Paule : Historiques !...

Paul : Ah ah ah !...

Paule : Oh oh oh !...

Paul : Attrape l'histoire qu'elle !

Paule : Les premiers à la trappe qu'ils sont !

Paul : Sont si sont secs !

Paule : Ah ah ah !... Paul arrête !...

Paul : Arrête de sardine toi-même Paule !...

Paule : Oh oh oh !...

Paul : Ah ah ah !...

Paule : Ça ne compte pas !

Paul : Ça compte pour du beurre !

Paule : Beurre noir Paul !

Paule : Œil au !...

Paul : Oh oh oh !...

Paule : Petit bout.

Paul : De la lorgnette.

Paule : Que c'est l'histoire !

Paul : De la petite.

Paule : Toute petite.

Paul : D'autant plus petite.

Paule : Qu'elle se fait grosse.

Paul : Et grosse de quoi Paule ?

Paule : De caca Paul !

Paul : Ah ! Oh !...

Paule : Hé ! Hu !...

Paul : Ma cocotte tu cocottes !

Paule : Je pue Paul comme l'histoire peut.

Paul : Mais elle choit.

Paule : Toi t'es mon choix.

Paul : Ça tombe bien, t'es mon choix aussi toi.

Paule : Nous nous trouvons comme personnes !...

Paul : Non pas que nous n'ayons pas d'histoires...

Paule : Mais que l'Histoire ne nous a pas.

Paul : Nos histoires nous font.

Paule : Nous ne faisons pas l'Histoire.

Paul : Avec un grand H il n'y a plus personnes.

Paule : Mais personnages !...

Paul : N'ont plus d'histoires.

Paule : L'Histoire les fait.

Paul : Chair à saucisses !

Paule : Sont secs !...

Paul : Ah ah ah !...

Paule : Oh oh oh !...

Paul : Les personnages historiques.

Paule : Les personnages.

Paul : Sont secs !...

Paule : Ah ah ah !...

Paul : Oh oh oh !...

Paule & Paul : Nous sommes personnes !

Paul & Paule : Personnes à part entières !

Paule : Manquerait plus que je sois prise...

Paul : Par l'Histoire ?...

Paule : Par l'Histoire oui même !

Paul : Quelle histoire !...

Paule : Quelle histoire Paul ?

Paul : Je ne sais pas.

Paule : La tienne, la mienne, la nôtre.

Paul & Paule : À la tienne !

Paule : À quoi ça tient, tiens !

Paul : À pas grand chose, pour sûr...

Paule : À on ne sait quoi.

Paul : À on verra bien si ça tient bien.

Paule : Mais ça penche Paul.

Paul : Ça penche.

Paule : Ça ploie sous le poids.

Paul : Ça va comme ça Paule.

Paule : Ça suit son cours là.

Paul : Ça !... Tu peux le dire...

Paule : Mais où ça s'en va ?

Paul : Mais tu vois bien : loin à perte de vue.

Paule : À perte de vie tu veux dire...

Paul : Si tu veux.

Paule : Je ne veux rien Paul, je vois.

Paul : Si tu vois.

Paule : Je vois Paul la penchée sans fin.

Paul : N'y penche plus.

Paule : N'y penchons plus.

Paul : Allons.

Paule : Allons donc.

Paul : À demain ?

Paule : À demain Paul.

 

 

« Un penchant historique », Antoine Moreau, octobre 2009.
Photographie : Denis Chenu, 2008.  
Copyleft : ce texte et cette photographie sont libres, vous pouvez

les copier, les diffuser et les modifier selon les termes de la Licence Art Libre.

 

 

 

lien permanent

pdf version

Paul et Paule se découvrent.

 

 

Paul : Paule !

Paule : Paul !

Paul : Paule ?

Paule : Paul ?

Paul : Paule...

Paule : Paul...

Paul : Paule.

Paule : Paul.

Paul : Pau...

Paule : Le !

Paul : Le ?

Paule : Pau !

Paul : Ah ! Paule !

Paule : Hé Paul !...

Paul : Là !

Paule : Là ?...

Paul : Oui Paule.

Paule : Oui Paul.

Paul et Paule : Oui !

Paule et Paul : Oui !

Paul : Ouïe !

Paule : Ouvertes sont mes oreilles Paul !

