Paule, Paul /5
Paul : Bonsoir Paule.
Paule : Tiens !… Bonsoir Paul.
Paul : As-tu le temps ?
Paule : Un peu, oui, je vais le prendre, pour toi cher et doux ami.
Paul : Le temps de faire un tour.
Paule : Plusieurs même.
Paul : Bon… Mais ce sera du temps perdu très certainement.
Paule : Oh… Je ne sais pas ce que c’est : « perdre son temps ».
Paul : Oui, tu as raison. Comment perdre son temps ?…
Paule : En ne faisant rien ?
Paul : On pourrait le croire.
Paule : En tournant autour du pot ?
Paul : La terre elle-même.
Paule : Mourir d’ennui, est-ce la victoire du temps ?
Paul : Attends attends…
Paule : Quoi ?
Paul : Hum… Je ne sais pas.
Paule : Alors ?…
Paul : Tu ne perds rien pour attendre.
Paule : Pardon Paul ?
Paul : Excuse-moi. Je ne sais pas ce que je dis.
Paule : J’avais compris.
Paul : N’as-tu rien d’autre à faire ?
Paule : Je ne m’en fais pas pour ça. Le temps viendra.
Paul : Tu parles…
Paule : Que faire d’autre ?
Paul : N’y a-t-il pas mieux à faire ?
Paule : Il ne faut pas s’en faire. Soit tranquille.
Paul : Mais j’ai le cœur qui bat.
Paule : Laisse-le battre. A la mesure du temps. Qui passe à travers. Tes poumons…
Paul : Ah !… Paule…
Paule : Oui mon ami. Que faire ?…
Paul : Mais je ne sais pas et pourquoi faire ?
Paule : Faire... Qu’y pouvons-nous faire ?
Paul : Nous pourrions faire du temps.
Paule : Cela se peut-il ?
Paul : Ah !…
Paule : Oh !…
Paul : Suffit de le prendre, non ?… Le temps est à prendre.
Paule : Ben oui.
Paul : Bon.
Paule : Ainsi là, nous fabriquons du temps ?
Paul : Hé !… Paule d’amour !… Nous pensions le perdre, non ?
Paule : La question se posait si je me souviens bien.
Paul : Perds-tu la mémoire chère et douce amie ?
Paule : Je le crains, oui. Je perds mes moyens, la mémoire, mais aussi l’esprit, je crois bien.
Paul : Aaargh… Ma pauvre amie, te voilà qui travaille du chapeau… Change de gapette, mets-toi deux secondes à l’ombre.
Paule : Deux secondes suffiront ?
Paul : C’est une impression.
Paule : Je crois bien que je vais m’allonger au ras du sol.
Paul : Continuons notre chemin, magnifique amie. Si tu le veux bien.
Paule : Oui, mais laisse moi choir au sol deux minutes.
Paul : Je t’en prie. Imprime en toi la fraîcheur de l’herbe rase.
Paule : Merci. Je ferme les yeux.
Paul : Il fait nuit, les lumières brillent, les trottoirs sont mats autour.
Paule : En rentrant je me connecterai au net.
Paul : Moi aussi.
Paule : J’imagine…
Paul : Nous nous croiserons.
Paule : Sûrement.
Paul : Mais dis-moi Paule, qu’as-tu le temps de faire ces temps-ci ?
Paule : Ecoute, je me le demande… J’ai tout mon temps pris tout le temps.
Paul : Tu es à temps plein.
Paule : Je suis trop à temps trop plein, oui, trop.
Paul : Perds le ! Perds le le temps temps !….
Paule : Je compte bien y arriver un peu. Ce n’est pas facile tous les jours. Me colle à la peau, c’est une ombre qui fait de l’ombre.
Paul : Tu te relèves ?
Paule : Oui, continuons notre chemin.
Paul : Tu as de la poussière au dos.
Paule : Laisse ! Elle s’enlèvera toute seule.
Paul : Le ventilateur de mon ordinateur est en panne.
Paule : Mon fournisseur d’accès a été en rade pendant 3 heures.
Paul : Mon disque dur a rendu l’âme avant-hier, heureusement j’avais fait une sauvegarde sur un disque externe fireware.
Paule : Quelqu’un tente de pénétrer dans mon Personal Computer.
Paul : J’ai un bon coupe-feu et je passe par un proxy anonyme.
Paule : Quand il pleut, je n’ai pas toujours mon parapluie avec moi et quand je l’ai sous la main, il s’ouvre avec le vent et se referme. Je suis trempée aux pieds.
Paul : Boire est nécessaire comme respirer.
Paule : Je bois des tasses le nez au vent.
Paul : Mais Paule !… Il te faut mettre les mains dans le cambouis ! Un ordinateur n’est pas un sèche cheveux : c’est complexe, fragile et le réseau est un sac de nœuds grouillant.
