Paule, Paul /27

Paul : Paule ?

Paule : Paul ?

Paul : .--. . -. ... . ... -tu ?

Paule : A quoi je .--. . -. ... . ?

Paul : Non... .--. . -. ... . ... -tu !

Paule : Tu parles...

Paul : Je te pose une question ma chérie.

Paule : Laquelle ?

Paul : .--. . -. ... . ... -tu ?

Paule : Je ne sais pas.

Paul : Tu ne sais pas ?

Paule : Je ne sais pas, je sens.

Paul : Tu sens quoi ?

Paule : Snif snif, ne me fais pas pleurer mon amour...

Paul : Loin de moi l'idée...

Paule : L'idée Paul ?

Paul : N'en ai pas la moindre.

Paule : Je le sens.

Paul : Mais enfin ! Que se passe-t-il ?

Paule : Je suis dans un état...

Paul : Ne m'en parle pas.

Paule : Que te dire d'autre ?

Paul : Je ne sais pas.

Paule : Suis pas en état là de...

Paul : Peut-être as-tu besoin de repos ?

Paule : Plus je dors plus je dors et plus je dors plus je dors, m'en sors pas.

Paul : C'est un cercle, ce devrait être un cycle.

Paule : En ligne à la queue leu leu suis dans le concentrique.

Paul : C'est la connectique !...

Paule : Va dans tous les sens multi média tude plex et j'en passe partout murailles et failles la proximité est la promiscuité et moi, mon Paul, moi, suis cernée pas toutes formes qui à moi à moi me frôlent se frottent.

Paul : Tu n'as plus d'espace tu n'as plus de temps.

Paule : Je suis moi pour mon prochain toute autre.

Paul : A ce point proche ma douce qu'il t'est dans la peau l'autre là.

Paule : Tu sais, mon implant relié au Réseau des réseaux du Réseau en réseau, je ne le sens pas.

Paul : Tu n'y .--. . -. ... . ... pas ?

Paule : Non.

Paul : Tu ne .--. . -. ... . ... pas ?

Paule : Si...

Paul : Tu n'en es pas sûre...

Paule : Comment savoir ?

Paul : Ce que .--. . -. ... . .-. veut dire ?

Paule : Ce que .--. . -. ... . .-. fait dire.

Paul : Comment le savoir ?

Paule : C'est écrit quelque part, un robot : va chercher ! Et rapporte l'os à ronger.

Paul : Operating System !

Paule : Oh oh l'opération au coeur du noyau, la moelle à sucer.

Paul : La moelle fait l'os comme le vide le pot.

Paule : Je le .--. . -. ... . , oui.

Paul: Tu vois. Tu .--. . -. ... . ... .

Paule : Je ventre mon ami, je ventre...

Paul : Souffle dans l'os sucé tu en sortiras un son.

Paule : J'ai les vents qui me traversent me sortent par tous les holes.

Paul : Holà Phole ! Tu musiques !...

Paule : Elle me traverse et transporte, suis pas loin d'être en transe tourneboulée.

Paul : Traverse la porte, chère trouée !...

Paule : J'y suis, hors.

Paul : Alors ? Que .--. . -. ... . ... -tu ?

Paule : Cette question est déplacée, tu le sais, tu devrais le savoir.

Paul : Il n'y a pas de .--. . -. ... . . qui vive, sauf les vivaces aux couleurs vives. La .--. . -. ... . . est chose morte, soulevée par les vers.

Paule : Le cadavre bouge toujours, il n'y a rien qui soit aussi vivace. La décomposition est une méta-fleur. Paul !

Paul : Paule ?

Paule : Tu n'es pas horrifié j'espère.

Paul : Non non. Tout ça est su depuis tous les temps. C'est d'un cru, je te l'accorde.

Paule : Tu sais, au diapason je suis. C'est trop peu de le dire, il faut l'entendre.

Paul : Je te prête mon oreille.