Paul : Ah ! Quel bonheur...

Paule : Ouïe !

Paul : J'entends Paule, y compris par mes pores !

Paule : Ah... Paul...

Paul : Ah Paule...

Paule : Paul.

Paul : Paule.

Paule : Paul !

Paul : Paule !

Paule : Paul ?

Paul : Paule ?

Paule : Oui Paul ?

Paul : Que penses-tu de...

Paule : De quoi ?...

Paul : De...

Paule : Pas grand chose.

Paul : Ah bon...

Paule : ...

Paul : Moi non plus.

Paule : Bon.

Paul : Et...

Paule : Pareil.

Paul : Moi aussi.

Paule : Paul...

Paul : Paule ?...

Paule : Je vois.

Paul : Oui ?...

Paule : Je vois ce que tu veux dire.

Paul : Je vois.

Paule : Sans dire cela va.

Paul : Dieu merci, nous ne pensons pas.

Paule : Manquerait plus que ça !...

Paul : Pitié!...

Paule : Nous avons cette grâce...

Paul : Grâce à quoi je me le demande...

Paule : Grâce à...

Paul : Oui, grâce à....

Paule : N'y pensons plus Paul.

Paul : …

Paule : …

Paul : …?

Paule : …

Paule : …

Paul : Paule...

Paule : Paul ?...

Paul : Non rien...

Paule : Mais si.

Paul : Mais...

Paule : Mais ?...

Paul : Rien...

Paule : Tiens !... V'là aut'chose !...

Paul : Aut'chose ?...

Paule : Oui.

Paul : Ah bon ?...

Paule : Oui.

Paul : Ah bon...

Paule : Tu ne le savais pas ?

Paul : Faut croire que : non.

Paule : V'là aut'chose...

Paul : Encore ?...

Paule : Encore et encore Paul.

Paul : J'n'y comprends rien.

Paule : C'est entendu Paul.

Paul : Quoi ?...

Paule : T'es compris.

Paul : Ah !...

Paule : Hé !

Paul : Mais alors ?...

Paule : Hé oui !...

Paul : Mais...

Paule : Hé !...

Paul : Ho...

Paule : T'chose.

Paul : V'là qu'je...

Paule : Non non... Tu...

Paul : Qu'en sais-tu Paule ?

Paule : C'est vrai, qu'en sais-je ?...

Paul : Juste ce qui est senti.

Paule : Sur la po.

Paul : Oui Peaule.

Paule : Oui Peaul.

Peaul : Peaule ?...

Peaule : Peaul ?...

Peaul : La po là.

Peaule : Là la po.

Peaul : Po contre po.

Peaule : Po à po.

Peaul : Po po.

Peaule : Peau l.

Peaul : Peau le.

Peaule : Le ?...

Peaul : La.

Peaule : Là.

Peaul : Oui là.

Peaule : Là là et là.

Peaul : Là !

Peaule : Paul ?

Peaul : Paule ?

Peaule : Est-ce encore toi là ?

Peaul : Et toi là ?

Peaule : Je, ne sais. Pas.

Peaul : Je, ne sais pas non plus.

Peaule : Alors qui est-ce ?

Peaul : Qui sait ?

Peaule : Peaul est Paul ?

Peaul : Peaule est Peaule ?

Peaule : Peaul et Paul.

Peaul : Peaule et Peaule.

Peaule : Peaul est Peaule ?

Peaul : Peaule est Peaul ?

Peaule : Où ?

Peaul : Quand ?

Peaule : Comment ?

Peaul : Pourquoi ?

 e     e : Nos noms qu'ont fondus.

 e : Nos noms...

 e     e : Fondus.

 e : Que reste-t-il ?

 e     e : Que reste-t-elle ?

 e : L'e !

 e     e : L'e deux ! Deux e.

 e : D'eux ?

 e     e : D'elles.

 e : À tire.

 e     e : Mais la gravitation là.

 e : Oui là.

 e     e : Tombes-tu de... ?

 e : Oh non...

 e     e : ...

Paul : Paule ?

Paule : Paul ?

Paul : Oui Paule.

Paule : Quel est cet intervalle ?

Paul : Une absence ?

Paule : Une extrême présence ?

Paul : C'est selon.

Paule : Et selon toi ?

Paul : Mais Paule, je n'existe pas.