Paule : Je sais bien que ma mise en plis n’est pas de mise. Dés le matin suis toute décoiffée, mon peigne peine à démêler les histoires, me faut faire face au miroir et brosser la tignasse logiquement.
Paul : C’est beaucoup mieux pour ton chapeau. Il tient et toi debout. Tu passerais par un bricolo de coiffeur à la noix qu’il te tondrait la boule et te refilerait pour bonbon une moumoute télécommandée vérolée.
Paule : Mes tifs sont des fils conducteurs !
Paul : Tu devrais mettre un chapeau, le soleil cogne. J’ai la sueur qui coule moi.
Paule : Mettons-nous là, l’ombre est fraîche.
Paul : Quel temps !…
Paule : Nous sommes en hiver et pourtant…
Paul : Le temps passe vite.
Paule : Le temps passe tout le temps.
Paul : Tant qu’il y a du temps…
Paule : Il y a de la vie…
Paul : Pourrait y avoir du temps sans vie.
Paule : Au temps pour moi !…
Paule, Paul.
© Antoine Moreau, septembre 2003/2004
Copyleft : cette oeuvre est libre, vous pouvez la redistribuer et/ou la modifier selon les termes de la Licence Art Libre. Vous trouverez un exemplaire de cette Licence sur le site Copyleft Attitude
http://artlibre.org ainsi que sur d'autres sites.
Paule, Paul /4
Paul : Non ?
Paule : Si !
Paul : Non !
Paule : Mais si !
Paul : Mais oui ! C'est bien toi !
Paule : Mais oui !...
Paul : Ah !...
Paule : Ah !...
Paul : Ah ah ah !...
Paule : Ah ah ah !...
Paul : Mais qu'est-ce que tu fais là ?
Paule : Et toi ?
Paul : Moi ?
Paule : Oui !
Paul : Pourquoi moi ?
Paule : Mais n'est-ce pas toi ?
Paul : Mais si mais si mais quand même...
Paule : Bon bon bon. Alors ?... Que fais-tu là ?
Paul : Là ?
Paule : Oui qu'est-ce que tu fais oui ?
Paul : Et bien ne le vois-tu pas ? Je me promène.
Paule : Oui mon cher et doux ami, je le vois...
Paul : Et toi, que fais-tu ?
Paule : Ne le vois-tu pas ? Je me promène.
Paul : Ah ! Toi aussi ! Tu vois...
Paule : Que vois-je ?...
Paul : Nous nous promenons.
Paule : Oui oui ! Nous nous ! Et… Où allais-tu ?
Paul : Nulle part, je me promenais. Et toi, chère et superbe amie, où allais-tu ?
Paule : Mais j'y allais ! Nulle autre part justement. Ah !… Nos yeux se croisent, nos pas…
Paul : Je t'accompagne ?
Paule : Nos pas s’emboîtent, avec plaisir ! Nous irons ensemble dans la direction même.
Paul : Allons-y ! Faire un bout de chemin avec toi, parfumée compagne, est un bonheur que j'aime.
Paule : Me balader en ta compagnie, doux ami, est un bonheur que j'aime.
Paul : Nos pas nous mènent.
Paule : L'air est doux et tes paroles tintent.
Paul : Ta voix, chère Paule, me caresse le fin fond des oreilles.
Paule : Huuum… Et là ? Où allons nous ? A droite ? A gauche ? Tout droit ?
Paul : Ma foi... Je n'en sais rien. De quel côté penchent les pieds ?
Paule : A droite.
Paul : Allons à gauche !
Paule : Ah ah ah !...
Paul : Ah ah ah !...
Paule : Comme tu fais bien...
Paul : Mais rien du tout, je t'accompagne.
Paule : Ah par exemple ! Nous voilà en haut des...
Paul : Marches ! N'es-tu pas essoufflée un petit peu ?
Paule : Mais oui... Laisse-moi m'asseoir.
Paul : A ta guise chère amie. Je pose mon derrière près de toi, j'ai aussi besoin de souffler.
Paule : Reprenons souffle !
Paul : Oui ! J'ai le coeur qui bat.
Paule : Oooh Paul, moi aussi mon coeur bat.
Paul : Nos coeurs battent.
Paule : Je prends, toute la mesure, là, en haut, de cet escalier, de ton amour.
Paul : Je respire à tes côtés Paule. Mes poumons se libèrent.
Paule : Mon foie est transparent, il me procure une joie limpide qui coule dans mes veines.
Paul : Mes reins rigolent.
Paule : Mes seins sigolent.
Paul : Mes mains...
Paule : Mes mains...
Paul : Donnons nous la main et continuons notre chemin.
Paule : Avec joie, Paul d'amour.
Paul : Paule d'amour, ta joie est la mienne.