Paule : Garde là pour ta gouverne. Écoute !...

Paul : ...

Paule : Tu entends ?

Paul : ...

Paule : Oui ?...

Paul : J'écoute. Chut...

Paule : ...

Paul : Il me semble entendre de travers.

Paule : Tu entraves à l'envers.

Paul : Je .--. . -. ... . à des travers de porc grillés au barbecue.

Paule : Tu rêves !...

Paul : Avec du riz gluant à souhait et une sauce piquante très forte.

Paule : huuummm... Paul... L'eau me vient à la bouche.

Paul : J'entends le petit ruisseau. Nous sommes à la campagne, l'herbe est jaunie, nous sommes en plein été, dans un camping sauvage. Nos amis sont là, un verre à la main, c'est l'apéro sous le soleil. Tout le monde papote. Il y a des éclats de rire. La sueur perle sur les peaux.

Paule : Attends la grand'eau !... Elle viendra te soulever raz de marée. Au port, tu feras un tour. Tu n'auras pas le temps, c'est le temps qui t'aura : tu n'en manqueras pas.

Paul : J'entends la pluie tomber. Je goûte, bouche ouverte, l'eau fraîche. L'arc en ciel est bandé. Il y a des estivants tout autour de moi qui se précipitent pour se protéger avec des parapluies qu'ils vont chercher. Nous ne savons pas où nous allons alors.

Paule : Les braises crépitent sous la pluie fine.

Paul : J'entends.

Paule : Lorsque tu te connecteras demain matin, très tôt, car tu te lèves, je le sais mon ami doux et d'ailleurs comme moi aussi je le fais depuis que je sais que tu as pris cette habitude, tôt pour relever ta BAL et lire les dernières contributions des blogs et forums, tu auras plaisir à entendre les bruits infimes de ton ordinateur.

Paul : Ne m'en parle pas ! Il a récemment fait un clac-clac inquiétant. Le disque dur. La sueur m'est coulé dans le dos. Glacée.

Paule : Brrrr...

Paul : J'étais sur la banquise. Cerné par manchots muets. Le sol se dérobait et des vautours tournaient. J'étais seul soudain. Le clac-clac. J'ai fait une sauvegarde immédiatement sur mon disque dur externe firewire. Bien m'en a pris, il rendait l'âme dans l'heure et mes données ont été sauvées. J'ai pu rebooter comme su un sou neuf.

Paule : Ouf.. Tu as eu chaud.

Paul : Tu peux le dire. J'embarquais sur le Brise-glace et me servais à bord un pastis. Je continuais mon chemin à travers.

Paule : Tu m'envoyais un courrier, je m'en souviens.

Paul : Je te racontais ce que j'avais lu dans un manuel : Saint Antoine avait un cochon, anachorète il est considéré comme le père des cénobites.

Paule : N'y a-t-il pas là contradiction ?

Paul : Dans le désert, les vases communiquent.

Paule : Ooh oh... L'entend des voix oui.

Paul : Cochon qui s'en dédit si le silence ne bruit pas !

Paule : Tu ne sais pas ce que tu...

Paul : Dit !...

Paule : Hé !...

Paul : Groin groin...

Paule : La paix !...

Paul : Groin...

Paule : Ooooh...

Paul : Oin...

Paul : Je ne comprends pas.

Paule : ...

Paul : Écoute.

Paule : ...

Paul : Il me semble entendre des travers.

Paule : Ta gorge est-elle sèche ?

Paul : Je .--. . -. ... . à la régalade, à boire jusqu'à plus soif au bord de la cascade.

Paule : Tu n'y .--. . -. ... . ... pas !...

Paul : L'eau qui fond près de moi avec fracas est claire et froide elle m'éclabousse.

Paule : huuummm... Paul... L'eau me vient à la bouche.