Paule : …

Paul : Ou si peu.

Paule : Le peu être.

Paul : Peu sur face sensible oui.

Paule : Le plus profond alors c'est bien ça.

Paul : Laisse-moi Paule...

Paule : Oui ?...

Paul : Toucher là.

Paule : Touche ce que tu.

Paul : Je le sais je le sens.

Paule : Mon peu suffit largement.

Paul : Il n'est pas à la peine.

Paule : De la veine.

Paul : Oui Paule, il est charnière.

Paule : Plus Paul ! Il est chair.

Paul : Le peu chair ?...

Paule : Oui Paul, le peu t'être.

Paul : Il m'est ?...

Paule : Il t'est.

Paul : Qu'entends-tu par là ?

Paule : Je sens ton peu t'être là toujours : là.

Paul : Là ?...

Paule : Tellement là que tu ne le sens pas.

Paul : Je pressens quelque chose.

Paule : Peu t'est.

Paul : J'existe donc si peu.

Paule : Tu existes Peu paul.

paul : Toi aussi paule ?

paule : Moi aussi peu m'est.

paul : C'est tout ?

paule : C'est tout.

paul : C'est peu.

paule : C'est tout.

paul : Plus rien à ajouter ?

paule : Plus rien du tout.

paul : Il en faut peu.

paule : Un peu tout.

paul : Et puis plus rien ?

paule : Plus rien peu.

paul : Et toi paule que peu tu ?

paule : Peu paul, c'est tout.

paul : Et qui plus est ?

paule : C'est trop.

paul : Trop ?

paule : Beaucoup trop.

paul : Là ?

paule : Là aussi...

paul : Oups...

paule : C'est ainsi.

paul : Trop là.

paule : Encore trop.

paul : Mais alors ?...

paule : Alors viens.

paul : Comment ça rien ?

paule : Puisque nous sommes peu.

paul : C'est nul.

paule : Oui paul, c'est nul.

paul : Argh... paule... Je me sens...

paule : Ta matière, vivante, paul, est vide.

        : Vide ?...

         : En son cœur même.

        : Mais moi ?... Vide ?...

         : Vacant.

        : Aaaah...

         : Tu es à l'entour, sur les bords.

        : Mon peu ?

         : Le peu qui te tient là.

        : Je respire.

         : Tu vois !... Empli d'air que t'es !...

        : Mais l'air n'est pas de rien fait.

         : Non, et ta vacance est emplie.

        : Alors il n'y a pas de vide réel.

         : Non, c'est une façon de parler.

        : J'aime mieux ça.

         : Vie de vie.

        : Pardon ?...

         : La vie est par tout.

        :

         : Par rien.

        :

         : Par peu.

        :

         : Par ailleurs.

        :

         : Par là.

        :

         :

        :

         :

        :

         :

        :

         :

 

 


Antoine Moreau, « Paul et Paule se découvrent », le 15 septembre 2009.

Photographie : Mickael Brangeon, « coucher-soleil-sur-lac-2 », 08 Juillet 2008,

http://galerie.peupleloup.info/picture.php?/117/category/lumieres

Copyleft : ce texte et cette photographie sont libres, vous pouvez les copier, les diffuser et les modifier

selon les termes de la Licence Art Libre 

 

 

lien permanent

pdf version

Paul bon jour Paule.

Paul bon jour Paule.

 

 

Paul : Paule, bonjour !

Paule : Bonjour Paul !

Paul : Quel beau jour !...

Paule : C'est un vrai jour.

Paul : Un jour d'au jour d'hui.

Paule : Oui !

Paul : Tu l'as vu se lever ?

Paule : C'était beau...

Paul : C'était bon...

Paule : C'est vrai...

Paul : À midi le jour sera à son faîte.

Paule : Je serai à la... !

Paul : Le soleil au top fera clair.

Paule : À minuit le jour sera fini.

Paul : La lune au top sera rousse ou...

Paule : Croissante ou décroissante.

Paul : En moitié ou trois quarts ou un quart ou pleine.

Paule : Elle éclaire le jour proche à venir.

Paul : Avec, Paule, tous ces soleils qui criblent le ciel sombre !...

Paule : Ah !... Paul... Les soleils de la nuit...

Paul : Mettons-nous à l'ombre, il chauffe dur.