Paule : Paul.
Paul : Paule.
Paule : Ma joie se mêle.
Paul : Ma joie se mêle.
Paule : A la tienne !
Paul : A la tienne !
Paule : A la nôtre !
Paul : Santé !
Paule : Nos joies mêlées débordent.
Paul : Suons, suons !
Paule : Dégoulinons de la peau.
Paul : Je suis en nage.
Paule : Apnée moi !
Paul : Je plonge chère trempée !
Paule : Rejoins-moi là.
Paul : L’eau est tiède, c’est le vomissement de Dieu.
Paule : L’air est frais et la terre brûlante.
Paul : Nous sommes sur un volcan, la boule de feu au centre.
Paule : Tout va brûler. Dansons dansons !
Paul : C’est le feu, c’est le feu !
Paule : J’embrase !
Paul : Embrase moi !
Paule : Embrasons nous, ami cher brûlant.
Paul : Feu !
Paule : Aaaah… Je ne sais plus si je suis encore vivante. Feu toi-même !
Paul : Aaaah… Je feu.
Paule : Feu Paul.
Paul : Feu Paule.
Paule : Où sommes nous ?
Paul : Mais toujours là, dans quel état…
Paule : Paul ?…
Paul : Oui ?…
Paule : Que vois-tu à la surface ?
Paul : Je vois des braises, des cendres, des feux follets et des animaux qui se chauffent.
Paule : Marcel !…
Paul : Marcelle !…
Paule : Ne veux-tu pas continuer à marcher ?
Paul : Oui. Où tes pieds te portent-ils ?
Paule : Hum… A gauche.
Paul : Allons à droite.
Paule : Bien vu ! Ainsi nous ne tournerons pas en rond.
Paul : Sans doute allons nous découvrir quelque chose d’inconnu.
Paule : Sûrement. J’allais me découvrir. Mon couvre-chef me pèse un peu là.
Paul : Mais il te va très bien, au vent le voile t’emporte.
Paule : Je me découvre cher et tendre ami de toujours. Comment me trouves-tu ?
Paul : Je ne t’ai jamais perdu de vue, tu le sais Paule. Et ton crâne où poussent ces cheveux rasés me fait chavirer. Je peux toucher ?
Paule : Caresse caresse !…
Paul : Ooooh… Comme c’est doux et dru à la fois.
Paule : Puis-je caresser tes cheveux longs et denses à mon tour ?
Paul : Avec plaisir Paule.
Paule : Comme c’est doux et fin.
Paul : Le soleil est à son zénith.
Paule : J’ai vu passer des nuages blancs dans le ciel bleu.
Paul : Je vois des passants et des voitures.
Paule : Il y a un endroit aéré là-bas.
Paul : Allons-y, nous nous allongerons dans l’herbe.
Paule : Oui, ce sera bien.
Paul : Oui.
Paule, Paul.
© Antoine Moreau, septembre 2003/2004
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Paule, Paul /3
Paul : Paule ? Toi ici ?...
Paule : Mais oui Paul ! Moi là ! Pourquoi pas ?...
Paul : Nous ne cessons de nous rencontrer par les temps qui courent au hasard des coins de rues, c'est toujours surprenant, non ?
Paule : Oui ! A chaque fois nous sommes pris par surprise l'un et l'autre.
Paul : Tu peux le dire... Je n'en reviens pas. Je me pose cette question : pourquoi en est-il ainsi ?
Paule : Là !… Alors là... Vaste question... Si je l'abordais, je m'y noierais. Je préfère rester au sec mon ami, passons passons...
Paul : Non non non chère amie aimée... Je me pose la question tout haut et par là même te la pose aussi à toi qui entends là : pourquoi en est-il ainsi ?...
Paule : Argh... Où veux-tu en venir ?
Paul : Qu'en sais-je ? Nous verrons bien.
Paule : Nous verrons quoi ?… Et… Hum… Verrons-nous aussi bien que tu sembles le vouloir au final ?
Paul : Faut voir... Bien, je ne sais... Bien, je suppose... Bien, on verra bien… Sans doute… "Sans doute" veut-il dire "sans aucun doute" ou bien "peut-être" ?…
Paule : Faut voir... Regardons voir un peu alors.
Hum...
Bon…
Bah…
Après réflexion… Comment dire ?… Soit !
D'accord mon bon ami ! Je me prête à l'exercice d’envisager la question qui te taraude. Celle-ci donc : "Pourquoi en est-il ainsi et pas autrement ?" Et j'ajoute : "Que verrons nous alors ?" et aussi : "Verrons nous alors bien ?" A toi de jouer.
Paul : Ah !... Grumpf… Mais voilà que tout se complique ! Chère Paule... Laisse- moi reprendre souffle, pfff pfff, et envisager le problème... D'abord, quel est le problème ? Quel est le problème que ces questions souhaitent résoudre ? Où est le problème ? Qu'est-ce qui se pose à nous comme problème ?