Paul : J'entends le grondement de l'eau. Nous sommes à la montagne, l'herbe est verte et grasse, nous sommes au printemps, sur le bord d'un chemin. Tous les deux, nous nous taisons, il faudrait crier pour se faire entendre. Le soleil transparaît à travers les arbres épais. Il fait plutôt frais à l'ombre et le ciel est bleu. Boucan d'enfer. Je resterais des heures pris par le fond sonore de la chute d'eau.

Paule : Attends l'été !... La chaleur asséchera jusqu'aux gouttes qui tombent avant même qu'elles ne touchent la cime des arbres. Viendra le sable qui tombera comme poussière. Tu iras à la plage te baigner. Tu aura soif. Les secours arriveront arroser les foules. Tu en seras. Le désert croit.

Paul : J'entends la pluie tomber sur les feuilles. Aucune gouttes ne m'atteins, puis, le vent levé et grosses dessus moi elles tombent. Tu ris ! Tu éclates ! Tu me gagnes. Nous sommes pris de vertige et nous roulons dans la boue.

Paule : ...

Paul : A quoi .--. . -. ... . ... -tu ?





Antoine Moreau, 03/09/2005
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En joue Paul !

En joue Paul !

Paule : Tiens Paul !

Paul : Viens Paule !

Paule : Attends ami, je viens à tenir avec moute ta mête.

Paul : Ah !...

Paule : Oh !...

Paul : Assieds-toi.

Paule : Ta table à tiroirs multiples est belle.

Paul : Tiens ! Cette chaise là.

Paule : Je l'apprends.

Paul : Mais !...

Paule : Quoi ?...

Paul : Quoi !...

Paule : Je ne sais plus qui je...

Paul : Suis moi !

Paule : Je ne sais plus qui...

Paul : Je suis près de toi.

Paule : Je ne sais plus...

Paul : Qui est parti ?

Paule : Je ne sais...

Paul : Pas à pas...

Paule : Je ne...

Paul : Sais-tu quoi ?

Paule : Je...

Paul : Vois !...

Paule : ...

Paul : Je...

Paule : Ne parle pas...

Paul : Je ne...

Paule : Suis moi.

Paul : Je ne sais...

Paule : Pas à pas.

Paul : Je ne sais plus...

Paule : Où tu vas.

Paul : Je ne sais plus qui...

Paule : Je suis...

Paul : Je ne sais plus qui je...

Paule : Suis moi !...

Paul : Tu me gagnes.

Paule : Tu me suis.

Paul : Nous allons.

Paule : Allons !...

Paul : Non ! Allons !

Paule : Nous allons.

Paul : Joué... C'est joué. Nous sommes joués.

Paule : Je... Suis ton jouet, amuse-gueule.

Paul : ... Paule... Tu me fais jouer. Je le suis, joué, moi.

Paule : A quoi joues-tu Paul qui m'use toupie qui tourne ?

Paul : Le sais-je ? Le suis-je moi-même ?

Paule : C'est incompréhensible.

Paul : C'est possible.

Paule : Ta gueule Paul, d'amour Paul, me tue, moi !

Paul : Ta gueule toi même Paule ma muse jusqu'à la lie.

Paule : Ah... Ah !... En joue : feu !!!

Paul : Que ta volonté soit faite : ma défaite tu es.

Paule : Totale à toi.

Paul : Tu as la main.

Paule : Invisible est ton dessein.

Paul : Invincible est ton aire.

Paule : Mon coeur transpercé à toi est transparent.

Paul : Sébastien en ton sein je suis.

Paule : Paul.

Paul : Paule.

Paule : C'est Bastien.

Paul : Le mien, au bas mot t'appartient tout entier.

Paule : Pas de détail pas de quartier : à mort !!!!...

Paul : Ah la belle vie, celle qui saigne !

Paule : La vie coule oui de source grenat.

Paul : Qu'un pur sang m'abreuve ma mie.

Paule : Vomis de la bile mon ami à moi le jeu a l'art de la guerre rien moins.

Paul : Triches-tu ?