Paule : Il est près de midi, non ?...

Paul : Oui et j'ai presque faim.

Paule : Nous mangerons tout à l'heure.

Paul : Pour l'heure, nous avons le temps de jaser.

Paule : C'est nous qui prenons le temps...

Paul : Ce n'est pas le temps qui nous prend.

Paule : Nous avons le jour.

Paul : Nous aurons toute la nuit.

Paule : Pour être happés par le sommeil ensuite.

Paul : Te souviens-tu du temps qui s'écoule de ton sommeil ?

Paule : Sauf quand je suis réveillée en plein milieu de la nuit.

Paul : Sinon, non ?...

Paule : Non. Et toi ?

Paul : Non, je m'endors et je me réveille comme si c'était la seconde d'après.

Paule : Paul ! J'aime la nuit !

Paul : Moi aussi Paule, j'aime la nuit !...

Paule et Paul : Nous aimons la nuit !

Paul et Paule : Étoilée !

Paule : Mangeons, il est l'heure.

Paul : Bonne idée, j'ai comme un creux.

Paule : Allons nous asseoir à cette table là-bas.

Paul : Allons !...

Paule : Je vais prendre le menu du jour.

Paul : Moi aussi.

Paule : Un peu de vin ?

Paul : Oui, avec plaisir !...

Paule : Ton plaisir sera le mien.

Paul : Ton plaisir sera le mien.

Paule : Mon plaisir sera le tien.

Paul : Mon plaisir sera le tien.

Paule et Paul : À la bonne nôtre !...

Paul : Bonne santé Paule !

Paule : Bonne journée Paul !

Paul : Bon appétit !

Paule : Merci, à toi aussi.

Paul : Merci.

Paule : Nous ne parlons pas la bouche pleine.

Paul : Ni à moitié ni aux trois quart ni à un seul quart.

Paule : Prenons le temps de mastiquer ce que nous dégustons.

Paul : Avec délice, cette salade là.

Paule : Ces œufs mayo : quel bonheur !...

Paul : Un peu de sel ?...

Paule : Ah oui... Merci.

Paul : Un peu de poivre ?...

Paule : Oui ! Merci.

Paul : Je prends de la moutarde pour mon steak-frites.

Paule : Ne m'en parle pas Paul... Je salive...

Paul : Mangeons.

Paule : Mangeons.

Paul : Régalons-nous de ce que la faim nous offre.

Paule : Quelle joie que d'avoir faim !...

Paul : Buvons !

Paule : Tchin-tchin !...

Paul : Aaaahh... Quelle joie que d'avoir soif...

Paule : Buvons !...

Paul : Vois, Paule, ce plateau de fromages !...

Paule : Il est magnifique.

Paul : Et qu'il sent bon...

Paule : Huuumm...

Paul : Huuuuummm....

Paule : Coupe m'en un morceau s'il te plaît Paul.

Paul : Un morceau de Mont d'Or ?...

Paule : Parfait !

Paul : Je vais prendre une tranche de Comté du Jura.

Paule : Si je m'écoutais j'en prendrai bien aussi...

Paul : Écoute-toi !...

Paule : Je n'ose comprendre ce que tu dis...

Paul : Tu as très bien entendu, voici une belle et délicieuse tranche de Comté.

Paule : Merci Paul, le Comté on l'aime sans compter, non ?...

Paul : À qui le dis-tu...

Paule et Paul : À nous le bon Comté !

Paul : Tu me fait goûter ton Mont d'Or ?...

Paule : Tiens, en voilà un bout, sur la pointe de mon couteau, prends.

Paul : Merci. Huuuumm.... Succulent, à tomber par terre...

Paule : Ne te retiens pas Paul, je suis là pour te rattraper.

Paul : Je te suis reconnaissant.

Paule : Il y a longtemps que nous nous connaissons.

Paul : Nous nous connaissons comme depuis la nuit des temps.

Paule : Nous nous connaîtrons jusqu'à la fin des temps.

Paul : À la tienne Paule !

Paule : À la tienne Paul !

Paul : Un café ?

Paule : Ah oui !

Paul : Il est bio.

Paule : Bien !

Paul : Il est bon ?

Paule : Mais oui.

Paul : Bon.

Paule : Je les aime serrés les cafés.