Paule : Ah !… Mais c'est toi Paul, toi qui pose problème ! Ma rolpa si je ne retrouve plus le fil de ce qui se trame là, m'enfin !… Gloups !… Paul !… Tu posas la question, souviens toi, que je me refusais à aborder. Tu m'y poussas de force, doux ami.
Paul : Aussi fort que l'amour que je te porte et qui m'emporte à te serrer dans mes bras, à t'embrasser chère, très chère Paule... De toutes mes forces.
Paule : Ah... que je t'aime Paul...
Paul : Tu le vois.
Paule : Oui mon ami cher, mon cher et tendre ami. La force de tes sentiments à mon endroit me renverse. Je m'offre à ton regard et ta vision je partage.
Paul : La tienne également je partage. Nos yeux voient au large un horizon formé d'infinies verticales. Il pleut et c'est le soleil. Nous apercevons un arc-en-ciel : que c'est beau !...
Paule : Pourquoi en est-il ainsi ?
Paul : Oui Paul... Pourquoi cela se passe ? Que se passe-t-il ? Ainsi fait.
Paule : Il se passe quelque chose entre nous, entre nous se dit quelque chose. Mais qu'est-ce que cela ? Qu'est-ce qui se passe ?
Paul : Ah Paule...
Paule : Paul...
Paul : Nos yeux, nos yeux !... Nous nous envisageons...
Paule : Sans nous dévisager...
Paul : Comme c'est bien dit ma chérie, oui oui, nous nous, envisageons sans nous dévisager. Ah !... C'est donc aussi simple que cela ?...
Paule : Oui, comme tout ce qui qui : est beau est simple.
Paul : Hé hé !… Tu as raison. Et cette beauté est simple parce qu'elle contient en son sein une complexité inépuisable de simplicités.
Paule : La beauté est riche en sa vérité dépouillée.
Paul : Vérité nue, crue et… couillue !
Paule : … ? Hein ?... Mais, Paul ! Quoi ?… Ah !… Ah ah!...
Paul : Ah ah ah !... J'allais te faire sursauter !... J'en étais sûr !…
Paule : Rompre le charme, oui !... Que je sache, ami, la vérité n'a pas de testicules. Si elle est courageuse jusqu'à la mort même, ce n'est pas par le poids des bourses, mais par la chair tout entière et qui porte l'esprit dans l'action. La vérité est nue, crue et sue. Elle s'abandonne à qui veut la prendre, offre à dévorer son foie et ruisselle d'amour insoupçonné.
Paul : Comme tu as raison !… Pardon chère amie aimée d'amour d'y avoir mis les glandes. La vérité n'a pas de sexe apparemment, elle y est tout entière.
Paule : Bon bon...
Paul : Es-tu contrite ?
Paule : Tourneboulée tout de même...
Paul : Ah... Mille pardons mille pardons Paule d'amour amour...
Paule : Accordé accordé.
Paul : Merci merci mille fois Paule Paule d'...
Paule : N'en parlons plus...
Paul : Non non non... Plus jamais ça... Comment ai-je pu faire cette imprudente couillonnade et par là te heurter et blesser ton coeur ? Pourquoi cela arrive-t-il ?...
Paule : Nous nous posons la question...
Paul : Oui...
Paule : Là est le problème...
Paul : Le problème est-il là alors ?...
Paule : Ce qui arrive, qui arrive comme ça et qui se pose là est de l'inconnu, une énigme en somme.
Paul : Mais nous ne sommes pas non plus tombés de la dernière pluie (comme on dit...) (On dit on dit…) (On dit si bien aussi : "l'arroseur arrosé".)
Paule : Non, en effet, nous ne sommes pas tombés comme la pluie du nuage. Nous en savons un rayon sur les astres, nous en connaissons tant et plus encore et tout le temps notre somme est considérable, pouvons dormir sur nos deux oreilles.
Paul : Oui ! Mais ! Ce qui pose problème et qui nous fait poser questions et envisager, chère et tendre et douce, solutions, n'est-ce pas justement ce que nous ne connaissons pas encore ?.... (Je sens qu'on approche, tends l’oreille...)
Paule : hum hum... Laisse- moi réfléchir deux secondes...
Paul : Plus, si tu veux.
Paule : Peux-tu répéter s'il te plait ?
Paul : Ce qui pose problème est ce que nous ignorons.
Paule : Hum hum... Oui oui... Alors...
Paul : Oui, ce serait ça en somme. Vois-tu ?
Paule : Vaguement vaguement...
Paul : Attention ! Paule ! Ne te laisse pas aller par la vague !... Attention !... C'est la noyade risquée !...