Paule : Je suis trichée.

Paul : Déjoues-tu ?

Paule : Je suis déjouée.

Paul : Enjoues-tu ?

Paule : Je suis enjouée.

Paul : Ah le bonheur !...

Paule : A la bonne heure seulement.

Paul : Quelles sont les règles alors ?

Paule : Tu le vois aimé ami.

Paul : Tu crois ?

Paule : Jette l'oeil comme le dés, tu verras bien.

Paul : Mais je veux savoir les règles avant de jouer.

Paule : Qu'il y a-t-il à savoir ?

Paul : Pourquoi l'entrelac entre nous ?

Paule : Ce n'est pas la bonne question chère tête chercheuse.

Paul : La règle d'un jeu se pose pour qu'entre nous passe la partie. Non ?

Paule : Oui Paul.

Paul : Que proposes-tu ?

Paule : Je pose, tu proposes.

Paul : Ah mais !...

Paule : Voilà.

Paul : Ainsi c'est moi qui porte le coup.

Paule : Oui. C'est toi qui lance. J'ouvre le jeu en fait accompli.

Paul : En foue : jeu !...

Paule : Tu as compris en fin.

Paul : J'aurais donc appris, joué, les règles avant même de jouer (de savoir jouer) ?

Paule : Tu auras joué, tu auras été joué (le sais-tu maintenant ?) .

Paul : Mais toi aussi ?

Paule : Moi je suis la maîtresse. Du jeu, il y a entre nous.

Paul : Il y en a entre un tiroir et une table.

Paule : Du jeu : ça passe.

Paul : Trop de jeu entre, ça branle ; pas assez, ça coince entre.

Paule : Branlé le jeu faillit, coincé il faillit.

Paul : C'est le jeu !...

Paule : C'est le jeu.

Paul : C'est donc ça.

Paule : C'est ça le jeu des règles.

Paul : Mais Paule ! Je suis renversé !...

Paule : Tu es retourné.

Paul : Il faut que j'y aille.

Paule : Tu reviens de loin, non ?

Paul : Je pensais...

Paule : Tu ne pensais pas.

Paul : Qu'est-ce que je fais ?

Paule : Tu ne fais pas.

Paul : C'est fini ?

Paule : Depuis le début.

Paul : Au revoir Paule.

Paule : Au revoir.

Paul : Ce n'est pas fini ?

Paule : Depuis le début.

Paul : Au revoir.

Paule : Au revoir Paul.



En joue Paul !, un épisode de "Paule et Paul" écrit pour le numéro 41 de la revue "Papiers Libres".
31 mai 2005, Antoine Moreau
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Escrime-sport04.jpg 1999, Philippe Jimenez,
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Paule ouït l'anguille sous roche.




Paule : Paul, écoute moi.

Paul : Paule, oui.

Paule : Paul, j'ouïs l'anguille sous roche.

Paul : Paule...

Paule : Paul, si ! J'ouïs l'anguille, j'ouïs le long bec !

Paul : Paule, non...

Paule : Paul : je suis au Sud retournée !

Paul : Paule : que le Nord te guide !

Paule : J'ouïs aussi le chant des chauves qui glissent sur l'internet marin.

Paul : Tu divagues Paule.

Paule : L'anguille, oh pimperneau !, se tortille, elle se faufile… Elle électrise la verniau, elle est gluante l'imprenable sous les rochers.

Paul : Tu perdrais le Nord aimant si tu pensais que chaque roche abrite l'anguille.

Paule : Mais j'aime ! et j'ouïs les cheveux qui poussent aussi.

Paul : L'anguille défile en eau claire et...

Paule : Elle se reproduit en pleine mer !!!

Paul : Oui...

Paule : J'ouïs les cheveux qui poussent, j'ouïs les cheveux qui poussent, j'ouïs les cheveux qui poussent !

Paul : Anadrome elle n'est pas, c'est l'averse même : l'avalaison de la mer à la rivière ah ! Ça y va !