Paul : Moi aussi, comme ceux pris au comptoir.

Paule : Et chauds, fumant légèrement avec l'arôme qui vient chatouiller la narine.

Paul : Je te suis entièrement Paule.

Paule : Nous y allons maintenant ?...

Paul : Allons !...

Paule : Il y a un parc là-haut, nous pourrons nous asseoir à un banc s'il y en a un de libre.

Paul : Très bien,

Paule : C'est calme ici.

Paul : Il y a des cris : des enfants jouent à a guerre.

Paule : Ils ont bien raison, au jeu comme au jeu !

Paul : Les oiseaux répliquent ! Tu les entends ?...

Paule : Ce sont des merles.

Paul : Oui.

Paule : Un banc là-bas.

Paul : Allons-y il est vacant.

Paule : Marchons lentement Paul.

Paul : Oui Paule.

Paule : Nous arriverons bien.

Paul : Nous y arriverons.

Paule : Sens-tu l'air ?

Paul : Oui Paule, le vent caresse.

Paule : Sens-tu la tiédeur ?

Paul : Oui, mi-soleil mi-nuage m'enveloppe et je comme flotte.

Paule : Ah Paul ! Sens-tu comme une odeur là ?...

Paul : Où ça Paule ?

Paule : Là, partout tout autour.

Paul : Oui je sens Paule.

Paule : Nous voilà au banc.

Paul : Asseyons-nous.

Paule : Oui Paul.

Paul : Que voulais-tu me dire ?

Paule : Mais je ne sais pas.

Paul : Tu ne sais plus ?

Paule : Non, je ne sais pas.

Paul : Bon...

Paule : Rien peut-être.

Paul : Ah oui.

Paule : Et toi ?

Paul : Non plus.

Paule : Très bien.

Paul : Bon.

Paule : Nous sommes bien.

Paul : Hé oui !...

Paule : Regarde Paul !

Paul : Quoi ?...

Paule : Là !

Paul : Quoi ?...

Paule : En face.

Paul : Quoi ?

Paule : De toi !

Paul : Où ?

Paule : Là.

Paul : Ah !

Paule : Ah...

Paul : Oui Paule... Je vois.

Paule : Ah...

Paul : Je vois.

Paule : Tu vois.

Paul : Je vois Paule.

Paule : Il n'y a rien d'autre là.

Paul : Je vois Paule.

Paule : Là, tu vois.

Paul : Oui, c'est...

Paule : Tout, rien d'autre.

Paul : Que là.

Paule : Que là.

Paul : Là que là.

Paule : Que là que.

Paul : Là.

Paule : Voilà tout.

Paul : Tout autour et.

Paule : Partout.

Paul : Là en de hors.

Paule : De dans aussi.

Paul : Oui Paule, à l'ex et à l'in térieur.

Paule : Au post et à l'ant aussi.

Paul : T'es rieuse !

Paule : T'es rieur !

Paul et Paule : Ah ah ah !...

Paule et Paul : Ah ah ah !...

Paul : Le jour baisse.

Paule : Ah oui...

Paul : Levons-nous et rentrons.

Paule : Oui Paul, il faut que j'y aille.

Paul : Moi aussi.

Paule : Allons-y.

Paul : Nous nous verrons plus tard.

Paule : Nous nous rencontrerons.

Paul : Comme ça.

Paule : Bon soir Paul.

Paul : Bonne nuit Paule.

Paul : Je vais par là.

Paule : Et moi par là.

Paul : Allons-y.

Paule : Allons !...

Paul : À bien tôt.

Paule : Tôt ou tard.

Paul : Nous nous rencontrerons.

Paule : Nous nous verrons.

Paul : Au revoir Paule !

Paule : Au revoir Paul !

Paul : La prochaine fois.

Paule : À la prochaine !

 

 

Antoine Moreau, « Paul bon jour Paule », 12 septembre 2009.

Photographie : XO-3b.jpg‎, Ignacio González Tapia, 20 avril 2008,

http://commons.wikimedia.org/wiki/File:XO-3b.jpg

Copyleft : ce texte et cette photographie sont libres, vous pouvez les copier, les diffuser et les modifier selon les termes de la Licence Art Libre http://www.artlibre.org

 

 

lien permanent

pdf version

pages 1 2 3 4 5 6 7 (8) 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 -> 23