Paule : Oups !… Je vois des tasses à la surface flotter. Elles m'inondent ! Tout est trouble ! Transportée d'un bord à l'autre je suis. Des vagues m'emportent plus qu'elles ne me portent. A l'aide Paul !… Il y a-t-il bouées de secours ?
Paul : Oui ! Tiens ! Prends celle-là !…
Paule : Ah !… Merci mon ami, je flotte enfin mais mouillée je suis encore et j'ai froid. Me faut une embarcation pour me ramener à terre ! Paul ! Au sec !…
Paul : Oui ma douce, une bouée est d'un secours ponctuel. Largement insuffisant par le temps qu'il fait. Je m'apprêtais à t'inviter à monter dans…
Paule : Oh. !… Ouf !… Quel esquif !… M'y voici ! Comme il tangue tout de même… Mais me voilà sauve.
Paul : Oui ! N'oublie pas le gilet fluo ! Mets-le ! Qu'on te voie ! Il protège de la pluie et du vent froid aussi ! Il est gonflé d'air et si tu passes (ça arrive !…) par-dessus bord, tu resteras (Dieu merci !…), à la surface de l'eau. Car c'est aussi une bouée ce gilet !…
Paule : Paul… Je sens que je vais rendre…
Paul : Vas-y ma chère, cela te soulagera.
Paule : Voilà c'est fait… Ouf… Mazette… Me sens plus légère. Je respire. Vacille.
Paul : Repose toi, Paule.
Paule : Voilà… Je m'allonge. Aaah… Je sens l'océan devenir plat. Le vent fuit. Soleil !
Paul : Vois l'arc-en-ciel !…
Paule : Oui ! Comme c'est beau !… Je le vois avec précision. Ce n'est pas un mirage, ce n'est pas une illusion, c'est une courbe multicolore dans le ciel !
Paul : C'est ainsi.
Paule : Ainsi c'est beau.
Paul : Mais pourquoi ?
Paule : Oui, pourquoi ?
Paul : Pourquoi pas ?
Paule : Oui, pourquoi pas ?
Paul : On ne sait jamais.
Paule : Jamais on ne saura ?
Paul : Ca !… Se saurait…
Paule : Oui, on le saurait.
Paul : Et que sait-on ?
Paule : On le sent on le sent, mais le savoir…
Paul : Et que sent-on ?
Paule : La merdre !
Paul : Ah ah !… Ah !… Ah ah ah !…
Paule : Aaaahh !… Ah ah ah ah ah !…
Paul : Ooooohh… Ooooohh…
Paule : Morbleu !
Paul : Oooh ouiii… Mort bleue !… Mort mort mort !!!… Morbleu ! Mort de l'Inommable…
Paule : Aaahh… Pour quoi en est-il ainsi ?
Paul : Ainsi fait, c'est sûr ! Ca se sent ! Le sait-on ?
Paule : Oooohh… Paul chéri, nous le savons à ce point qu'il n'est besoin de le dire. Ce savoir là est inscrit dans la chair. Dés la mise à bas. Tombé de mère.
Paul : Souvenir souvenir…
Paule : Innomable qui prit chair et nommé loin.
Paul : Tellement loin qu'on le croit mort ?
Paule : Oui, c'est une croyance…
Paul : Mais alors ? Il n'est pas mort ?…
Paule : Mais non gros bêta !
Paul : La question se pose.
Paule : Disparu semble-t-Il.
Paul : Pardon ?
Paule : Il a disparu.
Paul : Mais de quoi tu parles ?
Paule : Le sais-je ?
Paul : Pourquoi est-ce ainsi ?
Paule : Ainsi soit-Il.
Paul : Ah !…
Paule : Oh !…
Paul : Hé !…
Paule : Hu !…
Paul : Hein ?…
Paule : Hein ?…
Paul : Hein ?…
Paule : Hein ?…
Paul : Rien…
Paule : Bon.
Paul : S'il n'y a rien, il n'y a pas lieu.
Paule : Mais oui !…
Paul : C'est ainsi.
Paule : Et pas autrement.
Paul : Car l'Autre ment.
Paule : Hé oui…
Paul : Il dit plage et pense vague, Il dit balai et pense manche, Il dit rladiladada et pense lalalère.
Paule : Hé oui…
Paul : Il dit vrai.
Paule : Il le dit vraiment.
Paul : Qu’entend-on ?
Paule : Ah mais !…
Paul : Ah mais dit donc !…
Paule : Il est là vraiment. Comment en serait-il autrement ? Il ne peut être perçu que par l'ombre de nous-même. Sa lumière.
Paul : Alors, que croire ?
Paule : Qu’il est impossible de mourir et penser la mort. Il n’y a que la vie. Il vit, tu vois.
Paul : Bon bon bon… Je ne sais que penser.