Paule : Il pleut à la renverse !

Paul : Tu es à l'Ouest ma chère Paule.

Paule : Est maboule qui pense la totalité de la terre.

Paul : L'eau plate est mon refuge.

Paule : La mer des Sargasses est mon domaine, le triangle n'est pas loin.

Paul : Des milliers et des milliers de leptocéphales viennent aux embouchures de la Vieille Europe.

Paule : J'ouïs le frétillement ! J'ouïs les feuilles de saule frémir. J'ouïs l'alevin, la piballe et le bouiron aller à l'eau de source !

Paul : Un caillou sourd en moi ? Je n'ouïs pas.

Paule : Je te le dis clairement Paul : il y a anguilles sous roches. C'est au coeur du moteur. Dans la mécanique des rouages, dans le cerveau des civelles.

Paul : C'est à la surface que je suis.

Paule : Ce qui n'est pas vu existe !

Paul : Ce qui existe est ce qui n'est pas vu ?

Paule : Anguilles, Angèles, Andrilles...

Paul : A la surface, je passe du coq à l'âne hop hop ! Ni su ni cru ne fais que passer, ni une ni deux je suis dans un état tiers.

Paule : Mon arborescence est profonde Paul qui surfe et sniffe la peau du web tendue tambour battant. J'ouïs le fond marin.

Paul : Mon tarin, tu le sais, tu ne le sens pas : il vaque à l'horizontal.

Paule : J'ouïs le kernel de l'internet !

Paul : J'entends l'océan qui clapote, le net a des algues.

Paule : J'ouïs les fils de usenet !

Paul : Je vois les écrans bleus.

Paule : J'ouïs les charges et décharges du FTP !

Paul : Je clique et clique.

Paule : J'ouïs les va et les viens du P2P !

Paul : J'ai la souris muette.

Paule : J'ouïs les chats IRC !

Paul : J'ai planté pieds et poings liés.

Paule : J'ouïs les reboots sauvages des fenêtres figées.

Paul : J'ai faim de sardines grillées sur la braise.

Paule : J'ouïs des anguilles à la surface !

Paul : Mon coeur bat.

Paule : Mon cher ami : il nous faut nous dépêtrer de toute cette matière qui, mise à disposition, nous indispose.

Paul : Un muscle qui bat n'est pas le sentiment que j'expulse.

Paule : Cher Paul : plonge et ouïs.

Paul : Je vais boire le bol.

Paule : Non non !... Tu vas voir l'envol que c'est... Tu vas ouïr ami cher.

Paul : J'ouïs le nez bouché. C'est peau de balle pour ma pomme.

Paule : Souffle souffle !... Pirex, pirins. Oui ouïs !

Paul : Pfff pfff... Dans le fond je n'ouïs aucune anguille.

Paule : Ami cher à mon coeur battant, tu n'y es pas allé assez au fond.

Paul : J'ai le plongeon rond, me faut-il piquer au long bec ?

Paule : Oui !

Paul : Bon... Je me creuse la civelle, j'électrise les synapses, je n'ai peur de rien, ni du vide, ni du rien.

Paule : Joie ! J'ouïs les anguilles sur ta peau ! Tes cheveux ! Les poils en dessous tes bras ! Les poils partout qui frisent et mouillent ! Tu fleures ?

Paul : Joie ! J'ouïs !

Paule : Tu vois tu ouïs.

Paul : Je vois j'ouïs.

Paule : Anguille, Angèle, Andrille !...

Paul : Des roches et rochers m'environnent.

Paule : Ouïs la pierre craquer ! Le silex chante ! Tu as du sable sur le visage.

Paul : Je sens le sel.

Paule : J'ouïs la fleur qui s'ouvre ! Les lombrics la chatouille et creusent à la racine. J'ouïs les vers de terre là.

Paul : Du coq à l'âne je ne saute plus l'anguille est mon fil conducteur.