Paule : Penser est une chose, un gri-gri grisant. Seul aimer est vivant.
Paul : Oh… Chère et douce amie… Comme tu dis bien !… Amour-toujours… Ma ! N’y pensons plus !… Mais… Ne vois-tu pas ?… Nous nous éloignons du centre-ville. Où allons nous diriger nos pas maintenant ? Le soir tombe.
Paule : Nous continuerons notre discussion quand nous nous rencontrerons à nouveau par accident.
Paul : Oui ! Ce sera un choc aimable. Il arrêtera le temps qui court.
Paule : Nous ferons un bout de chemin ensemble. Peut-être nous assoirons-nous à une table pour prendre un pot ?
Paul : S’il y a une terrasse un peu en retrait de la rue, oui.
Paule : Et s’il ne pleut pas, oui.
Paul : Et s’il pleut, nous irons à l’intérieur.
Paule : Oui ! C’est une bonne idée ! J’aime entendre et voir la pluie tomber.
Paul : Moi aussi ! Ca tombe bien.
Paule : Et nous discuterons de je ne sais pas quoi.
Paul : Comment le savoir ?
Paule : Nous ne pouvons pas.
Paul : Nous verrons bien.
Paule : Oui, à bientôt Paul !…
Paul : A bientôt Paule !…
Paule, Paul.
© Antoine Moreau, septembre 2003/2004
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Paule, Paul /2
Paule : Ah ! Paul ? Est-ce bien toi que je vois là ?
Paul : Mais oui ! C'est bien moi ! Ne me reconnais-tu pas ?
Paule : Si si... Mais je ne pensais pas te trouver là...
Paul : Et pourquoi donc ?...
Paule : Je ne sais pas...
Paul : Bon... Si tu ne le sais pas, comment puis-je, moi, le savoir ?
Paule : Je ne sais pas. Et toi, que peux-tu savoir alors de ma surprise ?
Te trouver là, ici même, à cet endroit… Oui, j'ai été bien surprise. Tu peux supposer des raisons à mon étonnement...
Paul : Oui, sans doute... Mais pour quoi faire au juste ?
Paule : Faire connaissance justement.
Paul : Mais je te connais bien Paule ! Je te reconnais entre toutes. Et de loin... Je sens ton odeur. Tu fleures ma chère. Tu dégages un ouragan parfumé, il s'engouffre dans mes narines et empli mes poumons d'aise et ma cervelle bondit et mon corps tressaille et mon cœur, mon cœur... Oh oh... Je te connais bien Paule, entre toutes je te reconnais. Et de loin…
Paule : Oh Paul... Je ne pensais pas ainsi, par la voie nasale, entrer dans l'intimité de tes sens. J'étais à mille lieux d'imaginer me faire connaître par le parfum délicat que je mets chaque matin... Et moi qui peine à te voir et savoir si c'est bien toi, là, que je vois, là. Ah… Mes sens… Mon œil, mon nez, mes oreilles, ma peau…
Paul : Mais chère Paule... Ce n'est pas tant le parfum dont tu t'asperges au réveil que je sens, que ton odeur. Ton odeur ma chère... Tu fouettes de tous les pores sans qu'il ne te soit réellement besoin de beaucoup suer. Tu ne ruisselles pas, non non, mais ta peau si finement musclée est fortement musquée. Je te le dis : ça m'étourdis même avant que je ne t'aperçoive à l'horizon. Je sais que tu es dans l'aire. Je tourne la tête, je renifle par saccade et je vois quelqu'un là-bas, je sais que c'est toi quand mon nez pointe dans cette direction et m’y promène alors pour t'y retrouver. Mon pif est à toi ce que l'aiguille aimantée de la boussole est au nord. Je ne te perds jamais chère et tendre amie.
Paule : Oh... Paul... Je savais sentir un peu fort de là où ça ruisselle et c'est la raison de mes pshitt pshitt parfumés quotidiens dés le matin... Mais je ne pensais pas que je cocottais du corps entier à ce point et que mon parfum n'avait alors plus d'action du tout, que mon odeur reprenait le dessus et qu'elle arrivait à cogner ton tarin de si loin... Mais mais mais Paul... Tu as le nez hum… très sensible, non ?...
Paul : Peut-être, qui sait ?
Paule : Je le pense. Mes amis me disent souvent aimer bien mon eau de toilette, ils me demandent quelle marque c'est. Jamais ne m'ont fait de remarques sur mon odeur. La sentent pas.
Paul : Mais tu sais douce et enivrante amie, que j'ai le nez creux... Je sens les choses venir avant même que d'autres ne s'aperçoivent de leur présence. Et même !... Ce que je sens à mon organe titillé, fort comme un bouc, paraît inodore à la plupart... Et si je veux m'appliquer à faire sentir ce dont le creux de mon nez est empli, il me faut faire tout un discours et par l'haleine mentholée de ma bouche, rendre sensible, enfin, le blair petit qui trône au milieu du visage que j'ai face à ma face. Un nez naît alors quelques fois. Il s'ouvre au sens lentement.
Paule : La vie donnée n'existe que si et seulement si elle renaît au sens !... Je le devine bien Paul ami : le gouffre de ton nez détecte à la ronde les milles et une odeurs du monde, quand la nature donnée des nez nés se borne à la centaine au plus.
Paul : Ce qui n'est pas plus mal non plus... Beaucoup d'odeurs sont repoussantes et font vomir pour tout dire. M'approcher de toi, chère et douce et tendre amie, me garde du nauséeux. Bien qu'elle soit forte et puissante, ton odeur m'entête joyeusement sans me faire gerber !... Puis-je sentir dessous tes bras ?
Paule : Mais fait donc mon ami !
Paul : Ah !... Arc-en-ciel lumineux ! Tonitruant paysage ! Mer déchaînée ! Volcan surchauffé !
Paule : Comme j'aimerais avoir l'abîme de ton nez !... Puis-je m'essayer à sentir dessous tes bras moi aussi ?
Paul : Mais oui Paule ! Je t'en prie.
Paule : Hum... Oui ça sent... Ca sent... Oui...
Paul : Mais encore ?
Paule : Comment dire ?... Ca sent le dessous des bras.
Paul : Et...
Paule : Hum... Et les poils mouillés, oui...
Paul : Et...
Paule : Ca sent hum... Hum, ça sent...
Paul : Quoi ?...
Paule : Le dessous des bras quoi !...
Paul : Veux-tu essayer les pieds ?
Paule : Oui d'accord.
Paul : Alors ?
Paule : Ca sent les pieds.
Paul : C'est tout ?...
Paule : Hum... Ca sent Paul un peu fort des pieds même...
Paul : Oui ?...
Paule : Ca sent le coton de la chaussette et le cuir de la chaussure.
Paul : Ne trouves-tu pas que ça sent aussi le vin aigre, l'alcool de prunes, l'alambic 30 ans d'âge ?
Paule : Hum hum... Oui oui... Maintenant que tu me le dis... Tiens ! Sent mes pieds pour voir.
Paul : Hum... Mon cœur va éclater je le sens... Il bat à tout rompre chère mie tendre. Je deviens autre, tes pieds par l'odeur me transportent. Où suis-je, où suis-je ?
Paule : Que sens-tu Paul ?
Paul : Je ne me sens plus !... C'est inouï. Je ne me sens plus Paule !
Paule : Que sens-tu Paul ?
Paul : ... Je sens... Je sens... Je chavire, je tombe, je sens, je sens... Il y a de la racine de pin, il y a des plantes et des fleurs aux sèves acides, il y a de la corne de brume tiède, il y a des relents de lombrics qui suintent, il y a...
Paule : Tu me chatouilles !...
Paul : Veux-tu sentir ailleurs ?
Paule : Et si nous allions manger ?
Paul : Bonne idée, tous ces reniflements creusent.
Paule : Oui, mon estomac gargouille, il a besoin d'une bonne collation. Sais-tu où aller ?
Paul : Laisse moi sentir... Humpf humpf…Oui, par là, ça sent le bon repas.
Paule : Ne m'en dit pas plus, cher compagnon, j'ai la salive qui commence déjà à me venir à la bouche.
Paul : Embrassons nous !
Paule, Paul.
© Antoine Moreau, septembre 2003/2004
Copyleft : cette oeuvre est libre, vous pouvez la redistribuer et/ou la modifier selon les termes de la Licence Art Libre. Vous trouverez un exemplaire de cette Licence sur le site Copyleft Attitude
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Paule, Paul /1
Paule : Salut Paul !…
Paul : Tiens Paule !… Qu'est-ce que tu fais là ?…
Paule : Tu le vois, je me promène, je prends l'air.
Paul : Tu fais bien, moi aussi je quille un instant mon écran pour me dégourdir les jambes et voir quel temps il fait dehors. Prendre le temps, c'est bon, non ?
Paule : Oui, tu as raison mon cher ami, le temps devient aussi rare que notre espérance de vie devient longue. Mais qu'est-ce qu'une longue vie qui s'éternise si ette n'a le temps ?…
Paul : Je me le demande.
Paule : Moi aussi et me promener me fait prendre le temps comme je respire.
Paul : Que fais-tu en ce moment sinon chère et tendre amie ?
Paule : Je réponds à mes mails, je discute dans les forums, ah ah ! nous nous croisons souvent en ces lieux…
Paul : Oui !… Ah ah ah ! Il y a foule et je dois avouer que j'y passerais facilement mes journées à discuter avec les uns et les autres. Il y a de bonnes rencontres parfois, il y a quelques fois de bettes conversations... Mais ! A part te caler la tête dans le cyber espace, que fais-tu ?