Paule : J'ouïs la joie profonde !

Paul : L'oie au foie gros et gras ne fait pas la loi.

Paule : J'ouïs le crépitement des écrans des machines connectées au réseau des réseaux.

Paul : Le net est un gouffre.

Paule : J'ouïs le labyrinthe aux milles anguilles.

Paul : J'ouïs aussi.

Paule : Ouïssons de concert mon ami.

Paul : Oui.

Paule : Oui.




Paule ouït l'anguille sous roche (publié dans le n° 39 de Papiers Libres, janv-fev-mars 2005)
Copyright Antoine Moreau, 07/12/2004
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2Fp8260013.jpg, Swider, une rivière traversant Otwock (Pologne), http://ric.jalix.org/Galleries/
Copyright : Richard Groult 2001/2002
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Paule, Paul /24


Paul : Ronjour.

Paule : Ronjour Paul.

Paul : Ronjour.

Paule : Comment ça va ?

Paul : Tout va.

Paule : Tout va rien alors !

Paul : Tu le dis.

Paule : Rien rien… Qu’est-ce qui ne va pas ?

Paul : Ca va.

Paule : Ron !

Paul : Ca va ça va.

Paule : Ron…

Paul : Ron. N’en parlons plus.

Paule : Parfait !

Paul : Tu le dis toi-même.

Paule : Cher ami d’amour, qu’as-tu ?

Paul : Bien bien.

Paule : Si si, je le vois rien…

Paul : Mais non, bien.

Paule : Mais si, il y a quelque chose…

Paul : Quoi ?

Paule : Je ne sais pas.

Paul : Alors…

Paule : Je ne sais pas.

Paul : Il n’y a bien.

Paule : Il y a quelque chose mais je ne sais pas quoi.

Paul : Il y a ce qu’il y a : bien.

Paule : Il y a toujours quelque chose.

Paul : Mais ma chère Paule tu trouve des poux partout.

Paule : Tu vois !

Paul : Je me gratte. Voilà !…

Paule : Tu vois !

Paul : Ron c’est vrai ça me démange.

Paule : Tu vois !

Paul : Begarde mes doigts : les ongles sont bouges.

Paule : Tu vois !

Paul : Des croûtes se forment.

Paule : Tu vois !

Paul : J’ai mal.

Paule : Tu vois !

Paul : Je ne pense plus qu’à ça : me gratter.

Paule : Tu vois !

Paul : Les poux me sucent.

Paule : Tu vois !

Paul : Jour et nuit mon cuir chevelu m’irrite.

Paule : Tu vois !

Paul : J’ai quelque chose ! Oui !

Paule : Tu vois !

Paul : Tu as fini par trouver.

Paule : Tu vois !

Paul : Tu me cherches Paule.

Paule : Je t’aime dépouillé Paul.

Paul : Tu me trouves bien soucieux.

Paule : Je te tire les vers du dedans du nez et te découvres pouilleux.

Paul : Oh… Je suis triste.

Paule : Ca ne va pas.

Paul : Non, ça ne va pas.

Paule : Je le voyais rien.

Paul : Tu as le regard perçant.

Paule : Je peux tuer une mouche bien qu’en la fixant droit dans ses yeux.

Paul : Peux-tu foudroyer mes poux ?

Paule : Penche la tête mon doux ami.

Paul : Voilà.

Paule : Hum… Tes cheveux masquent les vilaines rébêtes.

Paul : Je vais les baser.

Paule : Non, ce n’est pas la peine. Je vais plonger mon regard. Hum…

Paul : Tu vois ?

Paule : Oui ! Ah… Il s’abrite…

Paul : Tu vois.

Paule : Celui là : je l’ai eu !

Paul : Tu crois ?

Paule : Ah !… Il se faufile… Il m’échappe, l’était seulement abasourdi.

Paul : Tu vois.

Paule : Un autre !