Paule : Mais mon cher, je ris !… J'éclate de rire plusieurs fois par jour, ça me prend comme une envie d'uriner sec, c'est un vrai besoin, je te prie de croire !
Paul : Ah ah ah !…
Paule : Ah ah ah !… Je m'écroule, je suis tordue, pliée !…
Paul : Oh oh oh !…
Paule : Oh oh oh !…Mon ventre !…
Paul : Bon… Mais à part rire comme une canne, que fais-tu ?
Paule : Je te l'ai dit : je suis à l'ordinateur connectée toute la fnvagr journée plongée dans l'espace du réseau je traverse l'hypermonde en tout sens à en perdre la boule.
Paul : …
Paule : C'était l'an passé, j'ai basculé dedans l’espace-temps électronique, m'y suis fondue, devenu ma seule réalité entièrement de façon totale. Je ne mangeais plus ne dormais plus.
Paul : Mais tu ne m'en as jamais parlé…
Paule : Non non, je ne sortais pas de chez moi, chez moi c’est là où trône l'ordinateur connecté au réseau. Dans une pièce étroite, au bout d'une semaine, j'avais maigri de moitié et me lever pour marcher me semblait archaïque trop total, je ne le faisais que pour boire et atter au petit coin. Connectée tout le temps que j’étais je dormais sur mon clavier m'enfin au bout d'une semaine j'eus faim quand même. Me suis fait des nouittes.
Paul : Et alors ?…
Paule : Alors je me suis mise à manger et manger toutes sortes de choses précuites, de la nourriture facile et complaisante et j'ai passé une semaine calée face à l'écran en mangeant et j'ai grossi, j'ai engraissé.
Paul : Hum… Je n’ai pas le souvenir de t'avoir vue bouffie…
Paule : Meuh non… Je ne sortais pas. Une semaine entière à gonfler de partout en graisse motte du bide, des membres et je vomissais je vomissais... Jusqu'au jour, c'était un dimanche où j'ai gerbé sur mon clavier… Et là la cata! Ecran noir. Clavier HS. Me fallait sortir en acheter un neuf… Je ne pouvais marcher durablement tettement j'étais grosse je sentais mauvais j'étais sale et j'avais envie de dormir…
Paul : Alors ?…
Paule : Alors j'ai dormi. J'ai passé une semaine entière à ronfler comme une truie lasse. Une semaine à ne rien faire d'autre que dormir. Ne me levais que pour me faire des biscolles au beurre doux, boire du lait écrémé et atter aux toilelles. Je suais des litres pendant mon sommeil ! Je suais je suais !… Je maigrissais. J'avais envie de dormir,dormir, dormir . Je reprenais profil, perdais du poids, mon écran était éteint.
Paul : Je vois… Et après celle semaine marmolle ?
Paule : J'ai donc pu acheter un clavier neuf, suis sortie, j'étais fine, me suis reconnectée. Ma boîte aux lellres avait explosé. M'a fattu réparer les dégâts.
Paul : Hum… Me souviens d'un creux dans nos échanges e-mails, oui oui... Et tette que je te vois, chère et douce amie, tu es superbe, resplendissante à ce jour. Ce que tu m'as raconté me paraît incroyable.
Paule : C'est que, nous ne nous rencontrions que, sur le net et l'expression comme la communication a peu, à voir avec la réalité réette. Que transparaît de ce que nous sommes dans ce qui est visiblement la trace de nous-même ? Peux-tu me le dire ?
Paul : Je ne sais pas. Quelque chose d'autre sûrement. L'écart entre les traces et la réalité réette de celui qui trace peut être béant. Ca trompe l’œil terriblement, non ?
Paule : C'est toujours, il me semble, un sujet d'étonnement pour les sujets que nous sommes. L'expression est l’expression d'une étrangeté qui prend place et fait figure. La stupeur qui se dégage des falaises vues d'en bas pour cettes, qui comme moi, se promènent quand la marée monte est, oui, toujours un sujet d'étonnement.
Paul : Tu dis bien, oui.
Paule : Et toi, que fais-tu ?
Paul : Tu le vois, je me promène.
Paule : Ma parole ! C'est donc vrai ! Je m'en rends bien compte maintenant. Bien !… Mon cher ami, je suis heureuse d'avoir fait ce brin de causelle avec toi. Nous promener ensemble et avoir conversation est un bonheur.
Paul : A la bonne heure !…
Paule : A la tienne !…
Paul : Attons, continuons notre chemin.
Paule : Attons-y.
Paule, Paul.
© Antoine Moreau, septembre 2003/2004
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