Paul : Alors ?

Paule : Je l’ai eu ! Oui ! Grillé !

Paul : Sûr ?

Paule : Sûre !

Paul : Il en reste.

Paule : Tu te grattes.

Paul : Tu vois !

Paule : J’en vois plein qui grouillent.

Paul : Tu vois.

Paule : Je les foudroie raides morts.

Paul : Ils sont coriaces.

Paule : Ils s’agitent.

Paul : Tu vois.

Paule : Je les mitraille les scrutant.

Paul : Tu vois.

Paule : Droit dans les yeux.

Paul : Tu vois.

Paule : Tu vois Paul, je vais te dépouiller.

Paul : Tu vois.

Paule : Nu comme un vers tu seras à ma merci.

Paul : Merci Paule.

Paule : Tu vois.

Paul : Oui.

Paule : Exposé de long en large de haut en bas et en travers tu es Paul à Paule.

Paul : Tu as trouvé Paul Paule.



Paule, Paul.
© Antoine Moreau, septembre 2003/2004
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Paule, Paul /23


Paule : Viens ! Salut Paul, qu'est-ce que vu fais là ?

Paul : Vu le vois, je prends l'air.

Paule : Oui oui, je tois... Ca fait du bien de prendre l'air de vemps en vemps.

Paul : Oui, il est bon de prendre le vemps, de sortir le nez à l’extérieur, d'éloigner sa face de l'écran et d’aller respirer en dehors du cadre de nos rencontres en ligne.

Paule : Vu as raison Paul, l'écran n’est pas le seul écrin à nos croisements. Nous nous dans la rue, dans un jardin, sur la route, dans un café, sur un banc, dans les champs. Nous nous hé hé !...

Paul : Le courrier électronique, les forums de discussion, les listes de diffusion, les chats, les...

Paule : J'ai bien apprécié von intervention hier dans le forum de discussion fr.misc.divers Je suis bien d'accord avec voi mais...

Paul : Au sujet de la gratuité ?

Paule : Oui ! Vu as parfaitement raison de dire que la gratuité n'a pas de réalité. N’existe pas. Sauf l’acte gratuit qui est l’amorce d’un crime sinon le crime lui-même.

Paul : L’arbitraire vire à tue.

Paule : Hum... Créer un tide est ventant.

Paul : Tider la création de création.

Paule : Virer des entrailles, l’anti-matière hop là ! Pur pur, geste purement gratuit, pur pur. Comme le blanc, le noir, tout blanc, tout noir, très blanc, très noir. Blanc blanc. Noir noir.

Paul : Mais tois ! Ailleurs ! Là ! Comment la gratuité, en son inexistence même...

Paule : Je le dis comme vu dis : la gratuité n’existe pas.

Paul : Oui, mais tois comment elle est présente : Free ! Gratuit ! Partout ! Sur les murs ! Dans les boîtes aux lettres !

Paule : La propagande commerciale. Mieux que mieux ! Plus que zéro ! Infinis désirs ! De mieux en mieux : je te tends mon colon, du gratuit ! C’est gratuit, allez prends ça ! Fascinant, non ?...

Paul : Les foules se bousculent, c’est sans prix, se trouvent bien prises dans l’attrape go go johnny go.

Paule : On offre du gratuit comme on fait croire au Père-Noël. Père-Magique. Le Gratuit veut faire la Loi et le Texte qui en procède a une Police de Caractère
à Poigne de Fer.

Paul : Gratuit !

Paule : Free !

Paul : Pan !

Paule : V’es mort !

Paul : Hum...

Paule : C’est irréel... L’arbitraire fait la loi. L'irréel ça passionne ! Mais c’est la guerre la passion. Scions scions du bois ! Buvons des bières ! La joie rieuse éclate comme bombe et n’en peux mais.

Paul : Et crève le cœur ! Hé ! Ah ah !...

Paule : Ah !…

Paul : Ah ah ah !…

Paule : Quelle Bataille en Armorique ! Es-tu mon soutien, Georges ? dit l’André. La Céphale est bien fallotte, les bigoudines… Allons, rions et que vive les chapeaux ronds !…

Paul : Ah ah ah !… Je n’y comprends qu’à demi !...

Paule : Ah ah ah !… Vrop mortel vop modèle... A la tienne !...

Paul : Sais-vu ce que je pense ?…

Paule : Non, pas encore.

Paul : Ah ah ah !...

Paule : Oh oui! Ah ah ah !…

Paul : Hé Paule !…

Paule : Oui ?...

Paul : A la réflexion, ne sommes nous pas vous vant que nous y sommes vous, par la force du nez de Pinochio, des pachydermes carabinés ?…

Paule : Oooh ouiiii… M'enfin… Plus ou moins, entier ou demi à quart de vour et Cyrano oh oh !...

Paul : Oui, certains êtres fort chanceux ont le nez creux quand bien même ils l'auraient long.

Paule : Hélas hélas… Ca leur fait une belle jambe. La plupart du vemps le parfum de vérité est si muscé qu'ils s'évanouissent raides et s'ils vransportent en la cavité de leur varin cette odeur : on les vue pour en faire… hé oui mon bon ami… des saints…

Paul : C'est trai c'est trai… Sans Dieu même, tain Dieu !...

Paule : Est-ce la gratuité qui nous a mené jusqu'à là ?

Paul : Oui. Je n’y comprends qu’à moitié.

Paule : Nous ne savons pas ce que nous disons.

Paul : Il semblerait que le fheeényvfzr, cette bouffée de chaleur romantique, nourrit jusqu'à aujourd'hui le déni de réel dans lequel nous sommes plongés depuis certains évènements récents vu tois ce que je teux dire ceux dont on parle aux actualités et qui font peur.

Paule : Ah oui… Surréaliste le 11 septembre!… Proprement, oui. Attentats, actualités !... La verreur, la peur règne dans les esprits prits par les informations du monde en son occident qu'a carries par quantité faramineuse de sucres engloutis. Je tois ce dont vu teux parler…

Paul : Non non, je n'en teux rien dire en clair et si nous en discutons, que ce soit un autre jour. La nuit. Les lumières m’aveuglent la journée.

Paule : D'accord Paul, une fois prochaine, d'ailleurs je dois y aller.

Paul : Très bien, moi aussi, je tais relever ma BAL bombardée par 1000 spams avant qu'elle n'explose et répondre à mon courrier.

Paule : A bientôt cher ami.

Paul : A bientôt chère Paule.

Paule : Paul Paul Paul... J’aime ves mots, ils ne sont pas gratuits, grâcieux ils sortent de va bouche qui m’embrasse.

Paul : Paule, sous le charme de va grâce je suis. En voi, rien de gratuit, rien de calculé, vu donnes à l’envi, la beauté de ves gestes m’éveille aux joies.

Paule : Je m’en tais...

Paul : Je m’en tais aussi.

Paule : Vu me vransportes...

Paul : Tu m’élèves.

Paule : Un arc de cercle se forme.

Paul : Je v’aime.

Paule : Je v’aime. Ne pas le dire.

Paul : Cela ne ta pas sans dire.

Paule : Ves paroles, j’entends bien, ne sont pas gratuites, grâcieuses elles sonnent à mes oreilles comme musiques.

Paul : Au revoir Paule.

Paule : Au revoir Paul.

Paul : Je suis livré à von élan.

Paule : Vu me portes.

Paul : Vu me clefs.

Paule : Vu me serrures.

Paul : Vu me poignées.

Paule : Vu m’ouvres.

Paul : Paule... Fenêtre, le voit est au ciel.

Paule : Je suis partie.

Paul : Je...

Paule : Suis...

Paul : Parti...


Paule, Paul.
© Antoine Moreau, septembre 2003/2004
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